Pour imager le message de Jacques, voici un extrait de La
Gravure du poinçon typographique de notre -rare- colistier
Christian Paput.
http://cjoint.com/?0LjkFnbLtzn
Sabine.
Le 09/12/11 10:16, Jacques André a écrit :
Le 8 déc. 2011 à 16:47, Jean-Marie Schwartz a écrit :
Me vient une question — et même plusieurs… — concernant «
l’anatomie
» d'une lettre. Techniquement, l’accent d'une capitale — prenons
É — se
trouve-t-il obligatoirement dans le corps ?
Au sens du plomb, c'est-à-dire où corps=hauteur du "caractère" (en
plomb), non : les accents sur les capitales débordaient souvent
sur le caractère dessus : les lettres étaient crénées (au sens de
posséder un débord, pas au sens de modification d'approche). Ce
qui rendait les capitales accentuées fragiles (l'accent débordant
se cassait) et c'est, dit-on, l'un des raisons pour lesquelles les
imprimeurs n'aimaient pas les caps accentuées.
Dans la métrique des fontes numérisées (PostScript, SVG, OpenType,
etc.), la même notion de corps (la distance d'un bout à l'autre
d'un caractère) n'existe plus (ce qui existe c'est un facteur
d'échelle). J'ai naguère écrit deux articles sur ces problèmes de
"métrique" en plomb et en PostScript et, bien qu'il y ait qq
petites erreurs, ils restent valables 20 ans plus tard :
métrique du plomb :
http://cahiers.gutenberg.eu.org/cg-bin/article/CG_1989___4_9_0.pdf
métrique fontes numériques :
http://cahiers.gutenberg.eu.org/cg-bin/article/CG_1991___8_29_0.pdf
Si on trace autour d'une lettre, en PostScript, un rectangle
correspondant en gros à ce que seraient les bords du caractères en
plomb - une bonne approximation est un rectangle dont le coin bas
gauche est en (0,-currentfontsize/4) et celui du coin haut en
(chasse, 3xcurrentfontsize/4), on voit de même que souvent les
accents sortent de ce rectangle.
Si je prends l’Adobe Garamond, je
remarque dans XPress que le corps va de la descendante à
l’ascendante.
Ce n'est pas toujours vrai...
Mais
alors comment s'appellerait cette ligne imaginaire au-delà du
corps où
s'aligne l’accent ? (si elle a un nom…)
Il s'aligne par quoi (le bas ou le haut de l'accent ? et quid des
trémas ?) En fait, cette ligne n'a pas de nom car elle n'existe
pas. Les accents sont composés à part et placés au dessus des
lettres par translation (cf la fig. 7 de mon article sur
postscript). Ça revient un peu au même au final, mais il n'y a pas
de ligne AMHA.
Et je vois que certains parlent de la
ligne de pied quand d’autres parlent de
la ligne de base (qui me semble plus logique et plus
compréhensible). Est-ce
une mauvaise influence de l’anglais _baseline_ ?
Sans doute effectivement, mais je ne trouve pas cette influence
mauvaise ici. Que veut dire "pied" dans « ligne de pied » ? Pied
de la lettre ? quel est le pied de p et celui de P ? Je préfère
personnellement "ligne de base" qui me fait penser à "ligne de
référence".
Et comment s’appellent en français
justement les lignes que l’on appelle
en anglais _bottomline_ et _topline_ ?
Attention, la terminologie est faite pour des utilisations
précises. Tous ces noms de ligne sont des inventions récentes
nécessitées par les calculs de dessin de caractères.
Du temps de Fournier, au XVIIIe siècle, la ligne de base
n'existait pas. Ce qui comptait c'était la ligne qui se trouvait
en gros à mi-distance du bas et du haut d'un m. c'est elle qui
servait de repère notamment pour la frappe des matrices. On
parlait aussi des hauteurs des courtes (aujourd'hui on dit des x),
des longues du haut, du bas, etc. Mais on n'entrait pas plus dans
le détail, qui relevait de l'œil (et de l'art) du graveur.
La photocompo puis les fontes numériques ont nécessité de tracer
un I par exemple en donnant les coordonnées de ses point
supérieurs et inférieurs. D'où le besoin de définir ces hauteurs
de capitales, hauteurs des hampes, etc. Si le concept est à peu
près compris unanimement, la terminologie en a été inventée au
coup par coup par les premiers modèles de fontes, style Ikarus,
Metafont, puis par PostScript, TTF, etc. sans la moindre
normalisation. D'où bien sûr des noms variant d'une société à
l'autre. On trouve donc aussi bien TopLine, que CapHeight,
CapLine, que..., etc. Et comme les caps ne sont Et, selon
l'humeur du traducteur, autant de noms français...
Une remarque : certains parlent de "height", d'autres de "lines":
ces derniers font allusion à une ligne virtuelle qui se trouvent à
une distance "height" de la ligne de base. Le contexte permet
quand-même de décider !
À noter aussi que ces ligne sont celles vues pas le moteur
d'impression ; mais le dessinateur a besoin de plus de rigueur et
de lignes (que lui apportent les outils de dessins de fontes comme
Metafont, fontlab, fontforge...) : il sait que, pour des raisons
"optiques", la hauteur d'un O capital est plus grande que celle
d'un H capital et que la base de ce O capital est SOUS la ligne
"de pied" comme vous dites. Ikarus parlait d'overhang et j'ai
oubié les noms des autres logiciels... Et un dessinateur sait (ou
a envie) que la hauteur des hampes (ou des "longues du haut") est
différente de celles capitales (par fois plus haute, ce qui permet
de dire qu'un l minuscule est plus grand qu'un L majuscule,
parfois plus basse).
Voir la fig. 7 de mon article sur la métrique du plomb (revue par
les fontes numériques). Il y a 8 lignes mais je dois avouer que
les termes français que j'ai utilisés me plaisent moins
aujourd'hui.
À propos, j'ai vu que quelqu'un demandait ici si les capitales ont
toute la même hauteur ? Pour les caractères de labeur, oui !
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Jacques André
A T T E N T I O N, NOUVELLE ADRESSE :
Jacques.Andre35@xxxxxxxxx
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