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Message : Re: Comment supprimer les veuves ?

(Alain Hurtig) - Jeudi 03 Juillet 1997
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Subject:    Re: Comment supprimer les veuves ?
Date:    Thu, 3 Jul 1997 19:20:59 +0200
From:    Alain Hurtig <alain.hurtig@xxxxxx>

At 16:36 +0100 3/07/97, Catherine Dô-Duc wrote:
>Etant souvent confrontée à ce genre de problèmes, dans la mesure où il
>n'est pas toujours possible - ni souhaitable - de modifier le texte !
>
Ben moi ça m'arrive... Un coup de retour-chariot bien envoyé. Cependant, en
général, les auteurs s'en aperçoivent et ça fait des problèmes ;-).

>n'ai trouvé qu'une seule solution, qui va sans doute faire hurler les
>puristes : jouer un tout petit peu, sur l'approche des caractères. Un petit
>-0,5 sur plusieurs paragraphes, ce n'est franchement pas perceptible.
>
Je crois qu'il n'y en a pas d'autre. Étroitiser ou élargir les caractères
de quelques pour-cent est pour moi une horreur absolue.

Dans un livre « normal » (j'excepte ici la compo avec des inclusions
d'images ou de formules dans le texte), les lignes doivent avoir un
espacement régulier (et le même nombre de lignes par pages...), je me
refuse donc à jouer sur l'interlignage ou le nombre de ligne (par
parenthèse, comme on dit sottement quand on écrit des choses entre
parenthèses ;-) le fait que les imprimeurs travaillent souvent comme des
cochons et ne respectent pas les blancs ni les marges ne me semble pas être
une excuse pour le metteur en pages...)

Une exception : la composition sur deux colonnes, où on est parfois obligé
de tricher avec la justification verticale (ceux qui ont déjà monté des
index ou des annuaires sauront de quoi je parle...)

Cela dit, les -.05 cités par catherine me semblent peu (si on est sur
XPRess, 1 % = 1/200 de cadratin), je vais jusqu'à à 2,5 %, 3 % au maximum.
Tout dépend de la police otilisée (il ne faut pas non plus que les
empattements se mettent à se toucher...) et aussi, pour l'essentiel, des
C&J (paramètres d'inter-mots et d'inter-lettre + paramètres de césure), car
il ne faut pas avoir des lignes ou des paragraphes trop denses.

Il faut bien entendu y aller mollo-mollo, par incrément de 0.05 %, jusqu'à
ce qu'on trouve la valeur qui fonctionne sans détruire le gris de la page.

Parfois, il suffit de jouer sur quelques lignes, ou simplement de forcer
une césure ou d'en supprimer une.

Donc j'essaye, j'essaye (parfois plusieurs pages en arrière) jusqu'à ce que
j'ai réussi à « flinguer » cette foutue veuve, ou cette damnée orpheline.

Le problème, c'est bien entendu quans on a un livre farci de paragraphes
courts, de deux ou trois lignes (typiquement un roman avec plein de
dialogues), car il est alors très difficile de « jouer » sur
l'interlettrage.

J'avouer que la solution préconisée par Cécile (tricher avec la première
ligne du chapitre, en la montant ou en la descendant) ne me plait pas trop.
C'est vraiment en cas de force majeure. De plus, ça ne marche que pour la
première veuve. À la seconde qu'on rencontre en chemin...

Le problème se pose aussi quand on a une ligne trop creuse en fin de
paragraphe (un seul mot qui traine sur la ligne, c'est typique). C'est
parfois toute une bataille pour le faire remonter, ou pour lui accoler un
deuxième mot (ajouter une insécable entre les deux derniers mots ne
convient pas toujours, si l'avant-dernier mot est très long : en principe,
on ne césure pas à l'avant-dernière ligne [ni lors d'un saut d'une page à
l'autre], et on risque de se retrouver avec une ligne très blanche).

PS : Il faudrait créer des sentences pour typographes, peuplés de sombres
rencontres au bas des pages, et de lignes creuses et habillées de noir.
Personne n'y comprendrait rien ;-)

PPS : Message perso : Mylène, t'est contente, maintenant ? ;-)))))

Alain Hurtig         mailto:alain.hurtig@xxxxxx
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« Quand on n'a plus rien à désirer, tout est à craindre ; c'est une
félicité malheureuse. La crainte commence où finit le désir. »
   Baltasar Gracian, L'homme de cour.