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Message : Re: fonte-type-police (Jean-Pierre Lacroux) - Dimanche 12 Octobre 1997 |
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Subject: | Re: fonte-type-police |
Date: | Sun, 12 Oct 1997 14:00:34 +0100 |
From: | Jean-Pierre Lacroux <lacroux@xxxxxxxxx> |
Tout le monde est d'accord sur la définition de « caractère ». Les ennuis commencent avec le couple « fonte/police ». Je voudrais m'expliquer sur l'opinion que j'ai déjà émise, à savoir que « police » est préférable et que la distinction entre les deux termes ne peut être retenue et comprise que dans un cadre restreint, celui des typographes et des professionnels de l'écrit s'intéressant particulièrement à la typographie. Le problème est que la technique n'est pas la seule à avoir changé (piètre mot pour traduire les bouleversements engendrés par l'informatique), il y a également le nombre et la qualité de ceux qui la mettent en ?uvre. Jadis, seuls les typographes (au sens large) maniaient les fontes. Aujourd'hui, je ne vous apprends rien, secrétaires, journalistes, écrivains, comptables, médecins, boutiquiers, agriculteurs, etc. jonglent avec les polices. Demain, tout le monde le fera. Or, que voient-ils sur leurs menus francisés ? Polices. Que voient-ils comme type (tsss...) de fichier dans leurs fenêtres ? Police. Que voient-ils sur leurs menus non traduits ? Fonts. Faut-il s'étonner si le terme « police » est employé pour tout désigner et si « fonte » est considéré comme un simple synonyme (certains vont même jusqu'à considérer ce vieux mot français comme un anglicisme...) ? Il me semble illusoire de vouloir faire admettre aux utilisateurs que sous le menu Polices se cachent des polices et des fontes, qu'un fichier désigné comme « police » par le système d'exploitation est en réalité un fichier de fonte... Je crois qu'il faut tenir compte de l'usage contemporain, même s'il est imprécis. Il ne l'est pas tant que ça d'ailleurs, il est surtout indistinct, et l'emploi plus fréquent de « caractère » permettrait de le clarifier. Je me répète... mais, par exemple, on ne « choisit » pas une police (ou une fonte) pour composer tel ou tel texte, on l'« utilise » (ou on l'achète, on la vole, etc.). Ce que l'on choisit pour ses qualités supposées, c'est un caractère. Pour le reste, pour la mécanique, pour les machins qui se trouvent sous le capot et dans lesquels rares sont ceux qui mettent le nez (les machins que l'on utilise, que l'on achète ou qu'on pique), parlons de polices, comme presque tout le monde. Je crois aussi qu'il ne faut pas opérer de distinction entre fonte et police qui risque d'être rapidement mise en cause par l'évolution des techniques (on l'a vu à plusieurs reprises depuis quinze ans et même depuis plus d'un siècle, et on en verra d'autres...). En revanche, il me semble tout à fait légitime et judicieux que les typographes opèrent les distinctions qu'ils souhaitent (sous le capot...). C'est pourquoi j'ai trouvé très intéressante la définition de fonte proposée par Jean-François Porchez. C'est pourquoi aussi j'ai considéré que l'on entrait ici dans le jargon, ce qui n'a rien de péjoratif, disons dans le lexique professionnel. Bref, je ne crois pas que le couple police/fonte, même défini avec précision par les typographes, puisse s'imposer largement dans l'usage courant. C'est pourquoi je privilégie pour l'heure la seule opposition caractère/police, réservant l'opposition fonte/police pour des jours meilleurs où une distinction pérenne sera établie par les typographes (notre discussion peut y contribuer, je le crois). Sur l'héritage du plomb... Nous lui sommes tous attachés, à juste titre. C'est un patrimoine sur lequel nous allons vivre encore très longtemps, quoi qu'en disent ceux qui ne voient pas plus loin que le bout de leur écran. Il est bon que les mots survivent dans des acceptions nouvelles, parfois proches, parfois très éloignées des anciennes. Le bas de casse vit très bien sans les casses, et si un néophyte demande une explication sur l'origine de ce terme il la comprend très bien. Pourquoi ? Parce que l'opposition capitale/bas de casse existe toujours. Avec police et fonte le problème est que le lien qui unissait ces deux termes n'existe plus depuis longtemps. On parle du plomb... mais il faudrait parler de composition manuelle, car dès le XIXe siècle la Linotype et la Monotype avaient déjà bouleversé le paysage... Dans un message précédent, j'ai indiqué pourquoi, même sur ce plan (continuité du sens), « police » (liste) me semble bien préférable à « fonte » (réalité matérielle). Continuité approximative du sens : s'il est bon de conserver les mots, il est prudent de ne pas vouloir calquer les anciens liens qui les unissaient, du moins si l'on veut être compris du plus grand nombre. Anecdote. Même lorsque les acceptions anciennes et contemporaines sont proches, on n'est pas à l'abri des malentendus, même entre nous. Par exemple, le terme « crénage » : il y a quelques mois, à propos des capitales accentuées, je l'ai employé ici au sens ancien (tout débord du fût), et Jacques André l'a lu au sens contemporain, ce qui était normal puisque je n'avais pris aucune précaution. Cordialement, Jean-Pierre Lacroux lacroux@xxxxxxxxx Bibliographies (langue française, orthotypographie) : http://users.skynet.be/sky37816/Lx.html -------------------
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