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Message : Re: ON A TEMPETE

(Pierre Schweitzer) - Jeudi 28 Septembre 2000
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Subject:    Re: ON A TEMPETE
Date:    Thu, 28 Sep 2000 11:16:05 +0200
From:    "Pierre Schweitzer" <pierre.schweitzer@xxxxxxxxxxxxxxxxxxx>

Thierry Bouche <thierry.bouche@xxxxxxxxxxxxxxx> a écrit :
Mercredi, 27 september 2000

<< (...) L'usage qui consiste à ne pas accentuer les
majuscules (...) conduit à la situation où _on ne sait
pas_ si Eve, Etienne, Edith ou Eloïse devraient
comporter des accents sur le E. >>


        Bonjour à tous,

        A mon avis, tout le monde _sait_ que Eve et Etienne
        n'ont pas les mêmes accents sur leur e initial. Même
        ceux qui n'accentuent jamais les majuscules. Faute
        d'avoir appris à écrire comme ça, à l'école ou ailleurs.
        C'est un truc assez miraculeux qui tient au langage et
        à l'écriture...

        Et même s'ils ne sont plus surpris, aujourd'hui, de voir
        gesticuler des accents par delà la hauteur des majuscules,
        je ne crois pas qu'ils y fassent des découvertes
        orthographiques.

        Il y a deux autres aspects du point de vue du non-
        spécialiste, simple lecteur et usager de l'écrit :

        Partager la même majuscule, c'est une façon simple
        de rester un e. Quelquechose qui appartient un peu
        à l'imaginaire alphabétique, lié à l'enfance et au moment
        des apprentissages de la lecture et de l'écriture. Bien
        symbolisé par l'abécédaire. Est-ce une faute d'avoir un
        peu de mal, de traîner un peu les pieds, à se défaire de
        ces habitudes là ? [à ce propos n'y aurait-il pas dans
        les figures de l'abécédaire une piste non moins intéressante
        que la composition des titres de livres, pour faire l'histoire
        de l'accentuation des capitales et des majuscules... pour
        le sens et les habitudes communes, non réservés aux
        spécialistes des codes en ALT :-)

        Et là j'en arrive au deuxième aspect, tout aussi commun
        mais carrément contemporain. Aujourd'hui, on écrit de
        plus en plus avec un clavier. Il y a qq décennies à peine,
        si on avait dit "tout le monde sait imprimer", on aurait
        compris que tout le monde était devenu imprimeur.
        Aujourd'hui, c'est vu, une imprimante coûte moins de
        500 balles et tout le monde sait s'en servir. D'une
        certaine façon, chacun dispose maintenant d'une sorte
        assez admirable de casse, appelée clavier. Presque aussi
        répandu qu'un stylo, en parfois beaucoup plus efficace, une
        sorte de plume magique pour envoyer des
        messages à distance. Ou plutôt [précision], faire
        "imprimer" est encore aujourd'hui beaucoup plus simple
        que... de poser un accent sur une majuscule. Voila. Et tant
        que l'accès à une majuscule accentuée ne sera pas aussi
        simple que pour une autre majuscule, on comprend bien
        que les nouvelles habitudes à prendre (édictées par qui ?)
        trainent un peu les pieds. Sauf à en faire une grande
        affaire de spécialistes, avec des tableaux à encadrer et
        des claviers virtuels (appelés communément insertion de
        caractères spéciaux...) ou des combinaisons de touches
        que seuls pratiquent les informaticiens.

        Ce qui me fait rebondir un peu plus loin encore : non
        seulement l'indulgence à l'égard de ceux qui n'accentuent
        pas les majuscules serait de bon ton. Mais encore, la
        gêne de certains lecteurs à l'égard de textes capitalisés
        à l'excès, ou mal (l'usage des petites capitales qui n'effacent
        pas les majuscules, pourrait souvent régler bien des choses...)
        cette gêne est bien compréhensible et doit être évaluée,
        non seulement par l'effet typographique produit, mais
        aussi, par l'usage de fabuleux outils que désormais,
        spécialiste ou non, nous avons tous en commun.

        Ayez un peu d'indulgence avec ce message hasardeux
        d'un non-typographe. Et grand merci à tous pour vos
        éclaircissements sur l'accentuation des capitales.

        Cordialement,

        Pierre Schweitzer