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Message : RE : [typo] Prénomsabrégés : trait d'union ou pas ?

(Jean-Michel Pochet ) - Jeudi 22 Juin 2006
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Subject:    RE : [typo] Prénomsabrégés : trait d'union ou pas ?
Date:    Thu, 22 Jun 2006 09:37:03 +0200
From:    "Jean-Michel Pochet " <jean.michel.pochet@xxxxxxxxx>

Title: Message
Je suis appelé "Jean-Michel Pochet" mais pour l'état-civil c'est "Jean, Michel, André, Octave, Maurice Pochet" : donc les documents officiels me parviennent avec mon seul premier prénom. Et faire modifier une virgule en tiret me couterait qulques centaines d'€ ! Quant au "middle name" ce devrait être "Octave", sans doute le 8e enfant d'un aïeul ?
-----Message d'origine-----
De : Jacques Melot [mailto:jacques.melot@xxxxxxxxx]
Envoyé : mercredi 21 juin 2006 12:14
À : typographie@xxxxxxxxxxxxxxx
Cc : Thierry Bouche
Objet : Re: [typo] Prénomsabrégés : trait d'union ou pas ?

 Le 6/21/06, à 10:51 AM +0200, nous recevions de Thierry Bouche :

Bonjour Jacques,

Le mardi 20 juin 2006, vers 22:55:58, vous écriviez :

J> [J. M.]
J>     Votre réponse est quelque peu ambiguë. Contrairement aux Français,
J> pour certains prénoms, les Anglais, que je sache, ne réunissent
J> jamais leurs prénoms par un trait d'union.

le fait est que les Français n'ont pas tous des prénoms composés,
certains en portent deux. Je ne sais pas ce que disent le Code ou l'état
civil sur la question, mais je connais au moins un Français qui prend
bien soin d'écrire son nom Jean Pierre et non Jean-Pierre : c'est
peut-être une lubie, mais c'est typiquement le genre de lubies sur
lesquelles les typographe n'ont pas à intervenir, non ?


[J. M.]
   Ma réponse était-elle elle-même ambiguë ?


J> Lorsqu'on écrit des prénoms on doit respecter la présence ou
J> l'absence du tiret. On ne passe pas de la présence du tiret à son
J> absence suivant la langue dans laquelle le prénom se trouve cité,
J> contrairement, par exemple, au type de guillemets, qui, lui, change
J> d'une langue à l'autre.

je n'ai vu personne suggérer cela (mais j'ai vu des Français s'inventer
un middlename lorsqu'ils publient dans des revues américaines ! j'ai
aussi vu des américains citer des espagnols en abrégeant le nom du
père...)


[J. M.]
   Là encore, je me demande si ma réponse était ambiguë (ce n'est pas une critique). Cela dit, le père prend tous les coups, y compris la mère en espagnol, puisque l'on peut indiquer non seulement le nom du père, mais encore celui de la mère, lequel est donc susceptible des mêmes mauvais traitements. Même chose avec une foule d'autres langues, à « commencer » par l'islandais, où ce qui semble être un nom de famille par sa position, n'est qu'une indication de filiation : on donne son prénom, suivi de l'indication fils de (terminaison -son) ou fille de (terminaison -dóttir) accompagnée du prénom du père ou, plus rarement, de la mère (exceptionnellement des deux). Ólafur Ragnar Grímsson (l'actuel président de la république d'Islande), soit Ólafur Ragnar fils de Grímur, Þorgunnur Steingrímsdóttir, Þorgunnur fille de Steingrímur (ou Combat de Thor fille du Cruel de pierre, si vous préférez). On trouve des bibliographie portant des horreurs avec des entrées sur le modèle de « Grímsson, Ó. R. », etc. Mais il faut avouer que cela est excusable (en se rappelant toutefois que errare humanum est sed perseverare...). Je pense aussi aux langues dans lesquelles l'ordre habituel, traditionnel ou officiel consiste à faire précéder les prénoms du nom de famille (chinois, japonais, etc.), contrairement au français et à bien d'autres langues où cet ordre est prénom, suivi du nom de famille. [Je m'aperçois que j'ai associé le système des prénoms à une langue, une métonymie douteuse. L'éventuel lecteur de ces livres rétablira pour lui-même, s'il en voit l'utilité.]

   Quand au middle name des Anglo-Saxons, cela fait tache d'huile, bien entendu. Les Islandais, dont la culture est comme on le sait celle du mouton, n'y échappent pas et les enfants reçoivent désormais deux prénoms pour faire gallo-rom... oh, pardon, islando-américain. Ce n'est d'ailleurs pas si récent que ça. Inutile de dire que mes filles n'ont qu'un seul prénom, pour couper court à toute vélléité administrative ou autrement bien intentionnée. Une petit anecdote : Henri Gobard (professeur d'anglais à l'université de Paris VIII, auteur d'ouvrages qui dénoncent l'aliénation culturelle due à l'invasion de l'anglais, etc.) m'a confié un jour qu'enfant, il faisait suivre son prénom de l'initiale de son deuxième prénom. En voilà un qui revient de loin et sait de quoi il parle. Et il n'est pas le seul ! De là à penser que ceux qui sont atteints d'anglomanie ne sont pas adultes, il n'y a qu'un pas, que je franchis allègrement : tous ces comportements de dépendance sont indice de narcissisme doublé de manque de maturité ou de faiblesse de caractère.

   Jacques Melot


 Thierry