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Message : Qualité & typographie

(Thierry Bouche) - Lundi 08 Février 1999
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Subject:    Qualité & typographie
Date:    Mon, 8 Feb 1999 18:38:24 +0100 (MET)
From:    Thierry Bouche <Thierry.Bouche@xxxxxxxxxxxxxxx>

On constate sur cette liste que beaucoup d'intervenants de la « chaîne
graphique » ont l'amour de la chose imprimée, du détail, de la belle
ouvrage.  Pourtant, on tombe tous les jours sur des impérities, des
monuments de mauvais goût, des textes rendus illisibles par
l'abondance de coquilles, désservis par une typographie qui les rend
illisibles. 

Souvent, on est forcé de faire ce constat sur des ouvrages dont on
connaît les auteurs, dont on connaît l'exigence, l'oeil acéré, la
compétence « théorique ».

Pas de noms aujourd'hui ! Mais je réagis aux extraits de journaux
reproduits dans la dernière livraison de J. Méron, à des fichiers vus
chez un imprimeur, à quelques revues ou magazines qui ont visiblement
échappé aux contrôles minimums qui font qu'un imprimé n'est pas
exactement la même chose qu'une _copie_ d'auteur.

Méron (que j'aurai tendance à ne plus trop évoquer, car il a dépassé
les limites de ma tolérance vers la fin de la zone « croisons le
fer ») parle d'« obligation de résultat », laisse même entendre qu'il
ne va pas en rester là pour le journal incriminé (une action en
justice serait possible ?). 

D'un côté, les professionnels produisent dans des conditions de
charrette perpétuelle, ce qui leur permet ni de se former pour suivre
l'évolution de leurs outils (au risque d'être éjecté brutalement par
le système qui s'emballe, un peu plus tard) ni de prendre de la
distance (approche « globale » d'un document, voire d'un ensemble de
documents -- mais  quels sont les éditeurs qui travaillent avec un
seul imprimeur pour assurer la cohérence de leurs publications ?). On
entend souvent une rengaine du genre « vu ce que je vais encaisser
pour ce boulot, pas la peine de me décarcasser » ou plutôt : «  ça
doit rentrer dans tel délai, on peaufinera ensuite, s'il reste du
temps » (sachant que les délais sont toujours calculés trop court). 

D'un autre côté, les auteurs sont de plus en plus souvent leurs
propres typos, puisque aucun contrôle n'est assuré en aval. Mais il
est impossible de se corriger soi-même. On est tout de même surpris de
vois des guillemets ouvrants en fin de ligne ou des points
d'interrogation en début de ligne sous des « plumes » autorisées en
typo. 

Enfin, les amateurs, dont on pourrait penser qu'ils échappent aux
contraintes du monde réel, en ont d'autres : le temps dont ils
disposent pour se livrer à leurs passions coupables étant limité par
d'autres activités plus lucratives, ils reproduisent allègrememnt tous
les défauts ci-dessus, l'amateurisme en plus. 

Aucun des personnages ci-dessus n'a voulu cette situation, aucun n'en
est responsable. Par dessus tout, il n'y a pas de coupables : ils ont
tous une bonne excuse ! N'y a-t-il pas quelque chose de pourri dans
notre galaxie ?

Th. Bouche
« et, quoique l'on pourrait mettre un point d'exclamation à la fin de
chaque phrase, ce n'est peut-être pas une raison pour s'en dispenser ! »
                                     Comte de Lautréamont, 1869.