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Message : Re: [typo] Re: femmes & typo

(Jef Tombeur) - Vendredi 18 Juillet 2003
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Subject:    Re: [typo] Re: femmes & typo
Date:    Fri, 18 Jul 2003 10:22:54 +0200
From:    "Jef Tombeur" <jtombeur@xxxxxxx>

From: "Jean-François Roberts" <jean-francois.roberts@xxxxxxxxxx>

> Mais la broderie de texte entre-t-elle dans la typo ? Si oui,
c'est tout un champ à défricher

Bonne interrogation. Qui recoupe une petite recherche rapide que
j'ai menée sur certains termes de la typo pour un essai de termino,
pour lequel ce que Jacques André a déja publié m'a bien aidé par
moments.
J'ai tendance à me fonder sur la déf. d'un Néerlandais (ne me
demandez pas de retrouver son nom dans mes notes, là, j'ai une
charrette sur tout autre chose) qui considère que la typo est
l'emploi de caractères préfabriqués.
Bon, on peut chipoter, penser que les glyphes sont préfabriqués (ou
générés à partir d'un glyphe de départ, permettant d'obtenir des
rendus divers selon les forces de corps).
On a bien sûr, cf. Balarad (l'entreprise a changé de nom, il s'agit
du créateur de FontAssist), des polices créées en vue d'imprimer des
canevas. Et on peut considérer qu'une broderie ou un canevas est une
publication (une sortie particulière). M'enfin, ce serait tirer
l'aiguille un peu haut.

Pour en revenir aux femmes dans l'imprimerie et rebondir sur la
remarque à propos de la limitation des recherches au domaine
francophone (que j'évoque ici hors contexte), je signale au passage
que c'est bien arbitrairement que je me limite à l'aire géographique
des îles britanniques et des pays francophones européens.
Ce qui inclut des femmes ayant produit aux États-Unis et au Canada
mais originaires de cette aire européenne et dont on peut penser
qu'elles aient appris le métier dans leur pays d'origine.
En fait, on sait aussi que des imprimeurs déjà mariés ont émigré
ailleurs (au Portugal notamment) et qu'il conviendrait de voir si
leurs veuves ou filles ont travaillé avec eux ou ont poursuivi la
production après leur décès.
Et puis, j'ai aussi trouvé en ligne un article sur l'activité de
religieuses au Congo belge. Il semble que des religieuses d'une
imprimerie romaine (ou vaticane) aient fourni des manuels
d'alphabétisation et autres (sans doute en français, peut-être aussi
en langues du pays). Mais je ne peux pas, faute de temps, de moyens,
tout couvrir.
Par ailleurs, il est permis d'imaginer (cela reste à vérifier) que
des phénomènes constatés hors de la sphère en question aient produit
des conséquences identiques un peu partout. Par ex., une réticence
plus exarcerbée à l'emploi des femmes a été constatée aux É.-U. lors
de la phase d'introduction de la composition mécanique.
Beaucoup de compositeurs traditionnels ont perdu leur emploi, et
alors qu'on aurait pu penser que la mécanisation aurait incité les
employeurs à faire appel à des femmes, la pression des syndicats,
soucieux de recaser les adhérents, a pu conduire à faire régresser
l'emploi des femmes. Je n'affirme rien, je suppute, puisque je n'en
suis qu'à un stade d'exploration (fort brouillonne, désordonnée).

Évidemment, si repérer la production des femmes permettait d'induire
qu'elle a eu de l'influence sur la production typographique, ce
serait intéressant. Pour la période antérieure à (au pif) 1920-30,
j'en doute un peu. Sur la base du présupposé suivant : celles qui
produisent sont peut-être plus soucieuses de faire à l'identique
(voire mieux, mais sans trop s'écarter de la production de leur
temps) que d'innover.
Et si l'atelier d'une veuve avait innové, resterait à savoir si
c'est bien elle qui impulse l'innovation (et non l'un de ses
employés, ce qui n'enlève rien au fait que la veuve en question
laisse faire, encourage, adhère à l'innovation). Encore une fois, je
n'affirme rien. Je m'interroge. Loin de moi l'idée de chercher, même
inconsciemment (enfin, je crois sincèrement), à minimiser l'apport
des femmes à la création typographique, en tout cas qualitativement
(quantitativement, j'ai plutôt tendance à penser que les femmes ont
plus produit qu'on le supposait; mais peut-être moins que ce que
certaines études très récentes laissent penser, du fait que ce qui
sort de l'atelier d'une veuve n'est pas forcément de sa propre main
ou de celles d'ouvrières, ce qui vaut tout aussi bien pour des
imprimeurs délaissant la composition pour d'autres tâches,
commerciales, financières).
Pour la période actuelle, on a un exemple dans le domaine du
façonnage-brochure-reliure. Une Anglaise a été récemment distinguée
(2001 ou 2002) par un prix d'innovation, il s'agit d'une dirigeante
d'imprimerie. Mais on est loin de la typo.