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Message : RE: Guillemets, le debat

(Jef Tombeur) - Mercredi 25 Août 1999
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Subject:    RE: Guillemets, le debat
Date:    Wed, 25 Aug 1999 04:04:10 +0200
From:    "Jef Tombeur" <jtombeur@xxxxxxxxxxxxx>


|-----Message d'origine-----
|De : Olivier RANDIER [mailto:orandier@xxxxxxxxxxx]

|

|Il y a donc bien place pour des guilles "de distanciation". Doivent-ils
|être distincts des guilles "de citation" ? (...) Il n'y a donc
|pas lieu de distinguer les deux types de guillemetage.
|
C'est assez délicat.Un prof de fac dont j'ai oublié le nom considérait que
tous les subterfuges typographiques pour donner du relief à un passage (il
se référait à l'italique, utilisée pour l'emphase, une certaine insistance,
comme le soulignement ou la mise en capitales, dans des notes de service par
exemple) révélait surtout l'incapacité de l'auteur à s'exprimer
adéquatement. On peut effectivement penser que la distinction entre guilles
de distanciation et de citation ne n'impose pas. Si l'auteur en ressent le
besoin, ce serait faute d'avoir assez affuté son style.
Le problème, c'est que la place est toujours plus chichement comptée.
Parfois, dans des textes polémiques, il convient de citer, puis de
reprendre, hors citation, par la suite, un mot cité, de le mettre autrement
en évidence, éventuellement de jouer sur ses divers sens, etc.
Je crois que certains auteurs trouveraient divers avantages à une
différenciation entre les deux types de guillemets. Si d'aucun avait conçu
le point d'ironie (oublié le nom de son inventeur, et je n'ai plus mon
Drillon sous la main), d'autres pourraient apprécier des guilles de
distanciation dispensant d'avoir recours à des qualificatifs, ou des
tournures allongeant leur prose. A tort ? A raison ?
Je me souviens confusément d'un cas où ma seule défense avait été d'avancer
que, ayant mis le terme incriminé entre guillemets, j'en m'en démarquais. Et
d'aller chercher le Robert, diverses références, pour appuyer mon propos. Ce
à quoi le redchef-adj. me rétorque : "Vous croyez que vos lecteurs lisent le
Robert ?". Il n'est pas sûr que, si j'avais eu à ma disposition des guilles
de distanciation, la plupart des lecteurs en eussent mieux compris l'usage.
Et puis, lesquels ? Ceux-ci ?devant comme derrière? ? D'autres, mieux
?adaptés? ?
Choix difficile, d'autant que la plupart des auteurs buteront sur le fait
que les claviers actuels ne présentent pas de touches libres (ou très, très
peu utilisées, à réaffecter).
Plus généralement, tous ces problèmes sont affaire de convention entre un
auteur, un éditeur, et des lecteurs. Tout peut être imaginé.
"Idéalement"(ici employé avec distanciation), j'imagine qu'avec les Multiple
Masters, ou certaines polices déclinées en styles multiples (romain,
elzévir, diverses graisses), on pourrait même se passer de guillemets et
d'italique (pour ces divers usages de citation, d'emphase, distanciation,
écart, etc.). Cela n'en vaut peut-être pas la chandelle.
Bon, cessons de vous chanter guillemette, " dire des sottises" (Dic. des
curiosités, Oudin), mais je crois que s'il faut légiférer en la matière, la
prudence s'impose.