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Message : Re: Gras et usage contemporain

(Jacques Melot) - Samedi 20 Septembre 1997
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Subject:    Re: Gras et usage contemporain
Date:    Sat, 20 Sep 1997 11:21:11 +0000
From:    Jacques Melot <melot@xxxxxx>

Le 19/09/97, à 8:34 +0000, nous recevons de Jean-Francois Porchez :

>> Dans mon journal, j'utilise systématiquement le gras pour la première
>> occurrence d'un nom propre dans chaque article. Cela permet une lecture
>> rapideS et facilite le piratage pour les sociétés d'extraits de presse !
>> Donc, un côté utilitaire qui me semble plus justifié que condamnable.
>
>Tout a fait d'accord.
>Le livre n'est plus le seul moyen de communication et donc sa manière
>très formelle d'utilisation des type de caractères. Dans un livre on
>commence forcément par la page 1. (a part peut-être les livres glosés)
>
>De nos jours (hum, déjà longtemps...) les moyens de communications sont
>très nombreux. Et donc la manière d'utiliser les différents éléments
>typographiques. Aujourd'hui rien ne doit interdire le mélange des types
>de caractères, Gras, Italique, Sanserif. Ils permettent sans doute une
>lecteure plus rapide et sont d'autant de moyen d'entrer dans le texte,
>comme le sont les images et les légendes d'article ou ses soustitres. Le
>web, le cdrom nous dévoile de nouvelles manières de communiquer...
>Pourquoi la France est l'un des plus gros consommateur de magazine?
>
>Vu la quantité d'informations disponibles chaque jour, nous, les
>typographes nous nous devons de trouver tous les moyens pour faire lire
>plus facilement ces informations. Et ne surtout pas freiner
>l'expérimentation et la créativité. La langue évolue sans cesse. La
>typographie également, par l'influence de nos voisins qu'ils soient
>Anglo-saxons, Chinois, Arabes...
>
>		Salutations,
>		JFP.
>
>
>		Jean-Francois Porchez	jfporchez@xxxxxx
>. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
>		Porchez Typofonderie
>		http://www.porcheztypo.com/
>		phone & fax 33 (0)146 54 26 92
>
>		Typeface Le Monde in exclusivity at Porchez Typofonderie


   Le problème se pose différemment en ce qui concerne les
« Anglo-Saxons ». Alors que l'on peut parler d'influence venant des autres
cultures (« Chinois, Arabes... »), la pénétration de la civilisation
anglo-saxonne est beaucoup plus agressive, à la fois du fait des
Anglo-saxons eux-même et, peut-être plus encore, de nous-même qui
empruntons très souvent sans discernement, pour des raisons qui relèvent
plus du narcissisme et du cynisme commercial que d'autre chose... La mode
qui consiste à supprimer les points d'abréviation tomberait dans cette
catégorie. J'ai déjà parlé d'aliénation à propos de ce phénomène qui
consiste à remplacer des morceaux de sa propre culture par celle d'un
autre, sans raison ou pour des raisons qui n'en sont pas (par exemple par
frénésie de « faire quelque chose de différent » à tout prix).

   Le critère de la qualité d'un emprunt, d'une influence, pourrait être
qu'il nous renforce plutôt qu'il nous affaiblit en nous rendant dépendant.
On peut, par exemple, être séduit par une certaine évolution dans des
polices germaniques, mais l'emprunt pur et simple de ces innovations peut
ne pas être une bonne chose. En effet, il y a de bonnes chances que les
nouveautés en question reflètent fortement la composition générale des mots
(fréquence des consonnes et nature des séries de consonnes, abondance des
capitales à l'initiale, etc.) et ce qui conviendra bien aux langues
germaniques risque de ne pas convenir aux langues romanes, plus riches en
voyelles.

   Salutations amicales,

Jacques Melot, Reykjavík
melot@xxxxxx