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Message : Re: Sigles et acronymes, suite et fin (?) (Jacques Melot) - Lundi 29 Septembre 1997 |
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Subject: | Re: Sigles et acronymes, suite et fin (?) |
Date: | Mon, 29 Sep 1997 19:39:47 +0000 |
From: | Jacques Melot <melot@xxxxxx> |
Le 9/27/97, à 7:17 AM +0000, vous écriviez : >Cher Jacques Melot, > >Diable, quelle fougue, et quelle susceptibilité ! >Je prends pourtant le temps de lire la plupart des messages de cette liste > et singulièrement les vôtres. L'un d'entre eux (du 18 septembre) >annonçait en effet que cette question du point d'abréviation "serait >développée dans un message séparé si nécessaire". L'auriez vous fait, et >cela m'aurait-il échappé ? > >Faute grave, si c'est le cas, dans laquelle des problèmes techniques ne >sont peut être pas à exclure : je reçois fort peu de messages de cette >liste. Mais l'analyse à laquelle vous faites allusion (la vôtre et/ou >celle des "autres" ?), sans doute considérable, ne pouvait-elle être >citée, au moins en substance (c'est si facile...) dans ce message cinglant >? > >La compétence, la pertinence des analyses et des points de vue (les >vôtres, omniprésents sur cette liste, le sont souvent) se marient bien >avec la modestie et l'indulgence à l'égard de ceux qui sont en demande de >connaissances. L'ignorer, c'est prendre le risque de s'exposer au ridicule. > >Sans rancune. > > >. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . >Jean-Louis Alibert - Grenoble, France Cher Jean-Louis, je suis désolé de ce quiproquo qui illustre malheureusement une fois de plus que le communication électronique peut donner lieu à bien des malentendus. Mais avouez aussi que je n'avais guère de raison de m'imaginer que vous n'aviez pas reçu mon message ou même tout en groupe de messages concernant les sigles et les acronymes. Quoi qu'il en soit, si vous ne recevez qu'une partie des messages (« [...] des problèmes techniques ne sont peut être pas à exclure : je reçois fort peu de messages de cette liste ») c'est une situation exceptionnelle, d'ailleurs anormale et inquiétante qu'il serait bon, je crois, d'examiner avec le propriétaire du forum, Jacques André ou avec son animateur, Alain Hurtig, si ce n'est même avec votre fournisseur d'accès. Bien amicalement et sans rancune, bien entendu, Jacques Melot, Reykjavík melot@xxxxxx N. B. Les archives du forum TYPOGRAPHIE, en commençant par les plus récentes, se trouvent à : http://listes.cru.fr/archives/typographie@xxxxxxxx/last/thrd1.html L'article dans lequel je traite plus précisément de la suppression du point d'abréviation (« Suppression du point d'abreviation [fut : Re: Gras] », le 20 sept. 1997 à 11 h 10) se trouve archivé à : http://listes.cru.fr/archives/typographie@xxxxxxxx/last/msg00006.html Le voici à nouveau in extenso, car il se peut que d'autres ne l'aient pas reçu non plus : >To: TYPOGRAPHIE Distribution List <typographie@xxxxxxxx> >From: Jacques Melot <melot@xxxxxx> >Subject: Suppression du point d'abreviation [fut : Re: Gras] Le 19/09/97, à 13:34 +0000, nous recevons de Christophe Labouisse : >On Thu, 18 Sep 1997, Jacques Melot wrote: >> Par contre, toujours à mon avis >> et c'est un point que je développerai dans un message séparé si nécessaire, >> la suppression du point d'abréviation, une pratique qui nous vient, sauf >> erreur, du Royaume-Uni, est à proscrire. > >Pourriez-vous effectivement développer. Peut être ne parlons nous pas de >la même chose mais j'ai l'impression que dans le cas des sigles les >points d'abréviation allourdissent l'ensemble. En particulier lorsqu'il >s'agit d'acronymes ou de sigles connnus. > >Christophe Labouisse Eurocontrol Experimental Centre >e-mail: lab@xxxxxxxxxxxxxx BP 15 >Phone: +33 - 01 69 88 73 55 91222 Bretigny-Sur-Orge >Fax: +33 - 01 69 88 73 33 FRANCE Oui, en effet, je n'avais pas en vue les acronymes ni les sigles, déjà traités ad nauseam dans les forums TYPOGRAPHIE et FRANCE-LANGUE. La pratique contre laquelle je m'élève est celle ? heureusement encore peu répandue en France ? consistant à supprimer le point indiquant l'abréviation lorsque celle-ci n'est pas interne au mot, par exemple à écrire : Donatien A F de Sade J B A P M Haller au lieu de Donatien A. F. de Sade J. B. A. P. M. Haller. J'ai, à vrai dire, du mal à trouver des exemples en français car, heureusement, comme je le disais plus haut, ceux-ci ne sont pas encore très fréquents. Peut-être, « cad » ou « c a d » (pour « c'est-à-dire ») ? (Pour le moment, on note plutôt la tendance inverse consistant à mettre des points en trop : « Dr » devient très fréquemment « Dr. ».) Aussi vais-je faire porter ma critique sur le suédois, car c'est dans cette langue que j'ai trouvé les exemples les plus nombreux et les plus divers. J'espère que cela donnera une bonne idée du « danger » qui nous menace. Dans les textes suédois on rencontre de plus en plus fréquemment les pseudo-mots « tom », « osv », « dvs », « mao », « from », j'en passe et des meilleurs, qui ne figurent, et pour cause, pas dans les dictionnaires. De quoi s'agit-il ? Ce sont, tout simplement, des abréviations de locutions dans lesquelles on a supprimé les points indiquant qu'il s'agit effectivement d'abréviations et où, de plus, l'espace entre les mots a été supprimée. Le processus a été le suivant : « Och så vidare » (et ainsi de suite) a d'abord été abrégé en « o. s. v. ». C'est l'abréviation traditionnelle à valeur de norme. C'est celle qui doit être employée suivant l'usage typographique suédois. De même en ce qui concerne « till och med » (et même), « med andra ord » (en d'autres termes), « det vill säga » (c'est-à-dire) et « från och med » (à partir de) qui doivent être abrégés en « t. o. m. », « m. a. o. », « d. v. s. » et « fr. o. m. » respectivement, ce qui se fit uniformément jusqu'à une date récente. Plus récemment, on a commencé à remplacer « t. o. m. » par « t.o.m. » pour finir par adopter « tom », « m. a. o. » par « m.a.o », puis « mao », et de même pour les autres. Cette manière d'écrire est gênante, non seulement pour les étrangers mais aussi pour tout lecteur naturel du suédois, par son caractère distrayant lors de la lecture, car elle oblige en quelque sorte à « décompresser » mentalement le signe perçu : quand vous rencontrez par exemple « tom », cela se prononcerait normalement comme le français « tome », mais votre cerveau doit réagir, détecter qu'il ne s'agit pas d'un mot mais d'un signe d'une autre nature, puis remplacer ce signal par un autre, « till och med ». Il suffit de lire le texte à haute voix pour s'apercevoir que l'obstacle est bien réel. C'est là que réside la grosse différence avec les sigles qui, eux, se prononcent comme ils s'écrivent (comme ONU, UNESCO). J'ajoute de plus que cette abréviation (« tom »), ce qui n'est pas pour simplifier les choses, coïncide avec un mot existant ! En fait, cette manière d'abréger n'est vraiment pratique que pour celui qui écrit, car il est évidemment beaucoup plus commode et rapide d'écrire « osv » que « o. s. v. ». En français ce serait d'ailleurs encore plus évident puisque le point n'est accessible qu'en majuscule sur le clavier AZERTY classique (sauf chez les Canadiens, dont le clavier est pensé intelligemment) et l'on sait combien il est désagréable d'écrire, par exemple, « c.