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Message : Re: ON A TEMPETE (accents sur les caps) (Jacques Melot) - Vendredi 29 Septembre 2000 |
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Subject: | Re: ON A TEMPETE (accents sur les caps) |
Date: | Fri, 29 Sep 2000 18:34:28 +0000 |
From: | Jacques Melot <jacques.melot@xxxxxxxxx> |
Le 29/09/00, à 19:57 +0200, nous recevions de Olivier RANDIER :
>>Le dogmatisme n'est pas du côté que tu prétends. Tous ici, nous >>avons appris à l'école qu'on ne DOIT PAS accentuer les capitales. > > > Je ne me souviens pas d'avoir appris cela, d'autant plus qu'à >l'école nous n'avions jamais à capitaliser quoi que ce soit. Nous >n'étions d'ailleurs censé n'écrire qu'à la main (on ne nous apprenait >évidemment pas les règles appliquées dans la composition des textes >imprimés !). > Dans les petites classes, nous avons appris à écrire les >majuscules sans signes diacritiques sans qu'il n'y ait eu répression >particulière d'une éventuelle accentuation qui, vu les circonstances, >n'avait, de toute façon, que peu de chances de nous venir à l'esprit. > Nous avons appris - essentiellement par IMITATION - à écrire sans >accentuer les majuscules, et NON appris que l'on NE DOIT PAS >accentuer les majuscules : la nuance est de taille ! Il n'y a jamais >eu à ce propos la pression, cette fois bien réelle, que nous avons >subie lors de notre apprentissage des règles de grammaire, par >exemple. Je regrette, mais, en ce qui me concerne, c'est faux. J'ai au moins un souvenir précis de cette pression. Une prof de dessin nous a explicitement interdit de mettre les accents sur les majuscules : il était implicite, de la façon dont s'était dit, que le contrevenant aurait été mal noté. L'exercice consistait à faire une pancarte avec son nom et prénom, et, à la question posée (probablement pas par moi, puisque je n'ai pas d'accent dans mon nom), la réponse a été péremptoire : "on n'accentue pas les majuscules". J'avoue ne me souvenir ni de la classe, ni de mon âge. Je me rappelle juste que c'était une vieille fille complètement conne qui imposait ses goûts à ses élèves (elle a osé caviarder un de mes dessins, je l'aurais tuée).
M'enfin, si tu fais les questions et les réponses, que me reste-t-il à faire ?
Déjà, à l'époque, cette assertion ne m'avait pas paru naturelle. Il me semble même avoir demandé pourquoi on n'accentuait pas et la réponse avait été du style ; "pasqueu". ;-(
Évidemment, puisque c'était l'usage et que l'usage ne s'argumente pas.Du reste ta prof de dessin n'était pas chargée de t'enseigner cette histoire de capitales non accentuées : elle ne faisait qu'appliquer - méchamment, la salope - une règle d'usage et, ce faisant, t'imposait d'en faire autant.
>>J'arrêterai de dire qu'il faut accentuer les capitales lorsque les >>instituteurs et les professeurs arrêteront de dire qu'il ne faut pas >>le faire, OK ? > > ... comme il ne l'ont jamais SPÉCIALEMENT dit, à part ceux qui >précisément ont cette marotte. Et une marotte ce peut être n'importe >quoi. Je n'ai pas eu précisément l'impression que c'était une marotte. Simplement, c'était comme ça, et elle n'avait jamais remis la chose en question.
C'est un terrain propice pour exercer une forme de tyrannie, et ceux qui ont ça en eux ne s'en privent pas !
Peut-être que toi, tu n'as eu que de bons profs,
Bien sûr... puisque j'étais au Lycée Michelet en même temps que Jean-Pierre Lacroux...
mais je pense que pas mal d'entre nous, moins chanceux, ont été confronté explicitement à ce mythe, ne t'en déplaise.
Toujours heureux d'apprendre quelque chose de nouveau.
>>À cause de ce mythe, des habitudes ont été prises qui nous posent >>des problèmes quotidiens. Quand j'ai besoin de composer, pour des >>raisons d'encombrement, une longue liste de noms propres ou >>d'adresses en bas de casse et que je la reçois saisie tout en >>capitales sans accent, accorde-moi que j'ai des raisons de m'énerver. > > Oui, je connais ça (que de « rrrontudju @#!*$ » et « hver >röndóttr » !), mais cet argument n'est pas à la mesure de la >question. Il s'agit essentiellement d'une limitation technique du >moment, concernant une toute petite étape, un souffle dans une longue >évolution qui se poursuit. Que vaudra-t-il dans dix ans, compte tenu >de l'évolution des techniques ? > Là, je ne comprends pas. Lorsqu'un texte comportant des noms propres en capitales n'est pas accentué, l'orthographe des noms est impossible à restituer, la technique et son évolution n'a rien à voir là-dedans (et qu'on ne me parle pas de logiciels restituant l'accentuation, ça ne peut pas marcher avec les noms propres).
