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Message : Re: A propos des manuels d'Yves Perrousseaux (Jacques Melot) - Jeudi 12 Mars 1998 |
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Subject: | Re: A propos des manuels d'Yves Perrousseaux |
Date: | Thu, 12 Mar 1998 09:42:00 +0000 |
From: | Jacques Melot <melot@xxxxxx> |
Pour répondre à Paul Pichaureau, le scientifique du contingent (ce qui n'a pas l'air de le réjouir outre mesure, cf. son larmoyard), je réexpédie deux messages parus ici même (forum TYPOGRAPHIE) le 25 janvier dernier sous le titre « Retrait d'alinéa ». À propos de l'ouvrage (je n'ai que le premier) de M. Perrousseaux, n'aimant pas parler négativement des gens je me contenterais de dire que je me montre - très - réservé quand au type d'argumentation employé dans son « Manuel de typographie française élémentaire » (je pense en particulier à l'argumentation concernant l'accentuation des capitales). Salutations amicales, Jacques Melot, Reykjavík melot@xxxxxx >Christophe Labouisse a écrit: > >> >> Le premier concerne les alinéas (page 108 de « Mise en page ... ») et >> pourrais se résumer par « Ce n'est qu'à partir du deuxième paragraphe >> que l'on procède au retrait de la première ligne ». Si l'argumentation >> développée est intéresssante, cela va à l'encontre de ce que j'avais >> entendu jusqu'à présent. > > Je pensais que c'était une habitude anglo-saxonne. Mais je trouve ça >assez élégant, personnellement. Tu peux nous donner les arguments du >Perrousseaux ? > > >> Christophe > >-- >Paul Pichaureau ppichaur@xxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxx >Et il arriva que LPUB Dijon tél : 03 80 39 59 49 >le jeune Paul... Scientifique du contingent :-( To: TYPOGRAPHIE Distribution List <typographie@xxxxxxxxxxxx> From: Jacques Melot <melot@xxxxxx> Subject: Re: retrait d'alinéa Cc: Bcc: X-Attachments: Le 24/01/98, à 20:02 +0000, nous recevions de Patrick Cazaux : >Jacques Melot disait le 24/01/98 18:41 > >>sans oublier le décalage de trois caractères au >>début de chaque paragraphe, > >Cher colistier, > >Peut-être suis-je dans le faux, mais voici de que je crois savoir : >le retrait d'alinéa a pour but de faciliter l'accroche par l'oeil du >lecteur du début d'un paragraphe. Il a sa raison d'être dans un texte >dense composé en continu, et où l'on ne saute pas de ligne entre les >paragraphes. Si l'on fait ce dernier choix, le retrait de première >ligne fait double emploi et ne se justifie plus. D'ailleurs, dans une >compo soignée, on n'en met pas au premier paragraphe suivant un titre, >car il n'en a pas besoin. [...] Mais où êtes-vous allé pêcher cela, cher Patrick ? Cette convention est de plus en plus fréquente en Islande et dans les autres pays nordiques, et ce n'est pas récent (je vois cela dans un manuel suédois de latin, publié en 1967), mais n'a sûrement pas son origine dans ces pays, lesquels ont la hantise de se distinguer. (Rien d'original ne vient du Nord. C'est malheureux à dire, mais c'est comme ça.) En réalité, cela nous vient d'Amérique du Nord ou, je dirais, plus probablement, de Grande-Bretagne, comme le plus souvent. Cet usage reste relativement rare en France mais s'introduit et se propage du fait d'ouvrages en français publiés à l'étranger (par exemple le dictionnaire français-anglais, anglais-français de Collins et Robert). Une recherche rapide dans ma bibliothèque m'a permis de trouver un ouvrage anglais (Introduction to Old Norse, E. V. Taylor. Oxford University Press) qui semble dater de 1957 et qui présente cette particularité, ainsi qu'un autre plus récent (Gauge theories of weak interactions, J. C. Taylor, 1976. Cambridge University Press). L'origine de cet usage semble s'expliquer par le fait qu'un texte commençant pas une lettrine, comme jadis, commence effectivement à la marge. (La lettrine n'apparaît pas à chaque paragraphe (et encore moins à chaque alinéa !), mais en début de chapitre ou équivalent.) Ensuite, on peut penser qu'on a remplacé la lettrine enluminée par une capitale de corps