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Message : Re: Pinyin + Académie française (était : Venezuela, [...])

(Olivier RANDIER) - Jeudi 08 Janvier 1998
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Subject:    Re: Pinyin + Académie française (était : Venezuela, [...])
Date:    Thu, 8 Jan 1998 03:58:39 +0100
From:    Olivier RANDIER <orandier@xxxxxxxxxxx>

Yan Bourgeat a écrit :
>Le Pinyin a été conçu dans les années cinquante en Chine populaire non
>seulement pour transcrire phonétiquement les caractères, mais surtout
>dans le terrible dessein de les remplacer ! Cinquante mille caractères,
>l'art de la calligraphie, une civilisation de cinq millénaires fondée
>sur l'écrit allaient être sacrifiés sur l'autel de la généreuse
>idéologie communiste chinoise, prônant l'alphabétisme pour tous.
>Heureusement, le pragmatisme l'a emporté. (Et je crois que les centaines
>de millions d'étudiants chinois peuvent s'en mordre les doigts. Avant le
>bac, ils n'apprennent qu'à écrire.) De nos jours, on constate même un
>retour aux tracés traditionnels datant d'avant la simplification
>communiste. Les caractères chics sont importés de Taiwan, qui lui n'a
>jamais suivi les errements de la démocratisation de la culture, Dieu
>merci (je plaisante).
>
>Le Pinyin n'est plus considéré que comme une norme utile aux étrangers
>pour tous les termes chinois (géographiques en particuliers) qui n'ont
>pas de traduction en langue locale.

Je crois que c'est un peu exagéré. Le pinyin reste très utile, notamment
pour la transcription et, surtout, la saisie de textes chinois, même si ce
n'est pas nécessairement la plus rapide des méthodes. Certains systèmes de
saisie (notamment le kit chinois de WorldScript) utilisent le pinyin comme
base de saisie, c'est-à-dire qu'on saisit en pinyin, puis on choisit dans
un pop-up l'idéogramme exact correspondant au mot désiré. C'est une des
options, il existe d'autres méthodes de saisie, mais celle-ci à l'avantage
d'être la seule accessible à des non sinologues (je ne connais pas le
chinois, mais mon frère, si).

>> Même si la variante « cancerogène » peut être préférable d'un point
>> de vue linguistique ou pour toute autre raison - elle est recommandée
>> par l'Académie des Sciences, précise le Petit Robert - il est trop
>> tard pour changer. S'engager dans cette voie mènerait, si l'on
>> procédait systématiquement et avec esprit de suite, à un état de
>> confusion indescriptible en conduisant à une foule de changements
>> basés sur une approche intellectuelle, changements qui, en raison même
>> de la nature de cette approche, n'auraient aucune chance d'être
>> assimilés en totalité par le public et, fait non négligeable, ne
>> contribueraient qu'à stigmatiser la « fracture sociale » en menant, en
>> quelque sorte, à une pratique linguistique « à deux vitesses ».
>
>Vous allez un peu loin, et vous simplifiez trop le problème. L'usage ne
>doit primer que s'il est « le bon » (clin d'oeil au titre de la célèbre
>grammaire française de Maurice Grevisse). Combien de nos concitoyens
>disent « solutionner » ou « promotionner » à la place de « résoudre » et
>de « promouvoir » ? Combien abusent des anglicismes ? L'usage doit-il
>toujours primer ? Evidemment non.
>
>C'est toute la fonction de l'Académie Française et de son dictionnaire
>que de déterminer les règles du bon français, là où d'autres
>dictionnaires ne font qu'exposer l'usage, sans jugement de valeur. Notez
>que je ne reproche rien au petit Larousse, il remplit simplement un rôle
>différent du dictionnaire de l'Académie. En ce sens, ce n'est pas parce
>qu'un mot est dans le Larousse ou le Robert qu'il est légitime de
>l'utiliser en bon français.
>
>Si on recommande « cancérogène » à la place de « cancérigène », malgré
>ma répugnance à admettre une autorité quelconque sur quelque chose
>d'aussi intime que le langage, je ne vois pas pourquoi je ne m'y
>conformerais pas. De même pour cédérom, ou doigt à la place de doi, si
>vous me permettez de faire référence à la dernière grande réforme de
>l'orthographe française, retrouvant les racines du haut latin.

Cancérogène ou cancérigène, je ne suis pas sectaire, mais cédérom est
débile, en contradiction avec toutes les règles de formation du français.
Je crois que là, les gâteux ont voulu faire "chébran", avec pour seul
résultat de se rendre aussi ridicules que d'aucun avec son mulot. Où est le
"bon usage" là-dedans ? Pourquoi cédérom et pas cédéodio ? À quand
dévédérom, céapé, cékueffedé, esjédégé ? Personnellement, je ferais plus
confiance au Littré qu'au dictionnaire de l'Académie française. Les
immortels n'ont que l'autorité qu'on leur accorde, même si je pense qu'ils
sont utiles, ne serait-ce que comme force d'inertie face à la pensée unique.

Olivier RANDIER -- Experluette		mailto:orandier@xxxxxxxxxxx
		http://perso.wanadoo.fr/thierry.vidal/
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