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Message : Re: Typographie anglaise (Jacques Melot) - Dimanche 22 Septembre 2002 |
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Subject: | Re: Typographie anglaise |
Date: | Sun, 22 Sep 2002 18:15:25 +0000 |
From: | Jacques Melot <jacques.melot@xxxxxxxxx> |
Le 22/09/02, à 14:12 +0200, nous recevions de Michel Bovani :
Le 22/09/02 11:57, « Jacques Melot » <jacques.melot@xxxxxxxxx> a écrit :C'est vrai que de bon matin, comme ça, un dimanche, ça fait plutôt douche froide, mais j'écris quand je trouve le temps de le faire. Dans l'ensemble, je me permets ce genre de contribution en fin de semaine, lorsque l'activité technique du forum est faible ou souvent même nulle. Notez aussi qu'il s'agit d'un P.-S., la partie que vous trouvez insultante ne constituant que quelques lignes que j'estime bien placées. Elles viennent dans la foulée d'autres réactions allant dans le même sens : la reddition sans combat, la fleur au fusil, devant quelque chose qui ni plus ni moins s'attaque à notre identité en la mettant réellement en danger.Cher Jacques, Je vous prie tout d'abord de me pardonner la « réponse » précédente, dûe à une fausse manoeuvre. Je dois dire que lorsque votre réponse à Dominique est arrivée, j'ai été aussitôt mal à l'aise et que je comprends sa réaction. Après réflexion, ce qui me gêne vraiment, c'est que dans un débat d'idées, vous vous appuyiez sur ce que l'on appelle en général « une période troublée de l'Histoire de France ».
L'événement en soi, aussi pénible et honteux soit-il, n'a aucune importance pour lui-même dans mes propos et j'aurais pu tout autant en choisir un autre, à cela près qu'il aurait eu sans doute moins d'impact : ce que j'ai essentiellement en vue est de mettre en évidence de manière frappante l'inertie des mentalités et de ce qu'on pourrait peut-être appeler la personnalité des peuples, dans ce que tout cela a de dangereux chez nous. Ce sont toujours les mêmes mécanismes qui guident le comportement et les choix des Français un demi siècle après le triste événement de l'occupation et cela peut encore durer des décennies, car tout comme en géologie l'unité de temps est le million d'années, l'unité en ce qui concerne les changements dont je viens de parler doit être sensiblement de l'ordre du siècle. Autrement dit, si, par impossible, ce qui s'est passé il y a cinquante ans venait à se reproduire maintenant, il ne fait pas de doute que les Français se conduiraient essentiellement de la même manière qu'ils l'ont fait à l'époque - pour le meilleur et pour le pire -, et ceci vaut également pour les Allemands (auxquels, je tiens à le souligner, je ne me suis pas intéressé ici autrement qu'en les citant incidemment, parce que dans l'exemple choisi je ne pouvais guère faire autrement).
Tout comme la société française est imprégnée de catholicisme, elle est également imprégnée de la très forte et très envahissante mentalité administrative française. Il en résulte que, pour parler de manière générale avec toutes les restriction qui s'imposent dans un tel cas, notamment concernant l'individu, le Français, relativement à l'anglo-germanique, est de caractère bien plus pusillanime (« frileux »). Cela le pousse naturellement à éviter systématiquement l'affrontement et donc à utiliser son intelligence à désamorcer les conflits dans lesquels il se trouve impliqué. Jusqu'à présent, tout cela ne présente pas que des aspects négatifs, puisque, après tout, tenter de résoudre les conflits sans recourir à la force est plutôt un indice de civilisation (c'est le moment de penser aux... Didots de Jacques André). Le malheur veut que, au niveau de l'individu, l'exigence interne de sécurité devient facilement disproportionnée, ce qui mène à éviter les tensions et autres états conflictuels, pour ne pas parler des combats nécessaires, à tout prix et, qui plus est, à n'importe quel prix, y compris celui qui consiste à sacrifier le patrimoine, chaque étape de cette gabegie constituant un précédent pour une prochaine étape où l'on se comportera de manière encore plus cynique et insolente, pour finir par perdre toute retenue. Une peau de chagrin !
Cet faiblesse quasi constitutionnelle de caractère (où les Suédois voient un « ventre mou » et donc, en nous, un allié peu sûr) peut avoir des conséquences très graves comme on l'a vu pendant la Seconde Guerre mondiale et peut en avoir encore de comparables par leur importance. Quelque chose de semblable se prépare en Europe, qui n'est pas encore reconnaissable comme tel et qui donc n'est pas susceptible de déclencher pour le moment les mécanismes issus de la reconnaissance d'une situation déjà vécue et dont on aura tiré, du moins chez certains, un minimum de leçons qui permettra que les choses se passent de manière un peu différente et, peut-on l'espérer, dans le bon sens. L'Europe s'est faite ou se fait en ayant préparé de longue date et dans le détail les aspects concernant l'économie, la communication, etc., sans oublier l'appareil policier et répressif, mais, par contre, dans l'oubli intégral du facteur humain le plus profond, à savoir dans l'oubli du problème posé par la réunion sous une réglementation contraignante et uniforme de peuples de mentalités, de sensibilité et d'aspirations très différentes et souvent incompatibles. La question de l'identité a été intégralement gommée, ce qui, transposé au niveau de la langue, se traduit par des réponses sur le modèle de « la langue n'est qu'un instrument » donnée par les anglophones devant les doléances concernant l'usage de l'anglais au détriment des autres langues, et ceci - comme toujours ! - ne peut déboucher que sur un bain de sang. Le malheur est que ces choses se font relativement lentement à l'échelle de l'individu et que le changement est donc insidieux, passant inaperçu jusqu'au moment où il apparaît à l'évidence tellement il est devenu important. Et les Français se réveillent toujours au dernier moment, le plus souvent lorsqu'il est bien trop tard pour éviter le pire.
J'espère que ces quelques explications vous permettront de mieux comprendre ma démarche.
On peut évidemment toujours trouver des ressemblances, mais ce genre de parallèle présente de gros inconvénients (pour rester aussi neutre que possible). Tout d'abord, il s'agit de faits sur lesquels l'Histoire, justement, a tranché, de la manière que l'on sait : si l'on vous suit, votre interlocuteur n'a aucune chance d'avoir raison, et même il a tort de la pire des façons. Ensuite, et ça me semble encore plus ennuyeux, si l'on finit par se dire qu'après tout, il ne s'agit que de fines après les guillemets ouvrants, cela risque fort de banaliser des crimes dont certains d'entre nous, peut-être des co-listiers qui vous lisent, souffrent encore aujourd'hui. Sur le reste (hors-charte, postage multiple, etc.) je dois dire que vraiment je n'ai pas d'opinion. Je vous demande de ne voir là dedans rien de personnel : j'apprécie en général vos contributions, que je lis, parfois au prix de quelque effort, depuis plusieurs années, et je n'ai aucun doute sur votre probité.
Je m'en réjouis et vous remercie de votre confiance. Jacques Melot
-- Michel Bovani
- Re: Typographie anglaise, (continued)
- Re: Typographie anglaise, lldemars (22/09/2002)
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Re: Typographie anglaise, Jacques Andre (22/09/2002)
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- Re: Plomb, jerome_rigaud (24/09/2002)