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Message : Re: Provoc 1. Fut FAQ Espaces

(Jacques Andre) - Jeudi 10 Décembre 1998
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Subject:    Re: Provoc 1. Fut FAQ Espaces
Date:    Thu, 10 Dec 1998 09:14:49 +0100
From:    Jacques Andre <Jacques.Andre@xxxxxxxx>

Thierry Bouche wrote:
> 
> d'J .   -    P .      L  .               :
> 
> » Pour le reste, il me semble que l'on accorde une importance excessive
> » aux approches de paire.
> 
> Peut-être, ou peut-être non.
>   C'est que probablement les talus d'approche, donc les approches de
> paires, sont dépassés depuis la dématérialisation des types. Soit on
> chiade de bons talus, et les corrections d'approches sont
> exceptionnelles et motivées (ou évitées par des ligatures
> supplémentaires), mais alors il ne faut pas vouloir jouer trop
> « serré ». Soit on sacrifie à l'esthétique de l'étroit, du dense, où
> chaque µm² blanc est pourchassé, et il faut ajuster toutes les paires
> possibles pour conserver une homogénéité potable.


Talus en plomb ou approche virtuelle, le problème est le même : entre
les
oeils de deux lettres successives, il faut un certain blanc.Qui le met ?
Avec le
plompb (mis à part la titraille et les cas spéciaux de crénage, au sens
éthymologique
de faire un cran à la lime) ces espaces étaient prévus une fois pour
toutes
de façon moyenne (si on regarde bien les caractères, ils étaient gravés
selon qq
regroupement en classes selon leur dessin et donc selon le besoin,
moyen, d'espace
autour. Voir _Letter of Credit_ de Tracy. 
 Ça se retrouve d'ailleurs dans les FM comme PostScript où on ne trouve
que
quelques valeurs de chasse.
J'ai quand meme envie de dire que ça fonctionne assez bien (our le texte
courant)
si le travail de calcul
de ces approches moyennes est bien fait (et quiconque a fait joujou avec
un produit
comme fontographer sait qu'une fois les lettres dessinées tout reste à
faire, cad
justement ce travail d'approches). Quand on lit, on lit vite et on ne
voit pas
les défauts locaux. En revanche au niveau du gris d'un paragraphe, oui
il y a
des fois où ça joue, mais ...

>seules les
>paires ont un sens, mais aucun modèle de gestion des fontes ne
>fonctionne comme ça, je crois.

PostScript offrait (et offre encore, je veux dire que ça existe depuis
longtemps
mais que peu de systèmes ne l'utilisent et qu'aujourd'hui si PostScript
était à
refaire ça n'y serait peut-etre plus) POstScript donc offrait un
mécanisme 
appelé Kshow qui permet de composer deux caractères successifs, mettons
a et b,
et d'appeler entre les deux une procédure fonction de a et de b.
Typiquement 
un calcul de modification d'espace (un crénage quoi) entre les deux
lettres.Un tel calcul est facile à faire en utilisant une matrice
adressée en a et b.
Mais comme on l'a récemment
dit ici (on c'était un apprentypographe je crois), ça fait quand meme
une
matrice de 256^2 (moins si on regroupe les éléments par classe, mais
alors on
retombe dans les valeurs moyennes). De plus il faudrait aussi tenir
compte des
changements de corps, graisse, voire de fonte. En dehors des problèmes
de taille
de la matrice ou des matrices, reste à avoir quelle valeur mettre dans
chacune
des cases et évidemment à pouvoir modifier cette valeur en fonction
d'une
évaluation du gris de la ligne ou de la page ! Et là on retombe dans
les calculs de Betrisey à Lausanne.

En dehors de la faisabilité, il y a aussi le problème de savoir qui fait
ce
disons interlettrage : le dessinateur de caractère, le système de
composition,
le type qui "compose" ? Quelque chose d'intermédiaire (qui a l'air de se
dessiner
à l'horizon avec des noms comme OpenType Layout Services Library) ?

Mais je répète, pour moi, cette histoire de crénage à outrance, de
paires etc.
devrait se régler de façon moyenne sans aller trop loin dans la minutie
ou
le pinaillage. Après tout notre oeil n'est pas un instrument d'optique
parfait et
la première chose qu'on apprend en dessin de caractère c'est à tricher
plus que
lui !




-- 
Jacques André
Irisa/Inria-Rennes,   Campus de Beaulieu,  F-35042 Rennes Cedex,  
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