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Message : Re: De la belle typo & des beaux textes (Olivier RANDIER) - Samedi 01 Août 1998 |
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Subject: | Re: De la belle typo & des beaux textes |
Date: | Sat, 1 Aug 1998 01:59:30 +0200 |
From: | Olivier RANDIER <orandier@xxxxxxxxxxx> |
>Alain Hurtig écrit: >> Ce qu'on se tue à expliquer à Jean-Pierre, c'est qu'il peut (qu'il >> devrait y avoir à chaque fois) adéquation de l'ensemble typographique et du >> texte. >[...] >> L'opinion et l'esthétique >> de l'auteur ne regardent en principe pas le typographe >---- >Comme je ne souhaite pas que tu te tues à la tâche, je ne te demanderai >pas de lier harmonieusement les deux allégations précédentes... >Plus sérieusement, je ne reviendrai à la charge que le jour où l'on >cessera de me faire dire ce que je n'ai jamais écrit... Hum... à contradiction, contradiction et demi : >Confiez à Massin un roman de Franz-Olivier Gisbert : le texte souffrira >peu, voire gagnera un petit rien. Confiez-lui les « Exercices de >style » de Queneau : il vous restituera des exercices typographiques. >Comme quoi, cher Alain, je persiste et signe : un chef-d'oeuvre à plus à >craindre de l'abus que du manque. Alors que par ailleurs (désolé je ne retrouve pas la citation), tu disais qu'un bon texte reste bon même désservi par une typographie dégueulasse, et qu'un mauvais texte vous tombera des mains, si somptueuse que soit sa typographie. 1 - 1, la balle au centre :) N.B. : je suis quand même d'accord avec tes deux allégations, même si elle sont contradictoires. Il y a mille façons d'interpréter Brassens, du moment qu'on respecte le texte. Ca ne m'empêche pas de préférer "Petits bonheurs posthumes", par Le Forestier aux "hits de Brassens", par Aimable et son orchestre... (ma préférée étant, bien entendu, "Entre la rue de Vanves et la rue Didot"). Et je suis sûr qu'entre différentes éditions de ton auteur préféré, il en est une qui t'es plus chère. La typographie n'y serait-elle pas pour quelque chose ? La quète de la pierre philosophale de l'adéquation du sens du texte et de sa forme typographique est certainement futile, mais c'est le lot de toutes les activités humaines. Pourquoi, sinon, Garamond, Manuce, Jenson, et tant d'autres auraient-ils usé leur vie à créer des milliers de caractères différents, quand un seul aurait suffi ? Le typographe veut simplement pouvoir inscrire, avec fierté, à côté de la signature de l'auteur : "Randier scripsit*, tout comme les copistes essayaient d'agrémenter leur fastidieux travail en ornementant outrageusement les textes qu'ils étaient censés respecter. C'est humain. Et, finalement, certains de ses ouvrages sont passés à la postérité pour leur forme, non pour leur fond, alors... La forme fait aussi partie de l'intention de l'auteur. Sinon pourquoi les poêtes auraient-ils écrit des sonnets ? Un sonnet, c'est fait pour vivre dans une page, comme une image parfaite. Le composer sur deux pages, c'est un contresens, sauf s'il comprend deux parties formant repons. Donc, dans un texte, il y a aussi, forcément, une intention visuelle, sauf à retranscrire de la littérature orale. C'est cette intention que le typographe s'efforce de transmettre. Totalement futile... et indispensable. De parler de sonnet me fait penser aux haikai japonais. Est-ce que le problème occidental avec la typographie ne vient pas de l'indigence de l'apprentissage de notre écriture (déjà évoqué ici), qui fait que nos auteurs sont incapables de concevoir visuellement leurs oeuvres et d'en tirer satisfaction, comme le font les orientaux ? Alors "les auteurs-compositeurs-maquettistes, les poètes paoïstes, les diaristes webiques", que je redoute tout autant que toi, ne sont peut-être que les premières flambées d'acnée de nouvelles générations d'auteurs, enfin dotés d'une certaine culture typographique, qui seront peut-être, eux, à même d'apprécier notre travail et de nous proposer des défis intéressants. On peut rêver, non ? * D'ailleurs, la disparition des colophons en dit long sur l'intérêt que les typographes portent aujourd'hui à leur travail. Olivier RANDIER -- Experluette mailto:orandier@xxxxxxxxxxx http://village.cyberbrain.com/technopole/Experluette Experluette : typographie et technologie de composition. L'Hypercasse (projet de base de données typographique), l'Outil (ouvroir de typographie illustrative).
- Re: Majuscules avec accents sur claviers [sans accents dans le titre], (continued)
- Re: Majuscules avec accents sur claviers [sans accents dans le titre], Antoine Leca (30/07/1998)
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- Re: De la belle typo & des beaux textes, Jean-Pierre Lacroux (31/07/1998)
- Re: De la belle typo & des beaux textes, Olivier RANDIER <=
- Re: De la belle typo & des beaux textes, Jean-Pierre Lacroux (03/08/1998)
- Re: De la belle typo & des beaux textes, Olivier RANDIER (04/08/1998)
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- Re: De la belle typo & des beaux textes, Thierry Bouche (04/08/1998)
- Les caractères codés immatériels et leur représentation, Alain LaBonté (04/08/1998)
- Re: De la belle typo & des beaux textes, Olivier RANDIER (13/08/1998)
- Re: De la belle typo & des beaux textes, Alain Hurtig (01/08/1998)