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Message : Re: [typo] kachidé -- justification par le noir arabe

(Patrick Andries) - Jeudi 15 Juillet 2004
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Subject:    Re: [typo] kachidé -- justification par le noir arabe
Date:    Wed, 14 Jul 2004 23:37:02 -0700
From:    Patrick Andries <hapax@xxxxxxxxxxx>

Olivier Randier a écrit :

Jean-François Roberts a écrit :

Des kashida.


En français des kachidés (terme persan), des tatouïls (arabisant) ou des allonges.

U+0640 : TATOUÏL ARABE

(également utilisé en syriaque)


Je ne m'étendrai pas sur la dispute entre graphies savantes et localisées,


[PA] Toutes les graphies -- même les nombreuses translittérations savantes de l'arabe ou du persan -- sont localisées (elles s'adaptent à une écriture particulière, l'écriture latine étendue dans le cas de l'ISO 233, avec des a priori pour une notation particulière des signes, par exemple des voyelles disons à l'italienne). Il n'y a pas d'objectivité déracinée. Mais bon, assez de relativisme à 5 sous.

mais dois-je comprendre qu'il n'y aurait qu'un (ou une ?) kachida dans Unicode ?

[PA] Pour les écritures arabe et syriaque, je ne connais qu'un caractère d'allonge : U+0640 TATOUÏL ARABE.

Maintenant, il existe une série de formes de présentation arabes composées d'un tatouïl (tatwil) et d'un diacritique dans le bloc Formes de présentation arabes B : U+FE70—U+FEFF. Il faut ajouter que l'utilisation de ces formes de présentation n'est pas conseillée (on les décompose de toute façon habituellement avant de passer les données par la moulinette de l'algorithme bidirectionnel et de contextualisation).

Est-il justifiant ?

[PA] Voici ce que dit Unicode :

« En règle générale, la justification de l’arabe tend à se faire par l’étirement des mots plutôt que par l’ajout de blancs. On peut effectuer un étirement de base en insérant des /tatouïls/ (/kachidés/ ou/ allonges/) entre les caractères contextualisés par les règles R2, R4..R6, L2 et L3. L’endroit le plus approprié pour placer ces allonges dépend de la police et du logiciel de rendu. Les systèmes les plus puissants choisissent des formes différentes pour les caractères comme le /kaf /afin de remplir l’espace nécessaire à la justification.»
http://cooptel.qc.ca/~pandries/pdf/Chapitre-9.pdf

C'est donc au logiciel de rendu et aux polices d'assurer la justification. Quand on décide de justifier un texte arabe des logiciels comme l'explorateur de Micromou peuvent utiliser à la fois des blancs ou des kachidés comme mécanisme d'élongation. CSS permet de préciser le taux de kachidés par rapport aux blancs (100% kachidés exclut l'insertion de blanc entre les mots). On ne peut insérer les kachidés n'importe où. Les positions acceptables sont nommées points d'insertion de kachidés. Certains points sont préférables à d'autres, pour les différencier on attribue à tous les points d'insertion une priorité. Pour un logiciel comme MSIE, les points de priorité d'insertion de kachidé maximale sont ceux qui se trouvent juste après un U+0640 TATOUÏL (inséré manuellement), ensuite les positions après le U+0633 SÎN, etc.

Voici ce que m'écrit un des spécialistes de la typographie arabe (on remarquera la transcription du persan keshideh et l'utilisation de tatweel, hmm) sur l'ajout d'une nouvelle propriété Unicode (pour les points de justification) :

«

[...] the rules of keshideh that govern the placing of Tatweel are part and parcel of
specific calligraphic styles that some fonts emulate. As a consequence, a
tatweel sometimes must be ignored by the rendering font, particularly if the
underlying calligraphic style, e.g., Ruq'ah, rules out the use of Tatweel.

I would like to use the opportunity to table an idea that I have been
implementing: Tatweel is in fact a discrete form of a nominal elongation.
Discrete, because some fonts will have constraints printing it; and nominal
elongation instead of connecting line, because Arabic script also has
Tatweel in final position: the swash. Moreover the sequence Kaf+Tatweel is
ruled out in some calligraphic styles so that it could be rendered as the
alternative long Kaf instead. The letter Reh has a stretched variation that
also could be marked easily with Tatweel. Finally, to prevent odd or faulty
printing of Tatweel, a font technology needs a special mechanism. We
eliminate mis-placed Tatweels with a technology called Trashideh.
»



P. A.