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Message : Re: Que faire a priori

(Luc Bentz) - Mercredi 18 Octobre 2000
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Subject:    Re: Que faire a priori
Date:    Wed, 18 Oct 2000 22:18:32 +0200
From:    "Luc Bentz" <bentz-lf@xxxxxxxxxx>

----- Message d'origine -----

Quelqu'un avait écrit à la liste « Typographie » (qui me pardonnera
d'effacer son nom, mais il me paraît utile d'adresser également ma
réponse à la liste « langue-fr ».

Envoyé : mercredi 18 octobre 2000 21:24
Objet : Que faire a priori


> a priori que choisir :
> « à priori » ou « _a priori_ »

Ceux qui tiennent à la formule latine (« a » sans accent) devraient
alors, comme il sied selon la Sainte Écriture (Lexique de l'IN) utiliser
l'italique (ou le romain dans un texte en italique).

Les autres, soucieux de ne pas ajouter à une confusion qui conduit trop
souvent à confondre « a/à » considérer que l'expression, nonobstant les
lexicographes actuels, doit être francisée en « à priori ».

Il s'appuieront en cela - ainsi que me l'enseigna naguère Lacroux - sur
le propos d'Émile.

<LITTRÉ>

PRIORI (à) (a-pri-o-ri), loc. adv.

    Terme de logique. D'après un principe antérieur admis comme évident.
La nature de la force motrice étant inconnue, il est impossible de
savoir à priori si cette force doit se conserver, LAPLACE, Exp. III, 2.
    Avec un sens défavorable, d'après des raisonnements non suffisamment
appuyés sur les faits. Il veut se jeter après lui [l'anabaptiste
Jacques] dans la mer, le philosophe Pangloss l'en empêche en lui
prouvant que la rade de Lisbonne avait été formée exprès pour que cet
anabaptiste s'y noyât ; pendant qu'il le prouvait à priori, le vaisseau
s'entr'ouvre, VOLT Cand. 5. Raisonner ce qu'on appelle à priori est une
chose fort belle ; mais elle n'est pas de la compétence des humains, ID.
Lett. Pr. roy. de Pr. 8 mars 1738.
    S. m. Un à priori, un raisonnement à priori. Des à priori.

ÉTYMOLOGIE :

    Lat. a, de, et priori, qui est avant.

</LITTRÉ>

On peut compléter grâce à l'INALF qui publie en ligne la 8e édition du
dictionnaire de l'Académie :

<ACAD. 8e>

(1) À PRIORI. Locution empruntée du latin. D'après des données
antérieures à l'expérience, en s'appuyant sur les principes de la
raison. Les axiomes sont des vérités à priori.

</ACAD. 8e>

(Il est regrettable que la 9e édition ait laissé tomber l'accent).

Complétons cependant par l'article « à priori » du Trésor de la langue
française informatisé (toujours accessible depuis le site de l'Inalf).

<TLFI>

Solution 1/1 : À PRIORI, loc. adv., adj. et subst.
------------------------------------------------------------------------
--------

À PRIORI, loc. adv., adj. et subst.
LOGIQUE
A._ Loc. adv. D'après des données antérieures à l'expérience. Démontrer
une vérité à priori; raisonner, prononcer à priori (Ac. 1835, 1878).
Anton. à posteriori*.
_ P. ext. ,,Avec un sens défavorable, d'après des raisonnements non
suffisamment appuyés sur les faits.`` (Littré).
B._ Emploi adj. Qui ne se fonde pas sur des données d'expérience.
Raisonnement, idée, connaissance à priori.
_ P. ext. [Chez C. Bernard] Qui est antérieur à telle expérience. Une
idée a priori est une hypothèse (Lal. 1968).
C._ Emploi subst., inv. gén. au plur. Les apriori mathématiques (P.
Schaeffer, À la recherche d'une mus. concr., 1952, p. 183) :

... la philosophie de l'absolu n'était pas au fond sans emprunter à
l'expérience et à l'induction des notions fort reconnaissables dans leur
plus extrême généralisation, et que de purs aprioris ne donneraient pas.
Renouvier, Essais de crit. gén., 3e essai, 1864, p. 145.

