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Message : Re: Inutile orthotypographie?

(Jean-Pierre Lacroux) - Dimanche 01 Mars 1998
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Subject:    Re: Inutile orthotypographie?
Date:    Sun, 01 Mar 1998 22:18:07 +0100
From:    Jean-Pierre Lacroux <lacroux@xxxxxxxxx>

JD Rondinet écrit:
>       Dans la logique de la « filière industrielle du langage », comme ils
> disent, si on s'est payé un mauvais typo (ou si on a fait faire le boulot à
> la dactylo), alors on n'aura pas payé non plus de correcteur !
>       Donc le texte lui-même va en prendre un coup... et deux fois !
>             JiDé (prêchant pour sa paroisse...)
----
Cher JiDé, nous sommes de la même paroisse... 
Je crois donc qu'il y a un quiproquo dans le coin... Nous ne parlons pas
de la même chose. Un chef-d'oeuvre, littéraire ou non, a probablement
été « corrigé », voire « révisé » (par l'auteur ou par un tiers). En
revanche, qu'il soit mis en pages avec des marges ridicules ou des
blancs
respectant les préceptes de la secte du nombre d'or, que le caractère
choisi pour le composer soit sublime ou hideux, que le gris de la compo
soit uniforme ou bordélique (il était question de cela...), je ne dis
pas que l'on s'en fout, je dis que c'est accessoire, dérisoire en regard
de l'essentiel... Je dis aussi que plus le texte est insignifiant, plus
on a intérêt à le mettre en forme avec soin : il y aura au moins de la
qualité quelque part... Cela ne signifie évidemment pas que je milite
pour le dédain (puritain ou stupide, ce qui revient au même) de la forme
typographique dès lors qu'il s'agit de « chefs-d'oeuvre » ! 

L'essentiel du travail de correction vise à produire un « texte »
impeccable, c'est-à-dire sans péché involontaire contre la langue
écrite. Ce travail a des implications évidemment orthotypographiques et
même strictement typographiques... mais... généralement... il intervient
avant (et pour cause...) et sans le moindre lien avec le choix du
caractère ou la mise en pages... 
Je crois que nous sommes ici au coeur même de l'ambiguïté du terme
« typographie » tel que nous l'employons depuis que la typographie est
morte... 
Il me semble indispensable de bien distinguer la mise au point d'un
texte et sa mise en pages. Contrairement à ce que croient les
« auteurs-compositeurs-maquettistes » amateurs, jamais la composition
n'a été aussi indépendante de la mise en pages que ces jours-ci, tu es
bien placé pour le savoir !
Je ne voudrais pas caricaturer des positions qui n'ont pas encore été
exprimées... mais il me semble difficile d'avancer que, sauf quelques
cas particuliers, une oeuvre a plus ou moins de « qualité littéraire »
selon ses versions composées... Racine n'est ni pire ni meilleur en
classique Larousse ou chez Jambonneau, fournisseur attitré des
pharmaciens et des notaires néobibliophiles... 
Bien sûr, je suis comme vous tous et, en particulier comme Alain Hurtig,
je préfère que la qualité de la mise en forme soit à la hauteur de celle
du texte... Encore une fois... je me contente de dire que les
insuffisances de la première ne sont pas de taille à amoindrir
réellement la seconde. Sauf à choisir des exemples outranciers, dus à
des provocateurs ou à des débiles (mais est-il utile de disserter sur
les pratiques « extraordinaires » ?).
Y a-t-il une mise en forme (choix du cararactère, mise en pages...)
idéale pour un texte donné ? Tout le monde répondra non. Faut-il pour
autant (et par une analogie facile avec les partirtions) assimiler les
typographes à des interprètes ? Je crains ici que certains n'hésitent
pas à répondre par l'affirmative...
Amicalement,
Jean-Pierre Lacroux
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Bibliographies, citations (langue française, orthotypographie) :
http://users.skynet.be/sky37816/Lx.html
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