[typo] Re: Tirets

[Nicolas Larderet <n.larderet@xxxxxxx>]

Décidément, cette question m'intéresse.

Je suis allé voir – toujours dans Google Livres – la première édition du 
Barbier de Séville (1775). Je me suis dit que l'importance des dialogues 
dans les pièces de théâtre pouvait faciliter la recherche.

Surprise : les dialogues sont tous marqués par des tirets, mais ils ne 
semblent pas être faits dans la même fonte, ils ont l'air plus 
"artisanaux". En outre leur longueur est variable, et il n'y a pas de 
retour à la ligne.
Voir ici, page 17 : 
http://books.google.fr/books?id=eI0HAAAAQAAJ&printsec=frontcover&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false
Il serait intéressant de trouver la première édition de l'Eugénie 
publiée 8 ans plus tôt, pour comparer...

D'après les différents imprimés que j'ai vu sur Google Books, tout se 
passe comme si l'on avait :
- D'abord le tiret du dialogue vers 1775 ou avant
- Puis le tiret d'incise avec un seul tiret positionné après une virgule 
ou un point virgule, l'incise se terminant avec la phrase (constaté dans 
 un exemplaire de la Revue des deux Mondes en 1836)
Voir ici page 514 : 
http://books.google.fr/books?id=JAAoAAAAYAAJ&pg=PA484&dq=lorenzaccio&hl=fr&ei=JqyATKjQA4vDswaQ292nBw&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=1&ved=0CCsQ6AEwADgU#v=onepage&q=lorenzaccio&f=false
On le voit également page 513 : « tome v. -- 1er mars 1836 ».
– Enfin, autour de 1860, les deux tirets d'incise, à ceci près qu'ils 
sont renforcés de virgules.

C'est à croire que les manuels et guides de typo n'ont fait qu'entériner 
une pratique déjà ancienne...

En espérant avoir pu vous aider,

NL

Jacques André a écrit :
> Une récente discussion sur le blog du Monde « Langue sauce piquante » a 
> [eu] lieu sur les tirets : 
> http://correcteurs.blog.lemonde.fr/2010/09/01/le-cadratin-—-dans-tous-ses-etats/ 
>
>
> Elle m'amène à me reposer la question de savoir de quand datent ces 
> tirets demi-cadratins et même cadratins qu'on a tendance à croire vieux 
> comme Mathusalem ou du moins Gutenberg ou Alde Manuce.
> En fait ils n'existent pas au XVIIIe siècle, du moins ni chez Fertel 
> (1723), ni chez P.S. Fournier (1764-1768), ni chez Momoro (1789), ni 
> chez Quinquet (an VII). Ni dans les divers livres de ce siècle que j'ai 
> pu regarder. Seuls existent la division (trait-d'union) et le « moins »
>
> Au XIX, toujours pas de tirets chez Jules Didot (spécimen de 1819).
> En revanche, Henri Fournier, dans son Traité de l'imprimerie, édition de 
> 1825, parle du signe « moins ou tiret » (qui a une chasse d'un cadratin) 
> comme « le signe de l'interlocution. Il donne de la rapidité au 
> dialogue, en le dégageant de ces mots parasites qui gènent l'écrivain et 
> le lecteur, tels que "ajouta-t-il, reprit-elle", etc. On s'en sert aussi 
> quelquefois dans les titres et dans les sommaires, comme d'une 
> séparation plus marquée que le point seul.  ». Mais pas vu d'emploi pour 
> les incises.
>
> En 1857, même chose dans le  « Nouveau manuel complet de la typographie 
> » de  Frey.
>
> En 1883, Théotiste Lefevre (Guide pratique du compositeur...) fait un 
> usage du tiret un peu plus large (pour indiquer une transition dans les 
> phrases, pour des répétitions de termes par exemple dans des tableaux, 
> comme aujourd'hui avec «,  dans les énumérations, etc.) mais il n'y a 
> toujours qu'un tiret.
>
> Mes questions sont donc :
>
> - De quand date exactement l'utilisation du tiret (cadratin donc)  en 
> France ? origine ?
>
> - Quand sont apparus en France les tirets demi-cadratins  et l'emploi de 
> tirets pour les incises ?
> Encore une fois, je me demande si ça n'a pas été importé avec la compo 
> mécanique (lino ou montypes), donc des US...
>
> Merci pour toute piste...
> --
> Jacques ANDRÉ