Archive Liste Typographie
Message : Re: [typo] Schwabacher (était cochinetclarendon)

(Jean-François Roberts) - Lundi 12 Juillet 2004
Navigation par date [ Précédent    Index    Suivant ]
Navigation par sujet [ Précédent    Index    Suivant ]

Subject:    Re: [typo] Schwabacher (était cochinetclarendon)
Date:    Mon, 12 Jul 2004 03:51:18 +0200
From:    Jean-François Roberts <jean-francois.roberts@xxxxxxxxxx>


> De : "Jef Tombeur" <jtombeur@xxxxxxx>
> Répondre à : typographie@xxxxxxxxxxxxxxx
> Date : Mon, 12 Jul 2004 02:27:56 +0200
> À : <typographie@xxxxxxxxxxxxxxx>
> Objet : Re: [typo] Schwabacher (était cochinetclarendon)
> 
> From: "Jean-François Roberts" <jean-francois.roberts@xxxxxxxxxx>
>> au stade de l'optina !
> 
> Pas compris, soit coquille de votre part, soit ignorance crasse de la
> mienne.
> 

L'optina (sans coquille !;) est la forme graphique utilisée encore de nos
jours sur les icônes, en particulier. Un peu l'homologue du "gothique" (au
sens large) en Europe occidentale. Pour un exemple, voir (entre autres) :

http://www.linguistsoftware.com/op.htm

Sinon, on trouve des polices optina (non propriétaires) chez Paratype, par
exemple.


>> A part ça, pour en revenir à la typo Fraktur (sérieusement... si ! si !
> et
>> même Sissi ;) :
> 
> oh, hé... Je n'insiste pas. Rare de ma part. Impérial, _ma non troppo_.
> 
>> Cet article (en allemand) rappelle le rôle de Bismarck, comme partisan
> actif
>> du fraktur (ah ! le Kulturkampf)
> 
> Bof, en Bretagne, on a connu pire.
> Histoire d'exister, on fait ce que bon semble.
> Faut-il avoir été ou devenir ?
> Finalement, si on finit d'être, mais ensemence ?
> 
> Seriez-vous assez bon pour nous expliciter le _Kulturkamf_ ? (je lui sens
> comme une odeur d'anus, mais pas si sûr).
> 
> 

Aïe, le Kulturkampf... Bon, soyons bref : Bismarck, le "chancelier de fer",
donc, de triste mémoire après Sedan, etc., s'est fait l'architecte du IIe
Empire (allemand), alias IIe Reich. On lui doit les débuts de la sécu (pour
rallier les travailleurs). Et, pour consolider le pouvoir central, Bismarck
- qui était lui même protestant - considérait qu'il convenait de
contrecarrer par tous les moyens les fidèles de l'Eglise catholique romaine
et les dignitaires de celle-ci, suspects d'intelligence avec l'ennemi
(l'Autriche impériale et catholique, fraichement défaite à Sadowa, en 1866,
ce qui marqua la suprématie de la Prusse bismarckienne sur les Etats
héritiers de l'Empire romain germanique, Autriche exceptée) et accusés en
outre d'être inféodés à une puissance transnationale, l'Eglise catholique,
dont le souverain venait de faire proclamer son infaillibilité, au concile
de Latran (1870).

Il proclama donc la nécessité d'un "Kulturkampf", une "lutte des
civilisations" (eh oui ! déjà..) - la "Kultur" allemande se rapprochant
plutôt de la "civilisation" française de notre "culture" - pour contrer ces
éléments. D'où la dissolution de l'ordre des jésuites, en 1872, la loi Falk
("loi de mai" 1873) restreignant les prérogatives de l'Eglise catholique en
Prusse (qui, rappelons-le, comprenait une importante partie rhénane), et la
création du mariage civil, en 1875.

Mais les catholiques constituaient une force trop importantes en Allemagne,
et le Kulturkampf fut finalement un échec, la plupart des mesures
anticatholiques étant vite abrogées. En 1887, le pape Léon XII proclama que,
à ses yeux, le conflit était réglé. Il en resta des réflexes nationalistes
passant par une opposition à tout ce qui n'était pas strictement germanique.

Tout parallèle avec certains réflexes puristes en d'autres pays ne serait
pas abusif.