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Message : Re: Re : [typo] accent (Jean-François Roberts) - Vendredi 20 Mai 2005 |
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Subject: | Re: Re : [typo] accent |
Date: | Fri, 20 May 2005 18:46:48 +0200 |
From: | Jean-François Roberts <jean-francois.roberts@xxxxxxxxxx> |
Encore une fois : la marche typo qui a été la plus répandue est bien d'accentuer le tout-cap., précisément pour éviter ce type de problème. Mais si vous prenez les occurrences de tout-cap., une statistique rapide vous montrera que ce problème n'apparaît, *en réalité* que dans 1 % des cas de tout-cap. Moyennant quoi, la paresse mentale fait sauter de l'*utilité* d'accentuer en tout-cap. (souci d'uniformité dans le tout-cap., à partir de la constatation que son absence pose problème dans un très faible nombre de cas) pour en conclure à la *nécessité* de l'accentuation en tout-cap. *en toute circonstance*. Et de là, par un tour de passe-passe qui relève en fait du confusionisme pur et simple, on prétend en tirer argument pour la nécessité (mieux : l'obligation) d'accentuer les cap. *toujours et partout*, donc principalement dans le texte courant - où la non-accentuation des cap. N'A JAMAIS POSE LE MOINDRE PROBLEME. (Vous venez de lire avec aisance un passage en tout-cap. non accentué - l'avez-vous seulement remarqué ?) La langue naturelle a sa propre cohérence : mais cohérence n'implique nullement - pour une langue naturelle - uniformité. Votre grave défaut - comme tous les utopistes de la langue - est d'imaginer qu'on puisse la traiter comme une langue formelle. La langue naturelle est truffée d'exceptions. Refuser de le reconnaître, s'est s'engager dans la voie sans issue des innombrables réformes de l'ortograf, qui toutres sombrent dans le même oubli salvateur. > De : Thierry Bouche <thierry.bouche@xxxxxxxxxxxxxxx> > Société : Institut Fourier > Répondre à : typographie@xxxxxxxxxxxxxxx > Date : Fri, 20 May 2005 09:46:41 +0200 > À : typographie@xxxxxxxxxxxxxx > Objet : Re: Re : [typo] accent > > La lapidarité de ma réponse venait du fait que je n'ai pas non plus > envie de reproduire ce débat largement stérile. Les positions sont > connues, archivées, qu'on s'y réfère ! (À noter tout de même que les > deux écoles sont représentées en gros sur cette liste par Melot-Roberts > d'une part, le reste du monde d'autre part, mais le bon choix pour ce > type de questions ne s'obtient pas par référendum, sinon il est évident > qu'il faudrait écrire une fois pour toutes 16ème !) > > Je ne reviens donc que sur un point, qui me semble avoir son importance. > > > Le vendredi 20 mai 2005 vers 08:09:10, Jean-François Roberts écrivait : > > JF> Simplement, ne prétendez pas qu'il y ait là une quelconque nécessité > JF> (prétendument, pour désambiguïser un texte, ou un mot) - sauf pour 1 > JF> % des cas de tout-cap. (mode marginal en tout état de cause). > > là, j'en perds mon latin de cuisine orthotypographicum. La complexité > des règles d'orthotypo (capitalisation des titres, p. ex.) vient de la > nécessité d'avoir un traitement cohérent sur un vaste corpus. À quoi > servent ces règles ? à permettre au lecteur de ne pas avoir à les > connaître : comme pour l'orthographe, la régularité permet de faire > l'économie du décryptage individuel de chaque élément textuel. > > Donc, un bon système orthotypographique ne souffre pas les exceptions. > Un système qui ignore les marges et accepte des replâtrages ponctuels > est un anti-système. > > Imaginons un liste de noms : > > BOUCHE > ELUARD > LEFEVRE > VOGÜÉ > > si je vois les accents sur le dernier patronyme, j'en déduis que leur > absence est signifiante là où le typographe n'a pas jugé nécessaire de > marquer des graphies qui lui semblaient évidentes. Je suis donc certain > qu'il s'agit de MM. Bouche, Eluard et Lefevre. > > En revanche, si la liste est > > BOUCHE > ELUARD > LEFEVRE > > je déduis que les accents ne sont pas maintenus sur les capitales dans > la marche employée, et je lis, parce qu je connais les graphies les plus > fréquentes : Bouché, Eluard (ou Éluard ?), Lefèvre. > > Le 1 % Vogüé a un impact sur la liste complète. Dont je suis bien > souvent la victime ! > > Pour élargir le débat, vous avez une approche pragmatique et relativiste > de ces questions, très anglo-saxonne, en insistant toujours sur la > diversité (et la légitimité) des marches. La tradition française > (jacobine et républicaine) oppose à cela un goût souvent raillé des > codes. > > c'est la question du communautarisme transposé en typo : qu'est-ce que > le « vaste corpus » pertinent pour une marche ? Dans une logique > communautariste, je développe ma marche pour la communauté de mes > lecteurs et les spécificités de mes publications. Donc je me simplifie > la vie en adoptant un système qui me suffit. Quand je tombe sur un cas > limite, je m'en débrouille discrètement sans trop d'état d'âme parce que > c'est marginal. Mais si la communauté de mes lecteurs n'en était pas > une ? s'il s'avérait que mes lecteurs ne lisent pas que mes > publications ? Vais-je leur demander l'effort de s'adapter à chaque > système utilisé ? Le corpus à considérer n'est-il pas l'union de toutes > les publications lues par mes lecteurs ? Ça briderait pas mal la > créativité ! > > En résumé, je suis toujours surpris de voir qu'une idée aussi > consensuelle que la nécessité de l'orthographe qui permet à tous de lire > le même mot d'un clin d'oeil dans *toutes* les publications se transpose > toujours aussi difficilement à l'orthotypo qui relève pourtant des mêmes > préoccupations. > > -- > Cordialement, > Thierry > > P.S. Le monde hispanique est un hybride intéressant entre relativisme > généralisé et centralisme : je ne crois pas qu'il existe de code au sens > français, chaque lieu éditorial d'importance a son manuel de style. Mais > il existe un académie de la langue espagnole (internationale) qui > définit l'orthographe (dans une logique beaucoup plus réformatrice que > notre Académie), et édicte des recommandations (souvent ahurissantes) > relevant de l'orthotypo. Comment qualifier l'entreprise de José Martinez > de Sousa qui, avec son _Manual de estilo de la lenga española_, a > produit un manuel de style générique destiné « aux publications > scientifiques » ? N'est-ce pas précisément une entreprise de > codification répondant à ce besoin de cohérence universelle qui > simplifie la vie des lecteurs ? > >
- Re: Re : [typo] accent, (continued)
- Re: Re : [typo] accent, goudal (20/05/2005)
- Re: Re : [typo] accent, Thierry Bouche (20/05/2005)
- Re: Re : [typo] accent, goudal (20/05/2005)
- Re: Re : [typo] accent, Jean-François Roberts <=
- Re: Re : [typo] accent, Thierry Bouche (23/05/2005)
- Re: Re : [typo] accent, Eric Angelini (23/05/2005)
- Re : [typo] accent, Jean-François Roberts (24/05/2005)
- Re: Re : [typo] accent, Michel Guillou (24/05/2005)
- Re : [typo] accent, Jean-François Roberts (24/05/2005)
- Re : [typo] accent, Didier Pemerle (24/05/2005)
- Re: Re : [typo] accent, Isabelle Dutailly (24/05/2005)