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Message : Re: [typo] f IN i ? (Pierre Walusinski) - Mercredi 24 Juillet 2013 |
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Subject: | Re: [typo] f IN i ? |
Date: | Wed, 24 Jul 2013 13:25:38 +0200 |
From: | Pierre Walusinski <pierre@xxxxxxxxxxxxxx> |
J'ai envie de dire "le mal est déjà fait", non? Quant à ces projets, il semblent simplement refléter la vacuité du concept. Mais ça n'est pas si incompréhensible je trouve. Il faut se placer du point de vue administratif (et je ne dis même pas politique): que faire avec cet atelier et ses 10 (12?) dinosaures salariés? Je trouve déjà bien beau qu'ils pondent encore des projets. Il a toujours manqué un leader d'opinion et de travail à ce problème. Je ne me sens pas complètement étranger à la question et j'aurais pourtant du mal à écrire un projet constructif avec toutes les contraintes qui y sont associées, je crois. Et pardon Jacques, mais ton message me laisse perplexe. Je ne suis pas d'accord avec ta manière de pousser des grands cris: c'était pertinent il y a 10 ans, mais cela n'a plus de sens en l'état actuel des choses, ou pas avec des arguments si peu recevables. Car même si «c'est bien plus beau lorsque c'est inutile», le panache ici sent trop la rouspétade en pilote-automatique. Aujourd'hui, il faut remettre les arguments à leur place: - la conservation des poinçons et de l'ensemble de la collection semble retenir l'attention bienveillante des pouvoirs publiques. C'est la chose la plus essentielle sur laquelle il faut veiller, le reste est littérature. «Huiler et retailler»? C'est tellement anecdotique dans la présentation d'une démarche dont il faut valoriser la portée culturelle et intellectuelle que s'en est presque ridicule. Dans l'absolu: "huiller" est à la portée de toute personne soigneuse avec le sens des responsabilités à qui on apprendrait à le faire, et "retailler"? C'est cantonner l'envergure du graveur de poinçon à un objet technique presque bête, et ce serait une tache bien médiocre et peu enviable. - Personne n'extermine l'ethnie des experts de la chose imprimée. Les experts en question ne vivent pas que à l'Imprimerie nationale, fort heureusement. - Pour le reste de l'ALAE, tu évoques pudiquement "toute l'équipe"… par solidarité sans doute et par gentillesse sûrement, je comprends, mais nous savons que le plus irremplaçable reste les collections du Cabinet des poinçons. Et à part éventuellement la gravure et la fonte, il n'y a pas de "savoir-faire" parmi les autres techniques qui ne se trouvent pas ailleurs, ou qui représente un trésor à ce point défendable (composition typo? impression typo? impression taille-douce? la phototypie?). C'est un dossier social assurément, mais qui n'a rien à voir avec l'imprimerie. Et c'est bien la difficulté de ce combat, car les arguments sont sibyllins pour qui n'est pas déjà spécialiste. Et même pour des spécialistes, la nature de la défense reste discutable, mouvante, sujet à tergiversations… Franchement, quand on ne cherche pas à auto-justifier son métier, il reste quoi? Néanmoins, là où je pourrais te rejoindre c'est sur l'ouverture aux quatre vents d'un tel atelier, si les poinçons y sont conservés. Il sera alors impossible d'y faire régner un semblant d'organisation, et la sécurité des pièces seraient largement compromises. C'est pour ça que, au bout d'un moment, il faudra se décider à les déposer dans un musée ou une institution, "une bonne fois pour toute". Le mieux est l'ennemi du bien, et à choisir entre un "atelier vivant" avec des poinçons de Grandjean qui disparaissent, ou un fond statique mais correctement conservé et référencé… ça ne fait pas un pli. Et sinon, il n'y a-t-il rien sur le devenir de la bibliothèque dans ces projets? Le 24 juil. 2013 à 10:19, Jacques ANDRÉ <jacques.andre35@xxxxxxxxx> a écrit : > L'été n'est pas chaud de la même façon pour tout le monde. > > Beaucoup d'entre-nous étions restés sur l'idée que l'IN, ou du moins sa partie patrimoine culturel (dont l'ex cabinet des Poinçons) qui s'appelle actuellement ALAE (Atelier du Livre d'Art et de l'Estampe), situé à Ivry-s/Seine, que cet atelier donc allait rejoindre l'IMEC (institut des manuscrits et écrits contemporains, ou de la communication ?), à Caen. Ça a longtemps trainé et finalement ne s'est pas fait (décision interministérielle en date du 11 février 2013) et on va finir par le regretter. > > > Deux rapports très officiels circulent, ou plutôt deux projets, tous deux datés de juin 2013. L'ALAE rejoint le site de l'ex-IN à Douai (en fait à Flers en Escribieux, Nord), avec une mini-antenne (commerciale?) au siège de l'IN à Paris. > > Le premier rapport a pour titre : PROJET SCIENTIFIQUE ET CULTUREL -- STRATEGIE POUR UNE VALORISATION DE SAVOIR-FAIRE D’EXCEPTION ET DU PATRIMOINE HISTORIQUE ET CULTUREL DE L’IMPRIMERIE > > Bien sûr ce projet est plein de choses prometteuses : création d'un collection de référence, portail internet, réseau