normal, le passage s'étant opéré vraisemblablement par l'intermédiaire des lettrines dépouillées (simples capitales de grand corps, non enluminées), d'où l'absence de renfoncement dans cette position. En ce qui concerne les possibilités d'expression de la pensée, la disposition en paragraphes constitués d'alinéas me semble bien supérieure au système simplifié de plus en plus fréquent dans les pays anglo-saxons : pas de renfoncement et saut de ligne systématique à chaque alinéa qui sont de fait transformés en autant de paragraphes. Esthétiquement, je préfère, là encore, la présentation traditionnelle, avec renfoncement au début du premier paragraphe (en l'absence de lettrine, bien sûr). Le côté logique est largement absorbé par l'effet produit, par la cohérence obtenue. Salutations amicales, Jacques Melot, Reykjavík melot@xxxxxx P. S. Une question de synonymie. Selon le Robert, le mot alinéa s'applique au « renfoncement de la première ligne d'un paragraphe » autant qu'au « passage compris entre deux de ces lignes en retrait » [...]. La définition donnée par le Robert pour « paragraphe » montre qu'ils font bien la distinction entre paragraphe et alinéa. Si l'on admet cette définition de l'alinéa, on voit que la notion d'alinéa est tout simplement indissociable de celle de renfoncement. PUIS : Le 25/01/98, à 10:44 +0000, nous recevions de Jean-Pierre Lacroux : >Jacques Melot écrit: >> En réalité, cela nous vient d'Amérique du Nord ou, je dirais, plus >> probablement, de Grande-Bretagne, comme le plus souvent. >---- [Jean-Pierre Lacroux :] >C'est exact... mais je voudrais nuancer le propos. Cela nous vient des >« mauvais » typographes anglo-saxons, qui, comme chez nous, sont par >nature les plus nombreux... >Si vous observez bien le travail de certains typographes anglais et >raffinés, vous verrez que dans les paragraphes initiaux composés sans >retrait, le ou les termes initiaux sont composés en petites capitales... >c'est-à-dire en suivant la règle applicable aux lettrines ! Je m'aperçois que je n'aurais pas dû supprimer la citation que j'avais incluse hier, Chic. Man. Style, 19.57 ! Cela vient peut-être des mauvais typographes anglo-saxons, mais avant tout des mauvais typographes de chez nous qui empruntent n'importe quoi, c'est-à-dire, en règle générale, ce qui est le plus critiquable. En fait, les mauvais typographes anglais ont fini par avoir raison des bons, semble-t-il, car j'ai ici plusieurs ouvrages très récents édités par Cambridge University Press et Oxford University Press, ou la typographie que j'ai décrite dans mon message précédent est bel et bien utilisée : « système simplifié de plus en plus fréquent dans les pays anglo-saxons : pas de renfoncement [au moins au premier alinéa] et saut de ligne systématique à chaque alinéa, lesquels sont, de fait, transformés en autant de paragraphes. » L'hypothèse que j'ai faite hier me semble de plus en plus vraisemblable : « L'origine de cet usage semble s'expliquer par le fait qu'un texte commençant pas une lettrine, comme jadis, commence effectivement à la marge. (La lettrine n'apparaît pas à chaque paragraphe - et encore moins à chaque alinéa ! - mais en début de chapitre ou équivalent.) Ensuite, on peut penser qu'on a remplacé la lettrine enluminée par une capitale de corps normal, le passage s'étant opéré vraisemblablement par l'intermédiaire des lettrines dépouillées (simples capitales de grand corps, non enluminées), d'où l'absence de renfoncement dans cette position. ». [...] Salutations amicales, Jacques Melot, Reykjavík melot@xxxxxx
- Re: A propos des manuels d'Yves Perrousseaux, (continued)
- Re: A propos des manuels d'Yves Perrousseaux, Thierry Bouche (13/03/1998)
- A propos des manuels d'Yves Perrousseaux, JD Rondinet (11/03/1998)
- Re: A propos des manuels d'Yves Perrousseaux, Alain LaBonté (11/03/1998)
- Re: A propos des manuels d'Yves Perrousseaux, Jacques Melot <=
- Re: A propos des manuels d'Yves Perrousseaux, pcazaux (12/03/1998)
- Re: A propos des manuels d'Yves Perrousseaux, Jean Fontaine (12/03/1998)