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Message : Re: [typo] Justification par le noir

(Jean-François Roberts) - Mercredi 14 Juillet 2004
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Subject:    Re: [typo] Justification par le noir
Date:    Wed, 14 Jul 2004 00:31:14 +0200
From:    Jean-François Roberts <jean-francois.roberts@xxxxxxxxxx>

Bien sûr : nul ne contestera la compétence très largement reconnue (et
maintes fois prouvée) de Y. Haralambous.

Mais, encore une fois, la question n'est pas là : je n'ai à aucun moment
remis en cause la légitimité des formes "kachida" ou "kachidé", non moins
que celle de "tatwil" ou "tatouil".

Mais j'ai fait la remarque (sans plus) que les spécialistes du domaine,
autrement dit les arabisants et autres spécialistes de la région, y compris
francophones, useront plutôt de "kashida", et sous cette forme. Et aucun
contre-exemple, même réitéré, ne peut changer cette réalité, d'ordre
sociologique (ou sociolinguistique), dirons-nous.

Ce n'est pas qu'ils sont "sous la coupe de l'étranger"... Mais la recherche
- depuis belle lurette - est essentiellement transnationale, et les
questions d'intelligibilité, à l'heure des télécommunications, de l'Internet
et des publications internationales et colloques itinérants, sans parler des
transports aériens, signifient que les chercheurs d'un domaine ne
fonctionnent plus (et ne fonctionneront plus jamais, sauf cataclysme
mondial) en vase clos national.

D'où la nécessité de s'entendre sur les questions subalternes mais
potentiellement génantes : qu'il s'agisse des symboles mathématiques ou
physiques (ou chimiques) pour les sciences "dures", ou des conventions de
translittération, pour les spécialistes de domaines où la langue ayant cours
n'use pas de l'alphabet latin, avec ses variantes. Il se trouve que pour le
phonème correspondant (peu ou prou) à la graphie française - majoritaire,
disons - "ch", les arabisants ont opté pour la translittération scientifique
"sh", alors que les slavisants ont opté pour le "s caron" (qui n'a, bien
entendu, rien d'"anglais" !). C'est tout ce qu'il y a à en dire...

Les questions de translittération sont, bien sûr, fort complexes : je n'ai
pas cherché à en traiter. Mais les arabisants, slavisants et autres se sont
de tout temps heurtés à ces questions. Leurs solutions respectives ont donc
été élaborées à bon escient. Il y aurait quelque fatuité à prétendre leur
faire la leçon !

(Pour mémoire, en français usel, on sait qu'on trouve également  "sh", "sch"
et "sci", voire "sz", pour les mots historiquement importés... Ce qui fait
toucher du doigt le problème venant s'interposer pour ce qui est de la
lisibilité internationale - scientifique, donc - du fait des systèmes
*nationaux* de translittération. Systèmes nationaux qui pourront convenir,
bien entendu, à des publications "grand public"... On sait que des raisons
de... bienséance on fait que l'actuel président de la République de Russie
se voit orthographié par la presse francophone "Poutine", et non "Putin", ce
qui serait la graphie scientique - mais aussi allemande, anglaise, espagnole
ou italienne.)

En bref : dans un contexte "public non spécialisé francophone", usez de
"kachida" ou "kachidé" - si c'est votre marche. Mais dans un contexte
scientifique, ne cherchez pas à interdire "kashida" - qui reste donc
acceptable dans un contexte généraliste, même francophone.


> De : Patrick Andries <hapax@xxxxxxxxxxx>
> Répondre à : typographie@xxxxxxxxxxxxxxx
> Date : Tue, 13 Jul 2004 08:27:21 -0400
> À : typographie@xxxxxxxxxxxxxx
> Objet : Re: [typo] Justification par le noir
> 
> Olivier Randier a écrit :
> 
>> En arabe, on justifie « par le noir » en allongeant la ligne de base
>> de certains caractères. Quelqu'un sait-il comment s'appellent ces
>> éléments servant à la justification qui ne sont pas des blancs ?
> 
> Tiens, je viens de regarder dans cette brique exceptionnelle qu'est
> Fontes et codage dans Yaralambous (je ne connais pas d'ouvrage moderne
> équivalent sur les polices, même si on peut regretter de nombreuses
> coquilles et, on me connaît, des anglicismes inutiles). Donc, dans
> l'index de la brique en question (35 pages en 3 colonnes), entre « juge
> blond qui fume » et « kaf de l'impiété » on trouve 3 références à
> « kachidé ».
> 
> 1) Édition des transitions d'état dans ATT à l'aide de FontForge
> (considéré un glyphe comme un kachidé et ainsi rendre sa sélection
> impossible à l'aide du curseur) [FontForge écrit « keshideh »].
> 
> 2) Exemple du kachidé dans la table JSTF d'Opentype ( "Un allongement
> est un glyphe dont la raison d'être est d'élargir le texte. L'exemple
> typique est le kachidé arabe ou  « trait de liaison », utilisé pour
> élargir les mots. " [j'omets la phrase suivante qui parle « d'emphatiser
> (sic) un passage à l'aide de kachidés])
> 
> 3) Le kachidé comme "lettre modificatrice" (catégorie générale "Lm" pour
> Unicode) avec une explication floue sur le rapprochement entre lettre
> modificatrice et diacritique.
> 
> P.A.