DÉR. Apriorité, subst. fém. Caractère de ce qui est donné a priori.
L'apriorité de la mort (Vuillemin, Essai sur la signification de la
mort, 1949, p. 307).(1907, O. Hamelin, Essai sur les éléments principaux
de la représentation, p. 202; suff. -ité*).
PRONONC. ET ORTH. _ 1. Forme phon. : []. Dub. et Pt Rob. transcrivent la
loc. avec yod de passage : (--), Warn. 1968 sans yod (cf. aussi Littré
et DG, seuls dict. hist. à transcrire cette loc.). 2. Forme graph. _ Ac.
1932 écrit à priori (v. de même Ac. 1835, 1878, Besch. 1845, Littré, DG,
Pt Lar. 1906, Quillet 1965). Écrivent a priori, sans accent, Lar. 19e,
Guérin 1892, Rob., Lar. encyclop., Dub. et Lar. Lang. fr. Nouv. Lar.
ill. admet les deux graph., respectivement comme la graph. ,,francisée``
et comme la graph. lat. La graph. apriori, en un seul mot, est
exceptionnelle (trois occurr. _ uniquement des emplois subst. _ dans le
corpus littér. [une occur. ds Schaeffer 1952, supra, et deux ds
Renouvier 1864, dont une citée supra]; nombreux ex. des graph. en deux
mots [y compris ds Renouvier et Schaeffer], dont une vingtaine d'emplois
subst. [aucun ds Renouvier et Schaeffer]). Cf. à posteriori.
ÉTYMOL. ET HIST. _ 1. 1626 loc. adv. « d'après les données antérieures à
l'expérience » (Lettre du Fr. François à Mersenne, janv. 1626 ds
Correspondance du P. Marin Mersenne, éd. Dewaard, t. 1, p. 371 : Ou bien
il faut imputer ceste heureuse differance d'esprits au principe
metaphisique de l'individuation, lequel n'a point de raison a priori, ni
de cause, et qui s'impose sans pouvoir estre questionné); 1738
défavorable « avant d'examiner les faits, les motifs » (Voltaire, Lettr.
Pr. roy. de Pr. 8 mars ds Littré s.v. priori : Raisonner ce qu'on
appelle à priori est une chose fort belle; mais elle n'est pas de la
compétence des humains); 2. 1845 subst. (Besch. : On dit aussi posséder
un à priori, c'est à dire posséder un principe qui peut guider
indépendamment de toute expérience, de toute observation).
Lat. scolast. composé de la prép. a (voir à) et de priori, de prior
 qui est premier, avant »; la forme attendue serait a priore; priori
peut s'expliquer par le fait qu'à basse époque (surtout en lat.
mérovingien) les graphies i pour  et u pour  sont assez fréquentes (cf.
V. Väänänen, Introduction au lat. vulg. Paris 1963, 54).>ety/>
STAT. _ A priori. Fréq. abs. littér. : 532. Fréq. rel. littér. : xixe s.
: a) 308, b) 523; xxe s. : a) 784, b) 1 246. Apriorité. Fréq. abs.
littér. 1.
BBG. _ Bach.-Dez. 1882. _ Bal.-Maq. 1968. _ Battro 1966. _ Cros-Gardin
1964. _ France Suppl. 1907. _ Goblot 1920. _ Julia 1964. _ Lal. 1968. _
Mantoy 1971. _ Miq. 1967. _ Mor. 1968. _ Ros.-Ioud. 1955.

</TLFI>

Sur l'utiliter de franciser, voir la page
http://www.chez.com/languefrancaise/fllf/199909/forum.htm

(Même si ça cause de forums, c'est parfaitement transposable).

Bien amicalement à tout le monde,

Luc Bentz
--
http://www.chez.com/languefrancaise/