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Message : Re: Authenticite (Thierry Bouche) - Dimanche 02 Août 1998 |
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Subject: | Re: Authenticite |
Date: | Sun, 2 Aug 1998 19:47:37 +0200 (MET DST) |
From: | Thierry Bouche <Thierry.Bouche@xxxxxxxxxxxxxxx> |
» Les textes ne sont pas des partitions. La typographie » n'est pas un instrument, encore moins une interprétation. un instrument non, une interprétation partielle : un peu tout de même. C'est précisément le débat : un texte est _nécessairement_ typographié, cette typographie laisse nécessairement une impression visuelle qui accompagne la lecture du texte. Les choix typo, s'ils peuvent être gratuits, n'en sont pas pour autant transparents. Maintenant, il est certain que composer « À mort les vaches » en Helvetica Black condensée n'est pas une interprétation dans le sens où ça ne va pas tuer toutes les vaches... Quand je parlais plus précisément d'interprétation et de rapport auteur/typo, c'était en me concentrant sur les domaines où l'auteur doit avoir un regard sur la typo (on parle de façon récurrente de Mallarmé, on pourrait aussi évoquer Pound ou Blaine ou Bory ; mais n'oublions pas non plus toute l'édition scientifique dans laquelle le typo ne peut pas décider seul de la composition de certaines notations ou formules nouvelles ou complexes, tandis que l'auteur seul commet assez inévitablement de grosses bourdes). Il semblerait qu'on traverse une de ces pénibles périodes d'épuration au cours desquelles l'importance de la forme est niée (cf SGML), l'auteur se croit capable de tout, méprisant l'apport des correcteurs ou des typos. Et bien souvent l'éditeur pingre l'encourage... » qu'un New Baskerville connote le XVIIIe finissant revient à dire que la C'est vrai que blanc-hard a une reflexion pas sotte sur ce point, à propos du Times : un caractère dont les idiosyncrasies à connotations historiques ont été peu à peu nettoyées, et qui est à la fin devenu une sorte de modèle en soi. » Même en respectant » scrupuleusement les graphies, les marges, l'empagement » d'origine, c'est du pipeau. Tout à fait d'accord. Du temps où ce monsieur postait sur comp.fonts, Bill Troop avait tout de même fait remarquer l'importance de l'espacement (micro et macro) sur l'impression générale. Il s'appuyait sur des exemples publiés dans le magazine d'adobe que je n'ai pas vu, qui étaient réalisés en Minion (qui est aux humanes ce que le Times est aux réales : un archétype synthétique ne correspondant à aucun modèle historique). Il affirmait que par le soin apporté à l'empagement et à l'espacement, en utilisant ce caractère qui connote plus la Californie des années 90 qu'autre chose, on parvenait à donner vraiment l'impression d'une recréation de compo de la renaissance. C'est lié à cette histoire de « look de l'étroit » : un garamond au dessin très fidèle, mais aux approches atrophiées, représente un idéal auquel l'informatique (après la photocompo, je présume) nous permet d'accéder -- mais qui n'a plus de rapport avec l'original ainsi idéalisé. » À quoi ça rime de faire » croire qu'un clone approximatif quoique électronique du Jenson imprimé » en offset sur du couché pure pâte chimique vous a un charme » « authentique » ? ;-)) ****************************** J'ai un peu dû rater la discussion sur les classifications. Comme ce que tu dis me semble assez convaincant, je pose cette question (à laquelle il a peut-être déjà été répondu ?) : à quoi bon et à quoi sert une classification ? Pour moi, la classif Vox a joué un rôle indéniable d'apprentissage, à un moment donné, -- de l'histoire de la typo, -- des traits distinctifs des caractères. Maintenant, que lui demanderais-je ? À la façon d'une classification mycologique, la possibilité de déterminer de façon exacte la police employée sur un échantillon. Pour ce faire, il est probable que la Vox n'est pas suffisamment scientifique (le nombre de polices qui changent de classe selon les auteurs est tout de même pharamineux ! Times, Caslon sont parfois réales ou garaldes, Minion peut objectivement être classée humane, réale ou garalde, selon le critère choisi). Peut-être la solution pour cela est Alessandrini : suivre une succession de critères discriminatoires. À la façon d'un vernis d'histoire de l'art, pouvoir structurer un peu ma typothèque mentale, sur des critères esthétiques mais aussi fonctionnels : c'est un peu ce à quoi répond la Vox ou la Bringhurst (qui sont d'ailleurs identiques, malgré la guerre d'hernani que se livrent ceux qui préfèrent l'une ou l'autre). À la façon d'un nuancier de couleurs, un moyen de ranger en sous-groupes ma typothèque, de façon à savoir dans quelle zone chercher une police de titrage qui complète mon romain : je suppose que c'est là l'« aide au choix » dont parlent certains. Elle requiert probablement une énième classification, selon un système différent des autres ? Il est possible que de ce point de vue Thibaudeau soit toujours la plus satisfaisante ? Juste un mot encore : à mon sens, une classif ne se juge pas sur les cas d'école exotiques, mais sur son utilité opératoire. Je ne vois pas l'intérêt d'entreprendre un travail pour classer certains gadgets (comme les MM serif <-> sans, ou les innombrables fantaisies). Il suffit de prévoir comme chez les disquaires une classe « inclassables ». Thierry Bouche, Grenoble.
- Authenticite, (continued)
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