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Message : Re: Colloque Ecole Estienne

(Jef Tombeur) - Vendredi 07 Mai 1999
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Subject:    Re: Colloque Ecole Estienne
Date:    Fri, 7 May 1999 03:58:44 +0200
From:    "Jef Tombeur" <jtombeur@xxxxxxxxxxxxx>

----- Message d'origine -----
De : Jean Denis Rondinet <rondinet@xxxxxxxxxxxxxxxx>
À : <typographie@xxxxxxxx>
Envoyé : vendredi 7 mai 1999 01:17
Objet : Colloque Ecole Estienne


|    Je suis allé tout à l'heure au colloque organisé par « Graphê » à
| l'École Estienne, ETC.

Tu es un peu sévère... J'admets que le débat était décousu, mal préparé (pour
mon compte, j'avais préparé une intervention construite, mais on n'avait droit
qu'à huit minutes chacun).
Guibert (principal auteur du dernier code typo en date) a d'autant plus
volontiers reconnu les erreurs incriminées qu'elles ne lui sont pas
majoritairement imputables. Effectivement, hormis un intervenant, on n'avait
pas très envie de s'étendre sur ce sujet, puisque pratiquement tout le monde
s'était, à un moment ou un autre, un lieu ou un autre (pour mon compte,
j'avais écrit, et publié, que ce code était "controversé"), antérieurement
prononcé à ce propos. Je voudrais simplement relever, par rapport à l'attaque
(sens journalistique) de ton message, que d'autres codes ou ouvrages ont été
évoqués ou présentés. Ta réaction ne semble donc, sur ce point particulier, un
tantinet réductrice.
D'autres débats, initiatives, en d'autres lieux, avec d'autres intervenants,
poseront le problème d'une actualisation du ou des codes. J'ai aussi essayé
d'évoquer des problèmes concrets, de pratique. Et tenté de faire valoir qu'un
code devait être destiné non plus aux seuls professionnels, mais à tout à
chacun. Il me semble que cette idée (qui n'est pas d'une forte originalité)
semble gagner un petit peu de terrain.
Alors, pour résumer, pourquoi le code, pour qui ?
Pour l'étudiant en graphisme au fond de la salle qui a posé une question à ce
sujet, et parce que, justement, il se pose des questions quant à sa pratique
quotidienne.
Tu aurais aimé "entendre (tes) pairs" évoquer des problèmes concrets. Je
comprends très bien ça. Le problème (et l'intitulé de cette réunion aurait
sans doute dû l'expliciter) est que justement, ce n'est pas la question sur
laquelle il était mis l'accent. Parce que c'est en aval que cela se joue.
Collignon a été très explicite : ils (tes pairs du Monde) ne disposent plus
que de moins de deux heures pour revoir toutes les pages chaudes. Et qu'est-ce
que Le Monde, Le Fig, etc., par rapport à tout ce qui se publie
quotidiennement, voire d'heure en heure (en ligne notamment), c'est quoi ? Le
premier quotidien français, c'est Ouest France. Avec majoritairement de la
copie de correspondants locaux. Relue par des localiers. Relue par des
secrétaires de rédaction ? Des correcteurs ? Permets-moi d'en douter. C'est
quoi Ouest France - rapporté au tirage global de la presse francophone ? C'est
quoi la presse quotidienne francophone, par rapport à tout ce qui se publie
chaque seconde dans l'espace francophone ? Par rapport à tous ces méls, ces
titres, mentions, qui apparaissent sur les diverses chaînes de télévision, ces
"post-it" des intranets, ces mémos, ces communiqués divers, cette masse
typographiée envahissante ?
La veille (hier soir, donc), à l'Ecole multimédia, dans le cadre des
Rencontres mensuelles de Lure, on parlait plomb avec Christian Paput. J'ai
simplement dit qu'une meilleure appréhension des polices numérisées
permettrait peut-être, à tout un chacun, de s'intéresser de nouveau à la
typographie, typo plomb incluse. J'ajouterais... et à la calligraphie. Et à
l'histoire de l'écriture. Et à vos métiers.
Mon pari : la plèbe des producteurs de l'écrit commence peut-être - parce
qu'elle est confrontée à la nécessité de produire par elle-même, seule - à
comprendre que vos savoirs lui manquent.  Qu'il serait peut-être vain de
prétendre les acquérir dans leur globalité. Qu'elle est en manque. Que c'est
peut-être en l'initiant qu'elle finira par réclamer que vous puissiez de
nouveau exercer la plénitude de vos rôles dans des conditions décentes.
J'ai manqué de temps et de talent pour le faire entendre. J'espère
qu'intuitivement ceci fut pour partie perçu.