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Message : Re: Glose pas close (points abréviatifs )

(Jean-Pierre Lacroux) - Dimanche 08 Février 1998
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Subject:    Re: Glose pas close (points abréviatifs )
Date:    Sun, 08 Feb 1998 15:31:38 +0100
From:    Jean-Pierre Lacroux <lacroux@xxxxxxxxx>

Philippe JALLON écrit:
> En revanche,
> nul ne s'est interrogé sur les éventuelles qualités graphiques de la
> suppression du dernier point abréviatif. Car il semble bien que cette
> suppression trouve son origine, volontaire ou inconsciente, dans le désir
> d'établir une certaine symétrie, chaque point abréviatif étant alors cerné
> par deux lettres.
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La symétrie n'est pas une qualité typographique... (on ne la rencontre
que dans la mise en pages (pages en regard, grands titres*) et dans des
linéales extrémistes... Pour le reste, c'est-à-dire l'essentiel, elle
est heureusement absente... et quand elle se présente, on fait tout pour
l'éliminer**... Non sans raison. La typographie n'est pas l'architecture
(sauf, encore une fois, dans la mise en pages), elle n'organise pas
l'immobilité mais le mouvement, celui de la lecture, qui a un sens... La
dissymétrie subtile (et non l'asymétrie, faut rien exagérer...) est
indispensable, sauf pour ceux qui confondent les lettres, les mots et
les phrases avec des images (encore que les plus belles ne soient pas
symétriques)... Ils sont hélas nombreux de nos jours...

* Ou dans les inscriptions lapidaires, sur les pierres tombales ou les
monuments... ou, comme de bien entendu, dans les typographies
architecturales (colophons...), morbides (dédicaces pompeuses...),
ludiques (calligrammes) ou nulles (cartes de visites, menus de première
communion...).
**Dans la plupart des polices en romain, les lettres prétendument
symétriques (AHIMOTUVWXY, iouvwx) le sont rarement (I, éventuellement
O), sauf à n'y voir que des squelettes... Des générations de graveurs
ont insufflé la vie à ces formes.  Seuls quelques signes échappent à la
dissymétrie vivifiante (point, point d'exclamation, points de
suspension, astérisque, tiret, plus, moins, etc.). Beaucoup peuvent être
considérés comme des « arrêts », des pauses dans le mouvement général du
Verbe... D'autant que notre obèle (croix mortuaire) appartient aussi au
club très fermé des signes parfaitement symétriques. Ce n'est sans doute
pas un hasard...
Cordialement,
Jean-Pierre Lacroux
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Bibliographies, citations (langue française, orthotypographie) :
http://users.skynet.be/sky37816/Lx.html
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