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Message : Re: Encore des nombres

(Jacques Melot) - Mardi 18 Mai 1999
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Subject:    Re: Encore des nombres
Date:    Tue, 18 May 1999 09:19:47 +0000
From:    Jacques Melot <melot@xxxxxx>

 Le 17/05/99, à 19:28 +0000, nous recevions de François Dely [forum
TYPOGRAPHIE] :

>Ave,
>
>Vu rapidement, sur un livre ancien,
>un traité de droit écrit en latin
>qui semble avoir été composé
>à Amsteel (Hollande).
>
>Apud Johannem Janssonium
>
>< l >    l > <   X L V I
>
>
><  représente un caractère proche d'un c bas de casse.
>>  représente le même en miroir.
>
>I   représente soit un I  en capitale, soit un l bas de casse.
>(difficile à dire, empattement quasi inexistant, alignements
>suspects)
>Le tout signifie sans conteste 1600.
>
>Questions : Comment interpréter ce code numérique ?
>Quelqu'un connaît-il son histoire.



   Tout cela remonte aux calendes romaines ou presque... En effet, sur de
vieilles inscriptions romaines on trouve pour 1000 une inscription spéciale
rappelant un phi (grec; en grec le phi était le symbole de 500) : un cercle
barré d'un diamètre vertical (mais aussi le signe utilisé maintenant pour
infini et celui utilisé actuellement pour une relation d'équivalence, conçu
comme un signe infini privé de sa moitié déterminée par l'axe de symétrie
horizontal). Le nombre 500 se trouve sous la forme de ce cercle barré,
moins la moitié supérieure du cercle (formant ainsi une figure rappelant le
psi grec). Bref, 1000 était désigné par un c suivi d'un I pour d'un autre
c, mais symétrisé sur son axe vertical, d'où aussi la notation D (I suivi
de C symétrisé) pour 500. Cette notation a été reprise généralement par les
imprimeurs du XVIe, lesquels, de plus, décalaient souvent légèrement le C
symétrisé de droite vers le bas, de même que le I dont le sommet était
aligné sur celui du C (lequel était moins haut que le I).

   Dans les calculs, l'ajout d'un C symétrisé à droite de 500 multipliait
ce nombre par dix alors que l'ajout de C à gauche ajoutait cent. En
convenant, ci-dessous, que < représente C et > son symétrisé, on a :

<I> = 1000;
I> = 500;
<I>> = 5 000;
<I>>> = 50 000.

   Si l'on mettait autant de  <  que de  >  de l'autre côté, on multipliait
le nombre de droite par 2 :

<I>> = 5 000, et donc <<I>> = 10 000;
<<<I>>> = 100 000, etc.

   Un trait courant au dessus d'un nombre le multiplie par 1000, un trait
courant plus deux traits verticaux de part et d'autre multipliait par 100
000.

   Pour simplifier encore un peu plus les choses, il y avait des variantes
locales ayant des allures d'erreurs fixées. Cette syntaxe n'était pas
univoque et il était possible d'obtenir le même nombre en passant par des «
chemins » (combinaisons de procédés) différents. Heureusement que les
Arabes sont passés par là!

   Salutations amicales,

   Jacques Melot, Reykjavík


[...]
>Francis Dely
>
>AoV
>fd
>fdalplr@xxxxxxxxxxxxxxx