Archive Liste Typographie
Message : Re : (était Re: Ponctuation, lit. comp. (était 2 petitesquestions)

(Oudin-Shannon) - Lundi 16 Octobre 2000
Navigation par date [ Précédent    Index    Suivant ]
Navigation par sujet [ Précédent    Index    Suivant ]

Subject:    Re : (était Re: Ponctuation, lit. comp. (était 2 petitesquestions)
Date:    Mon, 16 Oct 2000 20:54:27 +0200
From:    "Oudin-Shannon" <liberman@xxxxxxxxxxxxx>

>C'est ce que j'ai voulu dire dans le message suivant (« le pire des
>correcteurs » signifiant le plus compétent, le plus intransigeant, le
>plus pinailleur, pas la honte de sa profession ! -)


« Rappelons enfin qu'une VIRGULE NE DOIT JAMAIS SÉPARER le sujet du verbe ni
celui-ci de son complément. »

Code typographique, page 104.


« Larbaud raconte qu'il voulait écrire, dans Allen :

Vous, devenez [...].

Le typographe s'y opposa, invoqua l'usage, la règle : on ne sépare point le
sujet du verbe. Mais Larbaud voulait les séparer, non pas qu'ils'agit d'un
vocatif, mais plutôt d'une insistance. Il voulait que l'on comprit :

Quant à vous, vous devenez [...].

...comme on aurait dit :

Lui (,) devenait...

Refus du typographe : la règle, l'usage... Insistance de Larbaud, qui
invoque la ponctuation espagnole, et qui ne savait pas qu'en 1939 le
grammairien Jacques Damourette avait réclamé pour cet usage un nouveau
signe, la « pausette », figurée par une virgule renversée... Obstination du
typographe. Il fallut en appeler à l'arbitrage de l'éditeur. On trancha : il
y aurait bien une virgule, mais Larbaud devrait l'expliquer par une note en
bas de page. Il fallut se plier à ce jugement qui aurait fait ricaner le roi
Salomon ! Larbaud, en son for intérieur, comptait bien supprimer cette note
superflue dans une édition ultérieure; Ce qu'il fit. Si cela ne ressemble
pas à un armistice, avec ce que cela suppose d'amertume, d'arrière-pensées,
mais aussi d'absurde et de dérisoire, qu'est-ce donc ?... »

Traité de la ponctuation française, Jacques Drillon, pages 61-62.

Alors prudence sur les correcteurs les plus intransigeants et les plus
pinailleur...
Dans son livre Drillon donne plusieurs exemples de textes dénaturés par des
typographes et des correcteurs.

Jérôme Oudin