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Message : Re: Typographie française , grandeur et decadence

(Olivier RANDIER) - Vendredi 21 Mars 1997
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Subject:    Re: Typographie française , grandeur et decadence
Date:    Fri, 21 Mar 1997 04:00:07 +0100
From:    orandier@xxxxxxxxxxxxxxxxxxx (Olivier RANDIER)

>Ah, Calvacom, je me souviens encore du temps o? cela s'appellait Calvados
>(j'ai encore un T-Shirt quelque part)... Et j'y ai longtemps animé la cité
>PC, que j'avais créé sous le surnom de Chapougniard. Voilà qui ne me
>rajeunis pas. Mais c'est hors sujet (bouh).

Tiens, au fait, j'avais invité quelques anciens de l'opération
Saint-Exupéry sur cette liste, mais ils me semblent très discrets...

>Ma remarque tenait au fait que nos amis canadiens sont encore très attachés
>aux capitales accentuées, alors que beaucoup de français semblent en avoir
>purement et simplement abandonné l'usage. C'est ce que je voulais dire.
>
>Quant à l'acculturation du modèle américain et nos glorieux croisés
>francomaniaques, je ne suis pas entièrement sûr que nos hayatollahs soient
>dans le vrai, lorsqu'ils imposent des termes incongrus du genre "sonal"
>alors que nous avions "indicatif", parce que "jingle" leur fait peur, ou
>que la langue française soit en immédiat danger lorsque le commun parle de
>walkman, alors qu'on impose baladeur aux marchands de camelote.

Parfaitement d'accord avec toi. La fameuse loi Allgood, qui a accouché
finalement d'une simple circulaire ministérielle, était stupide et
pernicieuse. Le syndicat des correcteurs ne s'y est pas trompé, d'ailleurs,
en la boycottant. Inventer un affreux néologisme pour remplacer un mot
anglais intraduisible est déjà c..., mais le faire quand la traduction
existe en fait, relève de la trisomie (sans parler de l'inculture).
Nous empruntons beaucoup de mots à l'anglais, parce que l'anglais est
omniprésent, mais surtout parce que c'est une langue très synthétique, et
donc très pratique pour exprimer rapidement des concepts nouveaux, alors
que le français est une langue analytique. Vouloir traduire tous ses mots,
c'est tenter de faire du français une langue synthétique, contre sa nature
même. Si le français est la langue de la diplomatie, c'est pour sa capacité
à exprimer des distinctions subtiles, par ses capacités analytiques, c'est
par ces qualités qu'il doit s'imposer, pas par un protectionnisme stupide.

Le pire, je crois, c'est d'entendre à longueur de radio des horreurs comme
« boycottage », au lieu de « boycott », qui était admis et compris depuis
longtemps par tous. Je me demande, si, au cas où cette loi était passée,
Toubon aurait fait mettre au pilon tous les recueils de poésie où
apparaissait le poème de Baudelaire « Spleen » ?
Et j'attends la traduction de « blues », « Jazz », etc.
De toute façon, cette façon de chercher à l'étranger les causes de nos
propres déficiences relèvent d'un état d'esprit à la coloration d'un brun
très douteux. :(((

>En revanche, il me semble bien plus pernicieux que la quasi-totalité des
>groupes de presse français, sans compter une bonne part de l'édition
>littéraire grand public, soit en train de passer entre des mains
>non-francophone. Lorsque la quasi-totalité de bien des récentes collections
>n'est faite que de traductions d'ouvrages américains, j'ai froid dans le
>dos. Et le grand silence glaçé des grands pourfendeurs de franglais à ce
>sujet n'a rien pour rassurer.

Normal, ce sont les mêmes qui brade le patrimoine national, au nom du
libéralisme sauvage. Mais on s'écarte du sujet, là...

P.S. : « ayatollah », y a qu'un "h", je crois (pas taper !) ;-)

Olivier Randier - Experluette