T'occupes ! Tu fais ton boulot sur ce qu'on te fournit. Si les commanditaires sont déçus par le résultat, ce qui, malheureusement n'est pas certain, il auront au moins appris quelque chose.
>>-- Il est vrai que l'absence d'accentuation pose peu de problèmes, >>les rares ambiguïtés vraies pouvant être levées par le contexte. >>Mais le premier rôle du typographe est de ne pas compliquer le >>travail du lecteur. Si l'on prend l'exemple de >>CHARLES PASQUA DEGOUTE PAR LES REVELATIONS POSTHUMES DE MONSIEUR >>MERY, le lecteur pourra assez facilement déterminer l'orthographe >>réelle de DEGOUTE, mais ça lui réclamera un effort. Trop souvent >>répété, cet effort engendrera un inconfort de lecture. Lisez _À la >>recherche du temps perdu_ en capitales (ce qui n'est pas conseillé, >>j'en conviens) accentuées et non accentuées et comparez le nombre de >>cachets d'aspirine nécessaires. > > Cas d'école : cite moi donc une raison pratique, réelle, même >mauvaise (enfin pas trop...), pour le faire (non ! pas compter le >nombre de cachets, mais capitaliser intégralement Proust). Avec de >tels exemples tu risques sérieusement d'être gratifié de qualités >légendaires... > Tu le fais exprès ? Mon exemple avait seulement pour but d'illustrer l'effort que représente la lecture d'un texte en capitales non accentuées.
À quoi bon, si le cas ne se présente jamais que sous formes de bribes minuscules ?
Volontairement stupide,
ce fut une réussite remarquable...
il visait à amplifier
id.
la perception de cet effort par la quantité de texte en jeu, pour que le lecteur puisse se le représenter, c'est tout. La lisibilité d'un texte tient à des facteurs qui peuvent paraître infinitésimaux, mais, qui, répétés tout au long d'un texte peuvent modifier profondément le confort de lecture.
Je suis d'accord sur ce point crucial, moins sur tes estimations.
L'accentuation d'un texte est un de ces facteurs, c'est tout.
Oui. Oui, mais je ne suis pas persuadé qu'il joue exactement comme tu le penses. Une présentation inhabituelle attire l'attention sur le texte lui-même et en freine, tant soit peu, la lecture. Mais je ne veux pas user trop de cet argument, car il risque de mener à une sorte de fixisme aux antipodes de mes préoccupations. Dans l'état actuel des choses, je pense que c'est peu souhaitable dans le cas de la fiction littéraire. Plus tard, sans doute, oui.
Et puis, il y a de plus en plus de graphistes qui semblent ignorer que la composition en capitales est à utiliser avec parcimonie et bonessian, ce qui fait que mon exemple n'est peut-être pas si extravagant que cela...
Si, sérieusement, il l'est.
On voit déjà des chapôs complets d'articles en tout caps. Tiens, tu veux un exemple réaliste : tu prends un compte rendu d'un grand colloque, à la fin, tu peux trouver, disons 4 pages d'annuaire des intervenants avec leur ville d'origine, composé en tout caps. Une version avec accents, une sans. Compare simplement le temps de lecture par deux groupes témoins (je te laisse le choix du protocole expérimental, pourvu qu'il soit équitable).
Là je dois m'avouer battu. La dégénérescence est-elle donc si avancée dans ce bon pays qui est le nôtre ? Sur ce, je sors m'acheter du cholestérol sous une forme attrayante. À plus tard !
Jacques Melot
Olivier RANDIER -- Experluette mailto:orandier@xxxxxxxxxxx http://technopole.le-village.com/Experluette/index.html Experluette : typographie et technologie de composition. L'Hypercasse (projet de base de données typographique), l'Outil (ouvroir de typographie illustrative).
- Re: ON A TEMPETE (accents sur les caps), (continued)
- Re: ON A TEMPETE (accents sur les caps), Jef Tombeur (29/09/2000)
- Re: ON A TEMPETE (accents sur les caps), Philippe Jallon (29/09/2000)
- Re: ON A TEMPETE (accents sur les caps), Olivier RANDIER (29/09/2000)
- Re: ON A TEMPETE (accents sur les caps), Jacques Melot <=
- Re: ON A TEMPETE (accents sur les caps), Philippe Jallon (29/09/2000)
- Re: ON A TEMPETE (accents sur les caps), Lacroux (29/09/2000)
- Re: ON A TEMPETE (accents sur les caps), Jacques Melot (02/10/2000)
- Re: ON A TEMPETE (accents sur les caps), Lacroux (02/10/2000)
- Re: ON A TEMPETE, Pierre Duhem (28/09/2000)
- Diacrités américains, Jef Tombeur (28/09/2000)
- Re: Diacrités américains, Patrick Cazaux (28/09/2000)