Archive Liste Typographie
Message : Re: E supérieur

(Olivier RANDIER) - Vendredi 29 Décembre 2000
Navigation par date [ Précédent    Index    Suivant ]
Navigation par sujet [ Précédent    Index    Suivant ]

Subject:    Re: E supérieur
Date:    Fri, 29 Dec 2000 04:41:03 +0100
From:    Olivier RANDIER <orandier@xxxxxxxxxxx>

>Bonjour,
>
>J'aimerai assez comprendre la remarque de Jacques André à propos du "e
>supérieur". Le "e supérieur" n'est certainement pas obtenu par réduction
>optique d'un e du corps courant, mais comment doit-on faire ? Il faut un
>"e bas-de-casse" dans un corps inférieur, ou y a-t-il d'autres
>subtilités que je ne vois pas ?

À l'origine, la question de Jacques portait surtout sur le problème du e
supérieur dans les fontes ne comportant pas de bas de casse, comme le
Trajan. Un e capitale en supérieur paraît gênant (encore que ça se trouvait
fréquemment, par exemple sur les plaques d'étages de vieux immeubles
parisiens), je suis d'accord. La solution est donc de chercher le e dans
une autre fonte.

La question de la graisse du e supérieur est une autre question. Il ne peut
effectivement pas être obtenu par réduction optique directe, car il serait
trop maigre. Mais comment calculer sa graisse, par rapport à quel critère ?
Aussi gras qu'une bas de casse, il paraîtrait monstrueux. En fait, le
problème est à relier à celui des petites caps obtenues par réduction. La
taille des petites caps est facile à déterminer, elle devrait être égale à
la hauteur d'x. Mais leur graisse devrait être égale à celle des bas de
casse. Le rapport hauteur des caps/hauteur d'x étant généralement très
inférieur au rapport graisse des caps/graisse des bas de casse, il faut
compenser par une graisse plus élevée. Encore faut-il alors que la graisse
précisément adéquate existe.
Il m'a semblé que c'était un problème à prendre en compte lors du dessin
d'une fonte. Bien sûr, il y aura des compléments experts pour mon Moretus,
mais il me faut bien tenir compte du fait qu'il n'est pas toujours aisé de
les utiliser et qu'il peut toujours se trouver des cas où on ait besoin de
lettres non prévues.
J'ai donc eu l'idée de prendre le problème dans l'autre sens : le rapport
de progression d'une graisse à l'autre est arbitraire (à l'intérieur d'une
fourchette) ; pourquoi, alors, ne pas le calculer de façon que, réduites à
la hauteur d'x, les capitales grasses soient de même graisse que les bas de
casse ? Bien sûr, ça ne résoud pas tout, il est impossible de mettre les
empattements à l'échelle de la même façon (ils paraîtraient monstrueux sur
les vraies caps grasses), de même pour les accents, mais cela permet
d'avoir des petites caps calculées qui ne jurent pas trop avec le reste.
Comme, d'autre part, mon parti-pris mathématique du départ était l'égalité
des hauteur d'oeil des exposants et des indices avec la hauteur d'x, le
problème des lettres supérieures est résolu de la même manière, les bas de
casse du gras permettant d'obtenir des lettres supérieures de la graisse
adéquate. C'est, d'ailleurs, dans ce domaine que ce système sera le plus
utile, puisqu'en mathématiques l'étendue des signes en exposant (ou en
indice) est virtuellement infinie, ce qui interdit l'usage de signes
"précomposés" et oblige donc de recourir à des signes calculés.
Donc, pour répondre à la question du début, la graisse adéquate pour une
lettre supérieure est celle qui donne aux capitales du corps correspondant
la même graisse que les bas de casse. Par conséquent, le rapport entre la
graisse absolue des bas de casse et la graisse absolue des lettres
supérieures est le même que celui entre la graisse des capitales et celle
des bas de casse. On obtient donc la graisse relative en multipliant ce
rapport par le rapport corps des supérieures/corps courant, soit :

graisse relative des supérieures
--------------------------------
   graisse relative courante

    graisse des capitales    corps des supérieures
= ------------------------ x ---------------------
  graisse des bas de casse       corps courant

Bien sûr, tout cela est théorique et doit être pondéré par l'oeil du
typographe et l'âge du capitaine qui, en définitive, reste seul maître à
bord. ;-)
Mais si un de nos texistes forcenés veut utiliser cette formule pour
corriger automatiquement la graisse des indices et exposants à l'aide
d'instances Multiple Masters, il a ma bénédiction...
Si avec ça je rentre pas dans le Guide du typographe pervers...

N.B. -- Cette formule vaut aussi pour le calcul de la graisse des petites
caps, il suffit de remplacer supérieures par petites caps dans TOUS les
termes.

Olivier RANDIER -- Experluette		mailto:orandier@xxxxxxxxxxx
	http://technopole.le-village.com/Experluette/index.html
Experluette : typographie et technologie de composition. L'Hypercasse
(projet de base de données typographique), l'Outil (ouvroir de typographie
illustrative).