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Message : Re: Capitales accentuées dans les sigles

(Jean-Pierre Lacroux) - Mercredi 17 Décembre 1997
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Subject:    Re: Capitales accentuées dans les sigles
Date:    Wed, 17 Dec 1997 10:43:25 +0100
From:    Jean-Pierre Lacroux <lacroux@xxxxxxxxx>

Jean Fontaine écrit:
> C'est pourquoi la tentation est grande de trancher le noeud gordien avec des
> règles catégoriques et radicales, dans un sens ou dans l'autre, pour
> simplifier la vie de tout le monde. Mais ça ne la simplifie pas toujours,
> car les règles rigides viennent parfois se contredire les unes les autres...
> Je crois que sur cette question chaque cas est particulier.
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D'accord pour récuser les règles simplistes qui ne font que compliquer
les choses. Je suis moins convaincu par votre conclusion... Ne soyez pas
trop radical à votre tour : chaque cas n'est pas particulier... Ce qu'il
faut, c'est rendre les règles subtiles !
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> Hum, peut-on dire qu'un nom propre est lexicalisé?
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Oui... et il devient un nom commun (bougie, diesel) ... sans renoncer
nécessairement son ancien statut (Bougie, Diesel)...
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> Les problèmes de terminologie n'aident pas à clarifier tout cette question.
> Tous les auteurs (et lecteurs) n'entendent pas la même chose par  « sigle »,
> « acronyme », « abréviation », « mot-valise », « lexicalisation »... Peut-on
> appeler « sigles » des abréviations comme SDF, PIB et BCBG ?
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Si, si, la terminologie aide à clarifier cette question ! Je crois même
que sans elle on ne peut pas s'en sortir...
Si les auteurs (et les lecteurs) n'entendent pas tous la même chose,
tant pis, le cas n'est pas unique...

S.D.F., P.I.B. et B.C.B.G. sont des sigles et ne sont pas des
« abréviations » (au sens « typographique » du terme).
Examinons le petit terrain de la graphie en remontant en haut de la
classification, au niveau de la langue... Il existe trois grandes façons
d'abréger un mot (ou une expression). 
1. La troncation. Ma préférée, car c'est une activité de plein vent, à
la portée de tous, qui enrichit la langue. Elle s'effectue à l'oral et
se répercute à l'écrit sans artifice graphique. Pneumatique > pneu ;
faculté > fac, etc.  Donc ORAL > ÉCRIT
2. L'abréviation. C'est une activité de bureau... Elle est soumise à de
nombreuses règles, mais ce n'est pas grave, car elle n'a quasiment
aucune influence sur la langue ! Elle s'effectue à l'écrit et ne se
traduit pas à l'oral. Mademoiselle > Mlle, zoologie > zool., qui ne se
lisent pas « mleu » et « zohol, zol ou zoul... » mais « mademoiselle »
et « zoologie »...
Donc ÉCRIT > ÉCRIT.
3. La siglaison... C'est également une activité de bureau : elle
s'effectue à l'écrit MAIS se répercute à l'oral ! C'est donc une
activité beaucoup plus risquée (dangereuse ?) que l'abréviation ! Sans
domicile fixe > S.D.F. qui se dit « essedéheffe »... Donc ÉCRIT >
ORAL...

Hormis quelques détails, la troncation ne pose aucun problème de
composition. En revanche, l'abréviation et la siglaison, qui se
subdivisent chacune (surtout l'abréviation...) en de nombreuses
catégories, devraient être étudiées finement par tous ceux qui, de près
ou de loin, s'intéressent à la langue écrite. J'observe avec quelque
tristesse que ces questions sont traitées un peu vite (et souvent assez
mal) dans les ouvrages de référence (grammaires, codes typographiques,
etc.). Or, depuis Gutenberg... on n'a jamais tant usé de l'abréviation
et de la siglaison... Problème...
Cordialement,
Jean-Pierre Lacroux
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mailto:lacroux@xxxxxxxxx
Bibliographies, citations (langue française, orthotypographie) :
http://users.skynet.be/sky37816/Lx.html
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