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Message : Re: Ponctuation

(Pierre Hallet) - Jeudi 03 Février 2000
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Subject:    Re: Ponctuation
Date:    Thu, 3 Feb 2000 23:38:27 +0100
From:    "Pierre Hallet" <pierre.hallet@xxxxxxxxx>

Bonsoir,

Le profane intéressé que je suis a suivi avec beaucoup
d'intérêt le passionnant débat sur l'emploi de signes
insolites dans les raisons sociales.  Oserais-je risquer
quelques commentaires ?  J'ose.

>L'accaparement onomastique des signes de ponctuation par
>les marchands doit être combattu avec vigueur ! C'est un
>crime contre la langue écrite !

Bien difficile de ne pas être d'accord. La présence de
signes de ponctuation dans un nom est bien faite (enfin,
mal faite) pour perturber la lisibilité et pour causer
de fausses lectures. (Qu'il s'agisse ou non de marchands,
d'ailleurs.)

>Imaginons une raison sociale se terminant par un point
>d'interrogation (il doit en exister, mais aucun exemple
>ne me vient à l'esprit)...

Il y a eu longtemps en Belgique un hebdomadaire appelé
« Pourquoi Pas ? », et quand il a sombré quelques-uns de
ses journalistes ont fondé un éphémère successeur appelé
« Parce Que ! ». Mais c'étaient des titres de journaux,
peut-être pas exactement des raisons sociales.

>Que dire, oui, de ces gens qui comprennent la logique
>télématique et ses contraintes (3615 canalplus, non ?)
>et sont infoutus d'entraver sa contrepartie typographique ?

La différence est que le 3615 est un vieux standard, bête
comme une machine, et que platement il ne peut pas ; alors
que le typographe est un être humain et qu'il peut. Parfois
il ne veut pas, mais c'est une autre histoire (un patron
obstiné peut contraindre son typographe, pas son Minitel).

>Même remarque concernant les noms d'entreprises ou de
>marques affublés du signe « @ ». D'ailleurs, me semble-t-il
>(à vérifier), l'immatriculation des entreprises françaises
>fait fi de ces ridicules attributs.

Prenez garde à ne pas encourager la délocalisation, les
immatriculateurs des pays voisins pouvant être moins
regardants...  ;-)

>En France (et en français ?), l'enregistrement des noms
>de raison sociale, des noms commerciaux et des noms de
>marque, se fait exclusivement à l'aide des dix chiffres
>et des vingt-six lettres de l'alphabet. La seule exception
>que je connaisse, généralement admise, est celle du « et
>commercial », alias &.

Il fut un temps où « & » figurait dans des dictionnaires
comme une sorte de lettre supplémentaire de l'alphabet,
après « Z », même si c'est un peu lointain. Mais s'il y a
exception pour le « et commercial », pourquoi pas pour le
« a commercial » (l'arrobe), qui ne risque nullement de
perturber ni le sens ni la compréhension (au contraire
d'un point d'exclamation à la Yahoo) ?

Je pense à ce film appelé en anglais « You've got mail ».
On aurait pu en France laisser le titre tel quel (ça se
fait souvent) ou traduire (si j'ose dire) « Vous avez un
e-mail ». Quelqu'un a fait carburer son imagination et en
a sorti « Vous avez un mess@ge ». Personnellement, je
trouve cela pas mal... mais si dans un ouvrage sur les
films de 1998 on refuse l'arrobe et qu'on écrive « Vous
avez un message », voilà bien dénaturé le titre -- qui en
devient insipide -- et perdue l'idée qu'il véhiculait.

Ne criez pas trop... mais qu'est-ce qui empêcherait de
considérer « @ » comme un nouveau « a » à diacritique,
au même titre, ou presque, que « à » et « â » (voire
« ä », « á », « å » et « ã ») ?  Ce serait une lettre
sans version majuscule ?  Certes, mais « & » n'en a pas
non plus et est, lui, toléré. (Bien sûr, la logique de
tri serait à adapter, mais elle laisserait « mess@ge »
à côté de « message », comme elle laisse aujourd'hui
« côte » près de « cote ».)

Cordialement,
--
Pierre Hallet
pierre.hallet@xxxxxxxxx