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Message : Interlettrer les capitales ?

(Jacques André) - Lundi 24 Mars 1997
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Subject:    Interlettrer les capitales ?
Date:    Mon, 24 Mar 1997 11:57:16 +0100
From:    Jacques André <jacques.andre@xxxxxxxx>

Je reviens sur qq échanges qui ont été faits ici sur les notions
d'interlettrage (notamment par Alain Hurtig, Jonathan Peterson,
Olivier Randier, Thiery bouche et Pa Picheaureau). 

Avant de parler de capitales, personnellement
je trouve assez bonnes les expressions suivantes :
  - crénage : réduction de l'approche droite d'un caractère
             et/ou de l'approche gauche du suivant (_pair kerning_
             en anglais)
  - interlettrage : modification, positive ou négative, des
            espaces entre plusieurs caractères successifs.

Cette notion d'interlettrage a été inventée par la photocompo, quand
on a su décaler les images des caractères vers l'arrière (pour les
langues latines). Les matériels de photocompo parlent de _track-kerning_
pour l'interlettrage d'une valeur constante enre chaque
caractères sur toute une ligne.

PostScript a une vision saine des choses à mon avis et offre
les fonctions suivantes (en ne tenant compte que d l'aspect
écriture horizontale de g à dte):


(abc) show   : "imprime" la chaîne abc en se servant des chasses
               et approches définies (par le dessinateur de caractère)
               dans l'AFM

(abc) dx ashow: id, mais en ajoutant entre chaque caractère
               une distance dx (positive ou négative)

... wshow     qui fait comme show mais en aoutant à un certain
              caractère (n générl l'espace intermot) une certaine
              valeur dx - c'est ce qui permet de jsutifier une ligne;
 (abc) show dx rmoveto (def) show
              permet de modifier l'espace entre (c) et (d). C'est une
              méthode usuelle pour faire du crénage
... kshow     une instruction assez peu utilisée mais qui était prévue
             pour faire du crénage entre chaque paire de caractères
              d'une valeur dépendant d'un caractère et de son suivant.

PostScript n'a pas la notion de ligne. L'interlettrage s'y fait donc
pour une suite de caractères (de la même police, au sens de même fonte,
même corps, même orientation, etc.). Dans une ligne donnée, on peut
donc interlettrer un mot et pas le suivant.

L'emploi de ces isntructions PostScript par les formateurs (TeX, Word,
Frame, etc. est assez "amusante").


Maintenant à propos des capitales.
J'ai déja signalé leurs << fonctions >> (sémiologie dirait Blanchard).
Mais point de vu compo, il y a deux cas (grossièrement bien sûr) :

   - ou bien elles servent dans des titres, et alors il peut y avoir
     plusieurs capitales de suite,
   - ou bien elles sont dans le texte (début de phrase, marque des
     noms propres) et alors il n'y a qu'une capitale suivie par une
     bas de casse (ou petite capitale, j'y rviendrai plus tard), ou
     une  ponctuation.

Ce dernier cas étant le plus fréquent, les tables de chasse des
capitales comprennent des approches (moyennes) convenant le mieux avec
des bas de casse (qui ont pesque toujours du blanc en haut) c'est-à-dire
le même ordre de grandeur que les valeurs moyennes des approches
des bdc entre elles. Evidemment la chasse d'un M est globalement plus
grande que celle d'un i. Mais l'espace blanc entre l'oeil du M et celui
du i ne sera pas très différent de celui entre un l et un i.

Mais si on met plusieurs capitals à se suivre, ces approches sont alors
trop petites et les capitales sont trop serrées (elles peuvent même
se toucher (R et A par exemple se touchent souvent par leurs éventuel
empattements du bas). C'est donc déjà une raison d'interlettrer.

L'autre raison est quand les capitales  servent à faire des titres, ces
derniers étant souvent centrés, etc. : il faut équilibrer les
blancs non seulement avant ou apres le titre, mais a l'interieur de
celui-ci. Même avec une chasse fixe comme ici, on préfèrera en général

                   U N   G R A N D   T I T R E

quitte à interlettrer exagérément, à un titre trop serré comme celui-ci

                       UN GRAND TITRE

La valeur de l'interlettrage ne releve probablement que du gout
personnel et du reste de la mise en page (blancs avant et après la
ligne de titre, c.a.d. il faut tenir compte de toute la page).

mais je vourais insister sur le fait que l'interlettrage à utiliser
entre les capitales est rarement un _track kerning_, je veux dire
que l'espace à ajouter entre les capitales n'est pas le même partout
dans le titre. il faut une vision "globale" des blancs et noirs.
Prenez par exemple un mot cher a Frey (mauel typo de 1857) :
VINTIMILLE

A cause des V, T et L, il faut ajouter de l'espace entre les I, N et M
et si vous faites des essais lettre par lettre, vous verrez que
les valeurs d'interlettrage admissibles ne sont pas les mêmes partout.
Essayez aussi avec des mots cmme AVIATION...

Le hic c'est qu'à mon avis aucun logiciel n sait faire ça aujourd'hui.
Des études (basées sur les rapports entre surface noire et blanche
et leur influence sur la vision) avaient été commencées à l'EPFL de
Lausanne sur ce sujet, mais elles n'ont pas été poursuivies je crois.
Force est donc de faire ce travail à la main, lettre par lettre.
Heureusement, il n'y a pas trop de grands titres dans les ouvrages !

François Boltana, qui a dessiné plusieurs caractères calligraphiques,
en propose un pour le titrage. Et il revient, sans honte au temps de
la PAO, à la méthode des  planches-transfert (style Lettraset) :
prendre les  capitales une à une  et les positionner (grace aux
règles et approches apparentes) << en place >>. C'est sûrement la
meilleure façon de bien titrer...


Tout ça pour parler du problème de l'interlettrage des petites
capitales qui me posent beaucoup de questions.
à suivre donc !

Jacques André