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Message : Re: fonte-type-police

(Jean-Pierre Lacroux) - Jeudi 02 Octobre 1997
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Subject:    Re: fonte-type-police
Date:    Thu, 02 Oct 1997 11:07:40 +0100
From:    Jean-Pierre Lacroux <lacroux@xxxxxxxxx>

Jean-Francois Porchez écrit:
> > Le mot police vient de l'italien policia (mot que l'on retrouve dans
> > police d'assurance) et je crois que notre police municipale ou nationale
> > doit aussi son nom aux rapports que les gendarmes faisaient.
> 
> Je ne sais pas si c'est parceque le sens premier de police designe les
> gardien de la paix, mais je n'aime pas ce terme. Il est dépassé depuis
> la fin du plomb.
-----
D'accord... mais ce n'est pas le même terme... À l'arrivée, c'est
pareil, mais à l'origine ça n'a rien à voir. Vous me direz que le Petit
Robert lui-même s'est planté dans ses premières éditions...
Nos polices, ainsi que celles des assureurs, viennent d'apodeixis
(quittance, reçu), alors que celle de Maigret vient tout simplement de
polis (cité) comme le métroplolitain ou la politique.
À part ça, si l'on tient à une bonne adéquation de la réalité actuelle
et du sens hérité, « fonte » me semble encore plus dépassé que
« police »...
D'abord, mais c'est pourtant secondaire :-) parce qu'on ne fond plus
rien. Ce qui me retient davantage c'est ceci : au temps du plomb, les
polices ont déjà un caractère (si j'ose
dire...) virtuel. Elles sont chiffrées. Elle correspondent à une réalité
matérielle mais elles ne la désignent pas (ce dont se charge le terme
fonte). Elle ne coïncident pas avec la
capacité des casses (celles-ci ne contiennent qu'une petite partie des
fontes commandés au fondeur). Les fontes en revanche « désignent » une
réalité
matérielle intimement liée au plomb : la preuve, on les commandait au
poids... 
Nos polices demeurent des listes, non chiffrées certes, mais rien
n'interdit d'imaginer le signe * (infini) devant (ou derrière...) chaque
élément... Des listes qui s'allongent même terriblement (voir
Unicode)...
Certes il y a une différence considérable entre une police de fondeur
(une par corps, par graisse, etc.) et nos polices (toutes les variations
imaginables), surtout celles qui s'annoncent... car toutes les listes
seront identiques... Je ne vais pas plus loin, car je crains de retomber
dans le débat sur les caractères et les glyphes...
Je n'aime pas trop « typos », car il introduit une
ambiguïté inutile, voire dangereuse. Si on me dit : « Tiens ! voilà une
typo originale ! », que dois-je comprendre ? Qu'on loue le choix de
cette garalde destroy ou l'audace de la composition ? 
Je préfère, selon le sens, m'en tenir à police... c'est plus sûr
(sécuritaire ? :-), à famille, à caractère.
Vous créez des caractères, il est donc parfaitement légitime que vous
teniez à nommer une des réalités physiques issues de votre travail
(versions numériques). En ce sens, « fonte » est évidemment irrécusable,
mais je reste persuadé que ce terme ne peut être compris avec précision
que dans un cadre restreint, celui des professionnels ou des amateurs
très éclairés : il appartient donc au jargon. Pour l'« utilisateur », ce
qui compte vraiment, ce n'est ni la fonte ni la police, c'est ce qu'il
voit, c'est le caractère. Et c'est d'ailleurs cela que les typographes
s'amusent à répartir dans des classifications de plus en plus
étranges...
Cordialement,
Jean-Pierre Lacroux
lacroux@xxxxxxxxx
Bibliographies (langue française, orthotypographie) :
http://users.skynet.be/sky37816/Lx.html
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