Re : Accent sur les capitales et espaces

[Jacques Melot <jacques.melot@xxxxxxxxx>]

 Le 3/10/00, à 4:05 +0200, nous recevions de Olivier RANDIER :

> >Dire que 99 % des livres étaient composés sans accents sur les capitales est
> >une énormité ?
> >J'attend les nombreux exemples contraires. Je parlais du corps du texte d'un
> >livre et de l'utilisation de tous les accents possibles sur des capitales.
>
> Bon, ben, vous pouvez tous jeter vos livres des collection La Pléiade,
> Classiques modernes (Livre de poche), Bouquins, au pilon, ainsi que le
> Grevisse et le Petit Robert, puisque non conformes à la "tradition".
> Grevisse et Robert sont accentués intégralement, bien sûr, ainsi que
> Classiques modernes et Bouquins. Pléiade n'accentue pas À dans le texte,
> mais accentue bien les initiales. Dans une édition de 76, bien antérieure à
> la PAO, donc, j'ai sous les yeux un oncle Édouard (puisqu'on en parlait).
> Toujours dans la même édition de 76, j'ai le titre suivant : MORT À CRÉDIT.


   Les titres, surtout sur les couvertures, c'est différent. Ils 
peuvent être accentués, même si le contenu de l'ouvrage ne l'est pas 
ou ne l'est que suivant une règle d'accentuation partielle (dans les 
titres, les éléments esthétiques prennent le pas, comme dans le cas 
des lettrines).


> Je vais aussi bruler mon Sartre de 1950, mon Henri Miller de 46, ainsi que
> l'Iliade aux Belles Lettres de 36 (au plomb) au même dispositif que La
> Pléiade.
>
> >J'aimerai savoir qui a réalisé en plomb cette prouesse alors que les accents
> >n'existaient que pour la lettre E.
> >En fait je crois que TOUS les livres n'avaient pas d'accents sur les À, Ô, Ù
> >etc.
>
> Vous confondez deux choses : le fait que les accents ne soient souvent pas
> portés sur les À et les Ô initiaux, parce qu'ils étaient dans un casseau à
> part (ou carrément pas commandés au fondeur),


   pourquoi cela en France, mais pas partout ailleurs ?


> ce qui coutait cher, et le
> fait qu'on n'accentuerait pas les initiales en général.


   même remarque que ci-dessus.


> Toutes les
> collections citées (on pourrait certainement en citer plein d'autres)
> accentuent É en initiale. Il ne s'agit donc pas d'une position de principe,
> mais d'une difficulté technique.


   pourquoi cette difficulté ne devait pas être surmontée en France, 
alors qu'elle l'était ailleurs ?

   Réponse : parce que ce que cela n'avait pas la même importance 
pour les Français (cf. ce message, que je n'ai pas le temps de 
retrouver, il y a quelques jours, où l'un d'entre nous écrivait, 
« ... du moment qu'on comprend » ou quelque chose comme ça).
   Si vous n'êtes pas prêt à payer le prix pour quelque chose, c'est 
que vous estimez que ça n'en vaut pas la peine ! C'est une question 
de mentalité : le Français arrête son effort dès qu'il considère que, 
pratiquement, le gain en le poursuivant serait minime relativement à 
la perte d'énergie et au désagrément supplémentaire causés. (En 
général, cette cessation de l'effort se fait d'ailleurs en deçà de ce 
qui a été prévu.) Telle est notre forme de pragmatisme et telle n'est 
précisément pas celle des germaniques ! Qui a raison dans tout cela ? 
Eh bien, cela ne s'estime tout simplement pas à cette aune. Ce sont 
deux conceptions différentes, qui, chacune, si l'on veut parler en 
ces termes, présentent des avantages et des inconvénients. Il est 
certainement plus intéressant de rappeler que toutes deux sont 
associées à de grandes réalisations.



> Si l'on examine la tradition, elle nous dit donc simplement : on accentue
> les initiales, sauf À et Ô, parce que ça coûte trop cher. Cette difficulté
> a disparu, pourquoi faudrait-il à toutes forces prolonger les usages
> qu'elle a suscités ?



   C'est entendu, mais ta dernière phrase est ambiguë ou 
insuffisamment précise. Veux-tu dire que l'on doit partir en croisade 
contre l'usage (s'entend les usages) ou faire fi de l'usage pour, en 
l'induisant par l'exemple, introduire celui, unique parce que réduit 
à suivre une règle très simple, consistant à accentuer 
systématiquement ?



> Je ne me prononcerais pas sur les Ù initiaux, n'ayant pas réussi à en
> trouver. ;)
> _________________________________________
>
> Bon, sur ce, je crois qu'il serait bon que tout le monde se calme.


   Il m'avait pourtant semblé que tout le monde était calme.



> On a
> remué les arguments dans tous les sens et les esprits s'échauffent. Prenez
> le temps de vous relire les uns et les autres et essayez tous d'examiner
> les arguments objectivement. Je crois qu'on a épuisé la question et notre
> auditoire, après c'est une affaire de conviction.


   Il est préférable de laisser les thèmes se clore d'eux-mêmes, si 
tu ne veux pas prendre le risque d'engendrer une certaine 
insatisfaction (justifiée !) chez des personnes qui estimeraient 
avoir encore quelque chose à dire (calmement) ou simplement... à 
répondre à ce que tu viens d'écrire ! Excuse-moi de me montrer franc, 
mais cette technique est généralement utilisée lorsque l'on désire ne 
pas poursuivre un thème dans lequel on ne se sent pas très à l'aise 
pour défendre son point de vue.


> En ce qui me concerne, ma
> religion est faite, maintenant.


   Attention ! les mots « guerre », « persécution », « intolérance », 
etc., sont souvent associés à celui de « religion », qu'ils suivent 
souvent de près.



> En tous cas, cet échange m'a permis de
> clarifier mes pensées et de distinguer les arguments pertinents des faux
> problèmes, dans un sens comme dans l'autre, ce qui me sera très utile pour
> la FAQ.


   Ça ne va pas être facile facile...

   Bien amicalement,

   Jacques Melot, un animé



> L'animateur
>
> Olivier RANDIER -- Experluette		mailto:orandier@xxxxxxxxxxx
> 	http://technopole.le-village.com/Experluette/index.html
> Experluette : typographie et technologie de composition. L'Hypercasse
> (projet de base de données typographique), l'Outil (ouvroir de typographie
> illustrative).