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Message : Re: Johannesbourg ou Johannesburg ?

(Jacques Melot) - Lundi 02 Septembre 2002
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Subject:    Re: Johannesbourg ou Johannesburg ?
Date:    Mon, 2 Sep 2002 16:17:54 +0000
From:    Jacques Melot <jacques.melot@xxxxxxxxx>

 Le 2/09/02, à 16:21 +0200, nous recevions de Bernard Déchanez :

Le 2.9.2002 12:17, « Patrick Andries » <pandries@xxxxxxxxx> a écrit :

 Selon vous (ou des règles auxquelles vous souscrivez) faut-il écrire

   Johannesbourg (comme dans Saint-Pétersbourg, l'ONU
 > http://www.un.org/french/events/wssd/ et Yahoo!
 http://fr.fc.yahoo.com/j/johannesbourg.html)

 ou

   Johannesburg (parce que c'est un nom de ville et « donc » immuable, comme
Libé http://www.libe.fr/page.php?Article=50517, Le Monde http://www.lemonde.fr
 et Radio-Canada

http://www.radio-canada.ca/util/urljs.html?/nouvelles/Index/nouvelles/200209/0
 1/014-johannesburg-dimanche.shtml) ?


 Patrick A.


Je trouve la règle de l'ONU très logique et courageuse.



La logique ne fait pas particulièrement bon ménage avec les questions de langue... Quant au courage, je ne vois pas qu'il faille faire preuve d'un courage particulier pour écrire « Johannesbourg », plutôt que « Johannesburg ». D'une part, nous ne savons pas si l'emploi de cette orthographe est volontaire et, d'autre part, il n'y a là personne ni quoi que ce soit à... affronter (ou si peu).

Lorsque j'ai rédigé mon message précédent, je n'étais pas allé voir la page de l'O.N.U. en question ici. Depuis, j'y ai jeté un coup d'oeil. Je suis bien d'accord pour y voir, une initiative tout à fait défendable, s'il s'agit d'une orthographe choisie délibérément. Le fait pour une ville de recevoir un nom dans une langue étrangère est d'une manière ou d'une autre une forme de reconnaissance. Ce qui se passe en ce moment à Johannesburg peut être considéré comme magnifiant la ville et adopter une francisation participe à faire entrer la ville et l'événement dans notre vie.



Je ne détecte aucun
caractère immuable dans le nom d'une ville. Il n'est pas souhaitable de
parler de London, København, Warzawa ou Moskva pour Londres, Copenhague,
Varsovie ou Moscou dans un texte en français. L'Union postale universelle
(UPU) proposait bien une règle pour les adresses postales. Le nom du pays en
langue française (le français était la langue d'échange des correspondances
entre les administrations postales) et le nom de la ville selon la
consonance ou la langue nationale, soit bel et bien London, Warzawa,
København, Hamburg, Bern, Basel, etc.



Ces règles sont logiques et raisonnables, même si elles ne sont pas toujours respectées (et le sont de moins en moins). Lorsque la lettre circule hors du pays de destination, les informations qui permettent de la diriger doivent être rédigées dans la langue universelle conventionnelle des postes (le français). Cela vaut donc pour le nom du pays de destination et les indications de service telles que « Par avion », « Lettre », « Petit paquet », « Recommandé », etc. D'autres indications de service ne sont utiles qu'à l'intérieur du pays de destination et peuvent être écrites soit en français, soit, de préférence, dans une des langues nationales du pays. Si vous envoyez une lettre en Islande à un destinataire dont l'adresse comporte mention d'une boîte postale, cette dernière doit être indiquée par « B. P. [suivi du numéro de boîte] » ou, mieux, « Pósthólf [num.] ». L'usage de plus en plus fréquent de « P.O. Box » est, dans l'esprit, une infraction ou, plus exactement, un signe de mépris pour le français, puisque ce faisant celui qui emploie cette expression signifie par là sensiblement « je considère que la langue universelle des postes est l'anglais et non le français ». En réalité, et ceci vaut aussi bien pour la France, beaucoup de gens dont la correspondance internationale est limitée ou occasionnelle ignorent le statut particulier du français dans le domaine des postes et ne pensent pas à mal en employant de l'anglais par imitation.



Toutefois, une règle immuable (mais rarement respectée) pour les adresses
peut se concevoir à la rigueur, mais dans un texte français ce n'est plus
supportable. En Suisse, par exemple, pays quadrilingue, il n'est pas
question d'utiliser Basel pour Bâle, Bern pour Berne, Zürich pour Zurich,
Winterthur pour Winterthour, Thun pour Thoune, etc., dans les textes en
langue française. Les Suisses francophones admettent fort bien et
reconnaissent Genf pour Genève, Neuenburg et Freiburg pour Neuchâtel et
Fribourg dans les écrits en langue allemande. Les Tessinois y vont aussi de
Ginevra, Friburgo, Berna, Zurigo, Basilea dans leurs textes.

Il est vrai que de sérieuses connaissances linguistiques et géographiques
sont aussi nécessaires aux correcteurs.



   Un bien noble métier ! (Je ne suis pas correcteur.)

   Jacques Melot



L'ONU (siège de New York) semble
donc attentive à ces différences linguistiques. Bravo !

Bernard Déchanez