Re: [typo] f IN i ?

[Sabine <sabine.pl@xxxxxxxxxx>]

Bonjour à tous,

Le mail de Jacques André est au cœur du sujet de cette liste, et les réactions qu'il a suscité ne sont pas à la hauteur de l'enjeu (la mienne non plus, rassurez-vous !.

La délocalisation.
Quitter d'Ivry pour aller à Flers, non, ce n'est pas bon signe. Souvenons- nous de ce qu'est un limogeage !
Je n'ai rien contre le Nord, y ayant des racines et aimant cette région dynamique chargée d'histoire, mais il faut reconnaître que la culture est la chose la moins décentralisée en France.
Les grands musées sont encore à Paris, et pour ce qui nous intéresse, les bibliothèques aussi.
Bien sûr, il existe des fonds exceptionnels en province, mais dispersés, alors qu'à Paris un chercheur peut passer de la BN à la bibliothèque Sainte-Geneviève, de celle de l'Arsenal à la Mazarine, etc.

En l'occurrence, la bibliothèque de l'Imprimerie nationale est d'ores et déjà démantelée entre les Finances et l'Arsenal (je crois).
Donc loin de Flers.

Bien sûr, les cadres rejoignent Paris et les artisans vont à Flers.
Mettre 250 km entre le concepteur de caractères et le graveur, le compositeur typo et le correcteur est une véritable innovation dans la méthode de travail.

- la conservation des poinçons et de l'ensemble de la collection semble retenir l'attention bienveillante des pouvoirs publiques. C'est la chose la plus essentielle sur laquelle il faut veiller, le reste est littérature.

C'est maintenant que le Cabinet de poinçons devient littérature !
Alors que l'IN ne cesse de proclamer que l'Atelier du livre est "la dernière chaîne graphique traditionnelle complète en fonctionnement au monde"...
Y a t-il des exemples de valorisation des savoir faire par une action de mécénat ?
Le projet élaboré par Jacques André mettait l'atelier au cœur d'un carrefour formation-recherche.
À l'heure actuelle, rien n'est envisagé en ce qui concerne la relève de 10-12 salariés qui étaient encore une vingtaine en 2006.

L'orientation est délibérément élitiste et évènementielle : prix de l'excellence, bibliophilie s'appuyant sur des artistes cotés, expositions virtuelles et vidéos en lieu et place d'un atelier qui fonctionne au service de l'État (qui fait réaliser ses documents de luxe en Chine pendant ce temps ?).
Le Cabinet servira de vitrine, il a déjà été prêté au musée des lettres et manuscrits, appartenant à la sulfureuse société Aristophil.

Il sera sous la responsabilité d'un "chargé de conservation", fonction qui n'existe pas : il y a des chargés de collections, des assistants et attachés de conservation, des conservateurs, etc.
Et ce poste sera à Paris, donc à 250 km du Cabinet.

Les abus de droits auxquels on assiste ces derniers temps — interdiction des photos dans les collections publiques, droits de reproduction exorbitants, etc — ne sauraient faire oublier qu'il s'agit du patrimoine de tout un chacun. Il est à craindre qu'un mécénat privé n'en rajoute une couche.
Ce patrimoine n'appartient pas aux institutions, ils leur est simplement confié pour préservation et valorisation dans l'intérêt de tous.

Il est peut-être trop tard, mais encore faudrait-il le vérifier.
Et le collectif Garamonpatrimoine porte la responsabilité des 20 000 signatures recueillies.

Sabine.