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Message : Re: gris typo

(Alain Hurtig) - Lundi 26 Avril 1999
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Subject:    Re: gris typo
Date:    Mon, 26 Apr 1999 04:52:54 +0200
From:    Alain Hurtig <alain.hurtig@xxxxxxxxxxx>

At 19:32 +0200 25/04/99, Thierry Bouche wrote:
>Tres etonne par le text de Jef limitant le "gris typo" a un critere de
>distinction.
>
Ça me semble être une mauvaise querelle : vous ne parlez pas de la même chose.

>Le gris typo est un fait objectif, sa "qualite" peut etre analysee,
>
Oui. En termes de densité, de « poids d'encre ». Mais ça n'a, en fait pas,
grand intérêt (sauf pour l'algoritmique, of course).

>meme si sa beaute est subjective.
>
Il n'y a pas que sa beauté qui soit subjective. L'est-elle vraiment,
d'ailleurs ? Ce qui prime pour la beauté « à couper le souffle »
(« explosante-fixe » comme dirait l'autre) c'est le critère d'homogénéité,
qui est objectivable ; en second rang viennent les moyens utilisés
(interlettrage, nombre de césures, etc.) : tout cela se mesure ou au moins
se perçoit avec les mêmes critères pour chacun, sans que la subjectivité y
intervienne vraiment.

Mais sont subjectifs l'adéquation du gris au texte, l'intensité dramatique
ou au contraire la légèreté de la masse de texte, l'impression pénible ou
heureuse qu'on a en abordant la page. Bref, est subjectif le fait d'avoir
correctement servi ou desservi le texte, la phrase, le mot. C'est
d'ailleurs la raison pour laquelle on ne règle pas le gris typo d'une
maquette avec du faux texte, répétitif et ne tenant pas compte du style ni
du propos.

C'est un truisme de dire qu'on ne met pas en pages (j'allais écrire « en
scène ») de la même fçon de la littérature, de la philosophie, du théâtre,
une notice technique : le rythme des pavés et des blancs, la succession des
lettres et des mots, la « couleur » de la police employée (je pense qu'il
faut prendre ici le mot « couleur » au sens musical du terme, comme on
parle de la « couleur » d'une voix, d'un instrument ou d'un orchestre),
tout cela donne une intention, induit un climat et oriente la lecture.
[Pour revenir sur terre, je devrais dire qu'on ne devrait pas tout faire de
la même façon : parce qu'en pratique, on a rarement le temps d'adapter ses
paramètres à la production d'un texte donné.]

Comment objectiver tout ça ?

>Vous verrez dans le prochain numero
>des cahiers GUTenberg un exemple tres interessant d'utilisation par
>des gens mal intentionnes (moi, en l'occurence) d'algorithmes a la hz:
>
_Très_ intéressant. Ça sort quand ?

>Par exemple, dire qu'une lettrine en corps 72 donne une
>touche de couleur (sombre !) a la page, ou un mot interlettre sur une
>affiche l'eclaircit : c'est tout a fait plausible, mais ca releve de
>l'economie graphique de la page, ca n'a rien a voir avec le gris typo,
>qui seul peut etre produit par des paves.
>
C'est évident, mais difficile à faire admettre aux graphistes (j'ai entendu
parler, dans une agence, de gris typo à propos _d'une_ lettre, énorme et
isolée dans une affiche ;-))) C'est, je crois, un des problèmes qu'a eu Jef
Tombeur dans son enquête : il s'adresse surtout à des graphistes. je me
trompe ?

Alain Hurtig                                    mailto:alain.hurtig@xxxxxxxxxxx
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le silence de l'hiver.
   Philippe Soupault, _Un deux ou trois_.