d'experts internationaux, invitation d'artistes d'horizons divers avec carte blanche, Grand prix, programmation événementielle ambitieuse, etc. Dans le cadre de sa politique volontariste de conservation, le patrimoine sera préservé selon les normes de conservation les plus strictes. > Curieux quand même : on parle beaucoup d'artistes, de création (de quoi ?) mais fort peu de typographie, ni d'écrit. Vision bibliophilique (car commerciale ?). > > > Ce projet est concrètement basé sur deux choses : > - création d'un fond de dotation > - délocalisation dans la banlieue de Douai ; le rapport parle « d'ancrage dans le Nord Pas de Calais pour une nouvelle dimension européenne » (comme si Paris et Lyon, autrement plus connues pour leur passé en imprimerie, n'avaient pas cette dimension). Ça fait penser aussi aux voisines, Lens avec son Louvre et Roubaix avec sa « Piscine ». > > > Ça coute combien tout ça ? Quasiment rien : l'idée est de refiler la patate chaude au mécénat. > Notamment tout ce qui concerne la valorisation des savoir-faire et l'entretien voire la restauration : « le Fonds de Dotation s’assurera du > concours d’artistes de renom afin de restaurer les reliures de manuscrits uniques, selon un processus qui associera durablement les donateurs (particuliers, fondations et entreprises). » > > C'est un projet, mais bien sur ses rails, avec le calendrier suivant > - novembre 2013 : constitution du Fonds de dotation > - novembre 2013-janvier 2014 : travaux d'infrastructure (à Flers où un nouveau bâtiment est prévu) > - janvier à mars 2014 : transfert (depuis Ivry) sur le site de Douai > > Le second rapport, "Projet de déménagement…" est destiné aux personnels concernés. Leur choix est simple : accepter d'être mutés à Flers, ou être licenciés. > > Les poinçons vont être conservés à une température de18 degrés à + ou – 2 degrés et un degré d’hygrométrie à 50% HR à + ou – 5%. Ouf. Mais qui va entretenir (huiler, retailler, etc.) ces petites bêtes, en graver de nouvelles voire numériser de nouveaux types ? Imaginons que les graveurs et dessinateurs actuels (et leurs familles) n'aient pas envie (!) de quitter Paris pour Flers, d'y être déportés ; qui va alors transmettre dans les quelques semaines qui restent, leur savoir-faire ? De même bien sûr pour les spécialistes de la fondeuse Foucher, de la presse taille-douce, bref pour toute l'équipe. > > Ce projet se moque des hommes et femmes mais on ne voit pas bien au nom de quoi. > > En fait, on extermine l'ethnie des experts de la chose imprimée. On pouvait rire il y a quelques années lorsque le ministère de l'agriculture demandait l'extermination des typographes, il s'agissait de coléoptères ravageurs d'arbres. On rit moins quand c'est le ministère des finances (de qui relève encore l'IN) qui extermine nos typographes. > Car à lire entre les lignes du projet « scientifique et culturel », on voit qu'au fond cet Atelier va fonctionner tout seul, pratiquement sans personnel permanent : des invités, des gens de passages, personne qui n'assure vraiment la continuité (même si on parle de savoir-faire). Si si, il y aura plein d'artistes et de créateurs, mais sans doute avec des bourses mécéniques ; mais des gens pour le travail artisanal, technique ? on n'en parle pas (en veut pourtant assurer la pérennité des métiers, il est vrai pour les faire évoluer vers la création artistique). Admettons que l'imprimerie soit une technique périmée. N'empêche que la typo c'est aussi autre chose, c'est toute la communication écrite. Dans ce projet, on ne parle pas d'écrit (si, une exposition), de compétence en histoire (langues anciennes, histoire de la typo, etc. ce sera sans doute confié aux informaticiens du portail digital ?). Ni de formateurs. Le projet de l'IMEC ne marchait pas car coûteux. La solution a été trouvée : supprimer la masse salariale. Le mécénat paiera, ponctuellement, les experts utiles pour la frime des expositions de prestige. Reste bien sûr à trouver des mécènes. > > J'ai vaguement entendu parler d'une pétition mais n'ai pas, pour le moment, d'adresse précise. > En tout cas, je pense qu'il y a urgence à diffuser un minimum d'information… > > Bon été, chaud. > > Jacques André > > > > > > > > > La liste Typo — discussions typographiques > Les archives : https://sympa.inria.fr/sympa/arc/typographie > Désabonnement : <mailto:sympa_inria@xxxxxxxx?subject=unsubscribe%20typographie> > >
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- Re: [typo] f IN i ?, Jean-Luc BLARY (24/07/2013)
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- Re: [typo] f IN i ?, Jean-Luc BLARY (24/07/2013)
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- Re: [typo] f IN i ?, Thierry Vohl (25/07/2013)
- Re: [typo] f IN i ?, Pierre Walusinski (25/07/2013)
- Re: [typo] f IN i ?, Thierry Vohl (27/07/2013)
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- [typo] abréviation, L. Grammont (29/08/2013)
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