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Message : Re: Franc et f exposant

(Jef Tombeur) - Samedi 23 Janvier 1999
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Subject:    Re: Franc et f exposant
Date:    Sat, 23 Jan 1999 18:10:10 +0100
From:    "Jef Tombeur" <jtombeur@xxxxxxxxxxxxxx>

-----Message d'origine-----
De : Philippe JALLON <panafmed@xxxxxxxxxxx>
À : <typographie@xxxxxxxx>
Date : vendredi 22 janvier 1999 09:18
Objet : Re: Franc et pesetas


>Jacques André écrivit :  le franc français peut s'écrire FF, etc.
>Quant au F supérieur, etc. De là à dire que le F supérieur est
(in)correct... je
>préfère, etc.

Une piste de réflexion, inspirée par la consultation du bouquin
"Affiches françaises" (cf. un message antérieur).
Il faut distinguer la licence créative de la licence tout court. On
trouvera des exemples de mise en exposant de chiffres en tant que
vecteur d'info dans ce livre. L'affichage des prix en ou sur vitrine
peut s'apparenter à "de" l'affiche. Dernièrement, une affiche d'un
grand distributeur était du genre, "1 mois de prix fous" (ou quelque
chose de similaire). Ce chiffre 1 en position initiale (tout le texte
était dans le même corps, en caps grasses) me semble peu admissible
dans tout autre type de texte (en particulier, littéraire,
journalistique). C'est cette rupture de l'usage qui accroche le
regard. En affichage de prix (peinture en lettres), un gros 10 bien
gras, un petit f en exposant, assorti à un "la 12AINE", ou tout autre
combinaison fantaisiste, pourquoi pas ? Un F cap inversé  pourrait
avoir une efficacité sur le chaland (toute rupture, lors d'une
déambulation, peut être perçue, ou non, mais, pour mon compte, je
constate que, sur les ardoises des restaurants, les fautes
d'orthographe semblent aimanter mon regard). On peut aussi chercher
des exemples dans les affichettes de la presse, notamment britannique
ou américaine : auparavant, le crieur avait toute latitude quant à
l'énoncé et au choix des titres, il inscrivait un énoncé, en criait un
autre, etc. ; je ne sais pas s'il y a aujourd'hui des titreurs pour
les affichettes, mais je me souviens que des ruptures d'usage étaient
assez fréquentes. Quant à faire appel aux spécialistes, lesquels ? Les
typostylistes des boites de com spécialisées mercatique et emballage
ou plv semblent les mieux habilités à répondre. Sur ce qu'enseigne
l'enseigne, il en a déjà été débattu ici (cf. Toys R' ? ia
cyrillique ? us) : un parcours le nez en l'air permet de déceler de
fréquents exemples de combinatoires entre divers effets de jeux de
mots euphoniques, de jeux visuels typographiques, voire linguistiques.
En voici un. L'enseigne du Bab'ylo, (bar de nuit, le Bab'ylo, rue du
Baigneur, F-75018). Lire aussi : porte de l'îlot (Bab, Ar. porte, ylo,
Fr. îlot), et s'interroger sur le prononcé/lecture/effet visuel de
Babilo, Bab'ilot, etc. On pourrait aussi constater la paire (villa)
Samsuffit/Sam'suffit, et diverses occurrences en variantes selon que
ces chaînes de caractères s'inscrivent sur une ou deux lignes. J'ai
tout oublié de la Pat'aphysique (B. Vian et consorts rémois ou autres
collégiens allogènes), Je crois me souvenir que le mot se déclinait
selon diverses graphies.
Les conquistadores de l'inutile et les prosélytes du dérisoire ont
certainement du grain à  moudre avec tout ça. On finira bien
d'ailleurs par trouver un site plein de gifs ou de jpgs montrant des
combinaisons de pictos, de caractères, et diverses inscriptions
illustrant ce genre de propos, un autre consacré au langage des
Golliards (qui, pour les initiés, permettait de "lire" des symboles en
prononçant leur énoncé, comme pour un rébus, mais en beaucoup plus
compliqué), et des tas de choses rigolotes. Pour les enseignes de
coiffeurs, commerçants et artisans africains, je suis persuadé que de
tels sites existent déjà (pas vérifié, mais c'est une forte
intuition).
Tout ceci a certainement à voir avec le rapport entre l'orthographe,
la grammaire, la typo, le graphisme, etc. J'attends avec impatience de
pouvoir consulter le Code typo s'appliquant à cette langue
artificielle qu'est l'Europanto (Europe+Espéranto) créée par un
traducteur de la Communauté. Lacroux pourrait peut-être s'y risquer.