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Message : Re: [typo] Bas de casse (section capitales accentuées... si l'on peut dire)

(Christian Laucou-Soulignac) - Lundi 12 Janvier 2004
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Subject:    Re: [typo] Bas de casse (section capitales accentuées... si l'on peut dire)
Date:    Mon, 12 Jan 2004 12:58:34 +0100
From:    "Christian Laucou-Soulignac" <fornax@xxxxxxxxxxx>

Pardonnez mon intervention tardive mais j'ai donné un cours pendant le w.-e.
qui m'a éloigné de la liste. Je reviens au clavier, ce qui enroue moins la
voix.
L'accentuation des capitales est un problème vieux comme la typographie (550
ans, environ). Il vient essentiellement d'un fait : la casse (celle où l'on
range les caractères en plomb) n'a pas un nombre infini de cassetins. En
France, n'étaient fondus, comme capitales accentuées, que les "E" : "É",
"È", "Ê", le plus souvent, on faisait l'impasse sur les "Ë". Pourquoi cet
état de fait ? Parce que seule l'absence d'accentuation du "E" pouvait
occasionner des confusions de lecture et des contresens. Voir le cas du
gendarme plus bas. Le lecteur intelligent (le serait-il moins maintenant ?)
pouvait faire la distinction entre le "A" préposition (à) et le "A"
d'"avoir" (a), par exemple. Cela, tout simplement, pour simplifier la vie
des compositeurs typo. Regardez des éditions anciennes (antérieures au 19e
siècle) et vous verrez qu'à cette époque on se cassait moins la tête que
maintenant. Pour les typos de l'époque un peu pointilleux, les fondeurs
fournissaient toutefois, dans certaines polices, des accents "postiches",
fondus seuls, qui pouvaient être placés sur une ligne supplémentaire
au-dessus des capitales à accentuer. Cela obligeait, bien évidemment à
interligner tout le texte d'une valeur prenant en compte la hauteur des
accents et occasionnait un boulot supplémentaire, un peu chiant, au typo
pour placer l'accent au bon endroit sur la capitale.
Oui mais voilà, l'ordinateur est arrivé et avec lui la possibilité d'obtenir
sans difficultés toutes les capitales accentuées dont on a besoin (elles
sont déjà faites et l'on a même celles dont on n'a pas besoin !). Dès lors,
il serait ridicule de ne pas les utiliser. La langue française est une
langue accentuée, qu'elle s'écrive en minuscules ou en majuscules (petites
ou grandes).

Il n'y a rien de plus à dire et je suis totalement d'accord avec Emmanuel
Bataille (sauf pour pallier, qui est transitif direct).

Christian Laucou.

P.-S. : Pour les curieux qui voudraient savoir quel cours j'ai donné :
http://www.gutcie.freesurf.fr (je demande pardon à l'avance pour l'avalanche
de messages publicitaires : l'hébergement est gratuit).


----- Original Message -----
From: "Emmanuel Bataille" <bem@xxxxxxxxxxxxxxxxxxx>
To: <typographie@xxxxxxxx>
Sent: Saturday, January 10, 2004 3:00 PM
Subject: Re: [typo] Bas de casse


> > Concernant l'accentuation des capitales, il ne s'agit pas d'une
> > "ignorance crasse" comme vous dites, mais d'une préférence
> > qui n'a rien de coupable et qui est, parfois même, légitime.
>
> Bien que nouveau sur cette liste de diffusion, je crois que ce sujet est
assez sensible. J'aimerai connaître les
> arguments en faveur de cette "légitimité". J'ai, pour ma part, grand
diffficulté à comprendre, sans capitale
> accentuée, par exemple le titre suivant : « UN GENDARME TUE». Coupable ou
victime ? La capitale accentuée
> n'est pas un ornement gratuit. L'accent fait sens et il est donc
indispensable.
>
> > Je termine un bouquin où l'accentuation systématique et brutale
> > des capitales a produit, sur quelques centaine de pages, une
> > bonne dizaine d'accents de capitales emmêlés aux jambes
> > des lettres descendantes. À tout prendre, j'aurais préféré
> > qu'elles ne l'aient pas été.
>
> Une mauvaise composition ne peut légitimer l'abandon des capitales
accentuées. L'augmentation d'un point de
> l'interlignage aurait, sans doute, pallier à la chose.
>
>