Re: Ponctuation

["L.L.De Mars" <lldemars@xxxxxxxxxx>]

> > Il semblerait que pour les créateurs de dénominations commerciales,
> > tous les signes disponibles au clavier soient des _lettres_ -- qui se
> > charge de les mettre au parfum ?

L'hypothèse de certains stylisticiens est que l'usage de la machine à écrire
par les écrivains eux-mêmes a profondément modifié la littérature; elle se
vérifiera effectivement jusque dans la Beat Generation où sa graphie
particulière intègre jusqu'aux métaphores chez Burroughs (famille oblige,
j'imagine).
MAIS on a vu fleurir les publications navrantes poussant la dévotion
sémiotique à fac-similer à tout-va les graphies Underwood...
Le photocopieur à la portée de tous a, lui-aussi pas mal modifié les genres
littéraires, entrainant une incroyable liberté de style (et surtout de
structure) pour qui, désormais, n'avait plus à se soucier de resserrer son
manuscrit ou tapuscrit autour de son seul original, et d'en forcer la
linéarité (les paperoles proustiennes en marquaient jusqu'ici le seuil de
liberté).
MAIS on a vu fleurir les productions merdouilleuses de tout ceux qui y
trouvèrent l'occasion inespérée de relacher un peu l'attention sur la
structure générale du récit et on ne compte plus les romans où il semble
manquer des bouts à force de bricolages.
Dois-je continuer? Pour ceux qui ont eu entre les mains les innombrables
feuilles de chou poésardes qui n'ont généralement d'inventif que leur outil
de médiation (cela même qu'elles n'ont pas inventé) et qui fleurissent dans
les réseaux "underground", ce qui saute aux yeux n'est pas la singularité
des poèmes présentés, mais le traitement de texte utilisé pour les mettre en
forme; graisses, italiques, biffures et soulignements dans tous les coins,
et, ce qui nous ramène au sujet du jour, usage le plus exhaustif possible
des caractères disponibles sur un clavier.
Comme l'herméneute des textes sacrés ou l'ésotériste de base, notre
boulimique de gadgets typos est un malade du signe, et sa fortune est dans
la complication qu'il confond avec la complexité.
Je vous renvoie à l'excellent texte de J.S. Savang "Hic & Nunc", qu'on peut
trouver à cette adresse :
http://bon-accueil.ifrance.com/bon-accueil/idiot/textejf.htm