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Message : Textes polychromes

(Jean Fontaine) - Lundi 03 Août 1998
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Subject:    Textes polychromes
Date:    Mon, 3 Aug 1998 02:55:13 -0400
From:    "Jean Fontaine" <jfontain@xxxxxxxxxxx>

J'attrape au vol une parenthèse de Caroline Leduc :

>(il existe aussi une version de ce roman où les couleurs
>tiennent -assez malheureusement à mon sens- le rôle de ces variations).

La couleur est une variable graphique (devrais-je mettre le préfixe
typo-?) dont il n'a pas été souvent question ici... Des goûts et des
couleurs il ne faut pas discuter, mais du bon usage de la couleur, on
pourrait peut-être? Je pense moins à son emploi décoratif qu'à son emploi
signifiant, fonctionnel, comme en signalétique.

Je n'ai pas à l'esprit de pareil exemple qui relève de la littérature,
mais je pense au cas un peu différent d'un ouvrage de référence (on va
reconnaître mon dada) : on peut comparer la version papier et la version
informatique d'un même dico, le Petit Robert. Dans le premier, où tout est
noir sur blanc, les différentes fonctions (vedette, prononciation,
étymologie, définition, exemple, citation, renvoi, etc.) sont assumées par
les modulations habituelles de caractère, de corps, de graisse, de face.
Dans la version informatique, ces modulations sont en gros conservées,
mais la couleur (noir, bleu, rouge, marron, vert) vient jouer un important
rôle distinctif. Certains aiment (je trouve que ça donne un meilleur
aperçu de la structure des articles et que ça facilite le repérage rapide
des divers types d'information), d'autres aiment pas (c'est moins
confortable pour l'oeil, même si les couleurs semblent avoir été choisies
de façon à éviter les contrastes extrêmes).

Faut dire que les conditions de lecture changent avec le support : la
présentation à l'écran est plus aérée (les articles ne sont pas composés
en un seul pavé) et la taille de la police affichée est réglable. J'essaie
d'imaginer une version papier qui serait imprimée avec toutes les couleurs
de la version informatique : dans la composition dense et serrée du
bouquin, ça donnerait un méchant mal de mer... (Quoique... faudrait
voir...) Et bonjour le gris typo!

Les pages Web offrent des exemples douteux de textes multicolores... Pas
seulement à cause des hyperliens. Comme la question du coût de la couleur
ne se pose pas, la tentation est grande pour les webbeux de s'éclater et
d'en mettre plein la vue... Une polychromie qui déteint peut-être sur le
papier...

Question : un emploi harmonieux de polychromie textuelle est-il possible?
Je ramasse les copies dans une heure. ;-)


Jean Fontaine
jfontain@xxxxxxxxxxx