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Message : Re: [UNICODE] Definition du glyphe

(Alain Hurtig) - Lundi 14 Avril 1997
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Subject:    Re: [UNICODE] Definition du glyphe
Date:    Mon, 14 Apr 1997 10:22:29 +0100
From:    Alain Hurtig <alain.hurtig@xxxxxx>

At 11:29 -0700 11/04/97, Paul Pichaureau wrote:
>  Ah ben non ! Caractère, c'est l'entité traité par l'ordinateur, ça
>doit être le seul truc qui me parait clair. Caractère, c'est un nom et
>un numéro.
>
Alors reprenons. J'ai eu tout le week-end pour relire la discussion plus de
la doc', et je trouve qu'on s'égare, même si le débat sur glyphèmes,
typèmes, et autres mythèmes m'intéresse.

Qu'est-ce qu'un glyphe : « Ce qu'Unicode ne sait ni ne veut traîter », nous
dit Jacques André, qui en connaît un bout sur le sujet.

Qu'est-ce qu'Unicode : une nouvelle norme de codification de caractères,
une sorte de super-ASCII super-étendu (qui fera doubler les fichiers de
volume, par parenthèses ;-().

Recevoir un texte Unicodé, c'est pouvoir (potentiellement) savoir que telle
lettre correspond à tel alphabet national, s'écrit éventuellement en langue
non-latine, etc.

Tout ce qui se passe après ne relève pas d'Unicode, mais du logiciel (qu'il
s'agisse de l'OS, d'une sur-couche graphique, de l'application, etc.) comme
le fait remarquer l'autre Paul (Terray). Unicode ne veut pas savoir comment
est traité le problème du caractère présent dans la sous-table Europe
centrale si l'utilisateur ne possède aucune police correspondant à cette
sous-table, ou si la sous-table existe mais pas le caractère, ou si le
logiciel sait ou ne sait pas traiter l'écriture bi-directionnelle (pour
l'hébreu et l'arabe), ni rien de ce genre - famille de caracètres et
attribbuts typos lui sont également étrangers.

De la même façon, Unicode ne règlera pas les problèmes de structure des
polices de caractères (personnellement, je doute qu'on se retrouve avec des
polices à 65 536 car., je pense qu'on restera à 256), car c'est le problème
des fondeurs et des OS.

Bref, Unicode s'intéresse aux caractères (sur 16 bits et non plus sur 8
comme auparavant), et uniquement aux caractères. Pas aux graphèmes ;-). Si
nous voulons avoir une chance d'être entendus, faisons de même.

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Par hypothèse, nous admettons qu'Unicode s'imposera progressivement à tous.
Nous y voyons à la fois une chance et un danger.

Le danger, on le voit bien : c'est que les gens d'Unicode ont simplement
pensé en termes de codages de fichiers électroniques, et pas du tout en
termes de typographie. De là viennent les très désuets codes de contrôle,
ces absurdes tables d'étoiles et de flèches qui ne servent à rien (mais je
pense que Dingbats est utile, car très répandu), la table OCR (?), les
chiffres entourés d'un rond, d'un carré, d'une boîte, et je ne sais quoi
encore, etc., etc. : Unicode pense imprimante matricielle améliorée, mais
pas PostScript ! Le danger, en fin de compte, c'est que la PAO se détourne
d'Unicode, quand il pourrait nous être très utile.

La chance, on la voit dans la discussion : un traîtement automatique des
petites capitales, des chiffres bas-de-casse et des ligatures (il va
falloir en dresser la liste). Une standardisation des diacrités peu
courantes (actuellement, c'est le bazard le plus complet). Un repérage
immédiat du passage en caractères non-latin. Un traîtement facilité des
maths, de la physique et de la chimie. Des approches automatiques quelle
que soit la sous-table, si elles sont nécessaires [1]. Etc.

Je pense que c'est là-dessus qu'il faut travailler : un cahier de doléances
(du genre : ça on s'en fout, mettez-nous les petites caps à la place)
argumenté et solide. Cela demande un gros recensement (difficile, car nous
travaillons avec des logiciels divers et dans des domaines très différents).

Pour être concret, une question : existe-t-il un document plus exploitable
que l'interminable liste de caractères sous Word de la version 2 (un
tableau, par exemple, qui recenserait les diverses zones et sous-tables) ?


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[1] J'ai besoin, à l'occasion, de créer des lettres à signe diacritiques
inexistantes en standard. En pratique, pour l'instant, je fabrique ces
diacrités dans une seule et même police, au détriment, donc, des approches
par paires.
Il me faudrait plusieurs sous-tables « libres » pour y caser par exemple,
plusieurs A (avec point en dessous et trait au dessus, tréma en dessous et
circonflexe au dessus, qu'est-ce qu'y vont pas inventer ! C'est 70 francs
HT la lettre parce que vous êtes sympa, sinon c'est 100 francs, multipliez
par quatre pour avoir le gras, l'ital et le gras-ital) qui soient
correctement approchées avec le V qui vient avant ou après.
Des sous-tables « libres », parce que je n'imagine pas que les cinglés qui
viendront ensuite auront besoin des mêmes lettres étranges...

Alain Hurtig         alain.hurtig@xxxxxx
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« Quand on n'a plus rien à désirer, tout est à craindre ; c'est une
félicité malheureuse. La crainte commence où finit le désir. »
   Baltasar Gracian, L'homme de cour.