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Message : Re: Ponctuation, lit. comp. (était : 2 petites questions)

(Franck Pommereau) - Mardi 17 Octobre 2000
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Subject:    Re: Ponctuation, lit. comp. (était : 2 petites questions)
Date:    Tue, 17 Oct 2000 11:53:42 +0200
From:    Franck Pommereau <Franck.Pommereau@xxxxxxxx>

Thierry Bouche :

> Suis-je le seul à penser que la typographie rend des services au
> lecteur en organisant sa lecture, ce dont il bénéficie sans avoir à y
> rien comprendre ?
> 
> On ne demande pas aux habitants d'une maison de s'y connaître en
> résistance des matériaux ou plan d'écoulement des eaux pour s'y sentir
> bien ! C'est la responsabilité (& l'honneur) de l'architecte (resp. du
> typo) d'organiser une cohérence invisible, confortable parce
> qu'invisible ! 

Je souscris, et plutôt deux fois qu'une. C'est exactement ça.

Jef Tombeur :

> Je ne vais pas chipoter pour le plaisir: je comprends ton emploi de
> cet "invisible".
> Mais seuls sont invisibles au lecteur les signes imprimables ou non,
> de calage, recouvrement, hirondelles et autres, ou de marques de fin
> de ligne (retours forcés ou non). Et bien sûr des balises, des codes
> formatage.

Non, non, invisible me semble tout à fait exacte. De deux façon
différentes.

Il y a d'abord des choses qui sont réellement invisibles dans une
belle composition : les erreurs. Invisibles car absentes. Une bonne
typo nous évite de lire comme je l'ai vu récemment :

 « [...] le palais des con-
   grès [...] »

(Après le palais de congres...)

Et il y a des choses qui sont certes perçues par l'oeil mais qui
restent pourtant bien invisibles aux yeux de la plupart des
lecteurs. Autour de moi, je connais bon nombre de lecteurs qui ne
_voient_ aucune différence entre un texte bien composé et la première
page web venue. Vraiment, ils ne _voient_ pas la différence. Après, si
on leur fait lire les deux, ils se sentiront dans le texte composé
comme Thierry dans son appartement, et dans la page web comme moi dans
le mien. Mais rien de visible à leurs yeux ne saura l'expliquer.

> Ce qui n'empêchera aucunement que, comme en architecture, certaines
> entraves à la circulation peuvent avoir un effet décoratif plaisant.
> On a guère envie de contourner sans cesse des obstacles dans un hall
> de gare, alors que dans certains jardins, où l'on se plait à flaner,
> il n'en sera pas forcément de même. Visiteurs, voyageurs, badauds,
> comprennent, partagent, l'intention architecturale est pressentie ou
> non, il est ou non approprié qu'elle soit ou non manifeste, évidente.

Ce n'est pas contradictoire avec ce que dit Thierry. La « bonne » typo
n'est pas nécessairement celle qui rend permet la lecture la plus
aisée.

> J'affirme aussi qu'une vulgarisation intelligente de la typo est la
> condition nécessaire de l'adhésion du lecteur, qu'il n'est pas inutile
> de rendre "visible" ce qui est appelé à devenir pratiquement
> "imperceptible" (mais évidemment perçu quand même).

Oui, je suis d'accord. Ce qui n'empêche pas que le lecteur à le droit
de ne pas vouloir savoir, ou tout simplement, on ne doit pas attendre
de lui qu'il sache ou veuille savoir. Vulgariser, rendre accessible la
science ou l'art à ceux qui ne les connaissent pas est l'une des plus
belles choses qui soit. Mais ça n'est qu'un don aveugle, on ne peut
pas et on ne doit pas s'attendre à ce qu'il soit reçu par tout le
monde.

-- 
Franck Pommereau : Franck.Pommereau@xxxxxxxx
    "It's not a bug, it's a feature!"