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Message : Re: gris typo

(Thierry Bouche) - Dimanche 25 Avril 1999
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Subject:    Re: gris typo
Date:    Sun, 25 Apr 1999 19:32:16 +0200 (MET DST)
From:    Thierry Bouche <Thierry.Bouche@xxxxxxxxxxxxxxx>

Tres etonne par le text de Jef limitant le "gris typo" a un critere de
distinction. 

Le gris typo est un fait objectif, sa "qualite" peut etre analysee,
meme si sa beaute est subjective. Vous verrez dans le prochain numero
des cahiers GUTenberg un exemple tres interessant d'utilisation par
des gens mal intentionnes (moi, en l'occurence) d'algorithmes a la hz:
en utilisant l'axe "chasse" d'une police multi-master, on peut generer
a la volee des avatars tailles sur mesure pour que l'espace intermot
soit quasi constant sur tout un paragraphe, c'est plus
"typographiquement correct" que de faire de l'interlettrage ou de
modifier l'echelle horizontale, et ca donne un gris d'une homogeneite
a couper le souffle. Seulement voila, dans une courte justif, et avec
des taux de modification de chasse tres grands (jusqu'a 10%), ce
magnifique pave au gris  uniforme est totalement illisible !

A part les "callitypes" d'Alain, qui montrent bien comment un choix de
police modifie le gris d'un pave, deux exemples qui rendent la notion
palpable, evidente, incontournable, sont : un travail de Breton
(affiche pour le MOMA) reproduit dans le Blackwell (typo du xx) qui
fabrique quasiment une palette de gris en juxtaposant des paves de
taille similaires composes avec des polices ad hoc ; et le livre de
Bringhurst dont le gris est d'une homogeneite remarquable. On aura
meme une idee de la mesure de ce gris en regardant comment il a trame
(reduit en niveau de gris) les gros corps pour les titres, et les
numeros gigantesques de chapitre, de facon a preserver l'uniformite
(la guimauve diront certains...).

Les anglais disent plutot couleur, les francais plutot gris. Mais ils
placent les veuves tres haut, et roulent a gauche...

Cela dit, c'est vrai que certains semblent vouloir faire du "gris" un
secret alchimique garde par des experts tres bien payes. L'extrait de
Muriel Paris que Jef a poste ici il y a quelques temps en etait un bel
exemple. Par exemple, dire qu'une lettrine en corps 72 donne une
touche de couleur (sombre !) a la page, ou un mot interlettre sur une
affiche l'eclaircit : c'est tout a fait plausible, mais ca releve de
l'economie graphique de la page, ca n'a rien a voir avec le gris typo,
qui seul peut etre produit par des paves.



-- 
   Thierry Bouche.       -----       thierry.bouche@xxxxxxxxxxxxxxx
          http://www-fourier.ujf-grenoble.fr/~bouche/