-à-d. » pour abréger « c'est-à-dire ». Fort heureusement, nous disposons maintenant de macros qui nous dispensent d'avoir recours à une telle gymnastique. Je pense donc que ce type d'abréviation est tolérable dans des brouillons (où tout est tolérable de toute façon !) ou des travaux en cours de rédaction qui seront rectifiés par des macros à la publication. J'ai l'impression que cette pratique est apparue en Angleterre (à moins qu'elle ne vienne de Suède ?) et je ne vois rien qui puisse la justifier : elle semble due essentiellement à la paresse. Dans des textes en latin, une abréviation telle que « e. s. p. », parmi bien d'autres, peut être un obstacle à la compréhension. Il suffit de s'abonner à un forum dont le thème est le latin pour s'en rendre compte : de nombreux messages y sont des demandes d'aide concernant des abréviations non comprises. Si les abréviations, par une hypothétique décision future des éditeurs de lettres classiques, venaient à prendre l'apparence de mots par suppression des points et des espaces, ce ne serait sûrement pas pour améliorer la situation ! Même en anglais, sur l'Internet on voit des abréviations du type IMHO, et bien d'autres, que l'on ne trouve pas dans les dictionnaires. Seuls les gens introduits comprennent d'emblée. J'éprouve régulièrement cette difficulté dans différentes langues, comme tout le monde je crois. La semaine dernière, par exemple, j'ai aidé un Canadien qui tentait, pour des raisons professionnelles, de comprendre un texte en suédois. Cette personne avait déjà obtenu une traduction de quelqu'un ayant une certaine connaissance de la langue (« sa spécialité était plutôt les langues vivantes »), mais cette traduction n'était guère compréhensible ou était douteuse car le traducteur, justement, n'avait pu reconstituer une abréviation que renfermait le texte en question (« anf. st. »). Encore une fois, que serait-ce si, en plus, il fallait masquer les signes qui indiquent que l'on a affaire à des abréviations ! Ce serait d'autant plus malheureux que le suédois, contrairement au français, dispose même d'un signe d'abréviation interne (:). Exemple : « socken » (paroisse) est abrégé en « s:n » (appliqué à « Mme », en français, cela donnerait « M:me »). Et bien sûr, je réponds avant que vous ne posiez la question : on s'est attaqué aussi à ce signe et vous trouvez maintenant « sn » au lieu de « s:n ». (Je suis bien placé pour le savoir puisqu'on me l'a imposé à une époque où je n'avais pas conscience de ces questions, dans l'édition originale suédoise d'un ouvrage dont je suis l'un des coauteurs. Ah les vaches... me faire sombrer, moi, dans la barbarie ! Il faut rester vigilant, même quand on dort...) La suppression des signes d'abréviation, notamment des points d'abréviation, puis, étape logique ultime, la suppression des espaces entre les abréviations composites, en augmentant la difficulté intrinsèque de lecture due aux abréviations, accroît les difficultés de compréhension, en particulier lorsque le texte est susceptible d'être utilisé par des étrangers, donc dans un contexte international. En d'autres termes, cette pratique est pénalisante et donc peu recommandable car elle exige de la part du lecteur une complicité linguistique accrue afin de parvenir à un même degré de compréhension. Meilleures salutations, Jacques Melot, Reykjavík melot@xxxxxx N. B. Voyez aussi la contribution de Philippe Jallon qui précise la différence entre les acronymes et sigles. (À noter que la situation n'est pas la même en anglais : UCLA (on n'écrit pas U. C. L. A., sauf erreur de ma part ; en tout cas on rencontre « UCLA ») se prononce « U, C, L, A » et non « ucla ».) Les acronymes et sigles sont des racourcis pour des groupements de mots à valeur de substantifs, ce qui n'est pas le cas des exemples cités en suédois.
- Sigles et acronymes, suite et fin (?), Jean-Louis Alibert (27/09/1997)
- Re: Sigles et acronymes, suite et fin (?), Jacques Melot <=
- Messages perdus ?, Jacques Andre (30/09/1997)