Archive Liste Typographie
Message : Re: Difference entre i et I ?

(Jef Tombeur) - Vendredi 22 Juin 2001
Navigation par date [ Précédent    Index    Suivant ]
Navigation par sujet [ Précédent    Index    Suivant ]

Subject:    Re: Difference entre i et I ?
Date:    Fri, 22 Jun 2001 02:00:56 +0200
From:    "Jef Tombeur" <jtombeur@xxxxxxx>

Th. Bouche répondait à un message (sur l'accentuation des
capitales) de Jean Fontaine (qui proposait de réaliser un exercice
de composition) ainsi :
> Mais à quoi bon ?
> la À rimbaldien : majucule démarcative ? c'est linguistique ?
> typographique ? poil-à-grattique ?

Pour mémoire le même Th. B. avait énoncé : "Si les petites caps
étaient des caractères, alors il en faudrait dans
tous les styles, au minimum en italique (...) La plupart des
polices d'italique n'en ont pas." Ce qui ne plaide d'ailleurs que
pour l'émergence de polices de petites capitales italiques
accentuées. Et il signalait par ailleurs : "L'école du cirque --
pirouettes et contorsions intellectuelles à volonté" (pour
justifier la non accentuation des capitales), ce pourquoi
énormément lui sera pardonné... Mais...

Restons-calme, ne nous emportons-pas !
Bon, si l'érésipèle de cette liste, à savoir toi, veut bien
considérer qu'on s'amuse dans notre fond de cour de récré à faire
des petits exercices inutiles, ben, il peut nous rejoindre, on
veut bien lui prêter des billes...
Au fait, c'est quoi ton néologisme « majucule » ? Formée sur
macule, jus de crâne et cap... zut, majuscule ?
De toute façon, t'es qu'azbin, maintenant on écrit gratik... Et
rimboldian (à prononcer rimmebôldianne).
Lis-le sur mes lèvres, suis mon regard... le À, c'est pour la
lisibilité, Duschmoll ;-)
Mais aussi pour la « readability » (j'ai bien tenté quelques
déclinaisons à partir de distinctif, discernable, aucun ne me
satisfait, mais une « démarcatibilité » m'irait bien si ce n'était
pas aussi longuet que les autres : je reste preneur de quelque
chose qui conviendrait) des polices de caractères... Eh oui, il y
a ceux qui consacrent du temps à peaufiner des accents, et les
autres... Et je pense que les premiers sont en général un peu plus
soucieux de « readability » que les seconds... Même quand ils ne
font pas des polices de labeur...
Et d'un !
Tu vois, tu croyais que tous les arguments les plus abscons
avaient déjà été déployés sur cette liste pour plaider la cause de
l'accentuation des capitales, j'en ai encore tiré un autre par les
terminaisons des cheveux... Et toc ! Je n'allais pas laisser
l'École du cirque poursuivre sans répliquer d'une salve de même
mitraille.
Plus sérieusement, ces histoires d'accentuation me font penser à
autre chose : la disparition de la capitalisation dans des méls
d'Étatsuniens et notamment, bien sûr, de celle du I.
Je me suis toujours demandé pourquoi les Britanniques anglophones,
imités bêtement par d'autres pouvant n'être ni l'un ni l'autre,
écrivaient leur « je » de la sorte : I. Voici une lettre qui se
distingue parfaitement des autres et on peut penser aussi que son
emploi apporte un je-ne-saurais-trop-dire-quoi à la lisibilité
(« legibility »). Mais l'habitude de lire des suites de i en mels
me fait douter... C'est pas si emmiellant ni asinin finalement.
Alors, ça aussi, c'est quoi ? Démarcatif ? Linguistique ?
Typographique ? Tirebouchonnesque ? Tirobouchenien ?
S'ils en seraient qui voudraient nous apporter des réponses sur
l'avénement de la capitalisation des i à des fins que l'on peut
supposer égocentriques dans les sociétés des Îles britanniques, je
serais preneur (blagues irlandaises bienvenues, toute explication
ethnocentrique marquée du sceau de la plus parfaite mauvaise foi
est aussi accueillie à bras ouverts). Ce serait pour moi une
grande épiphanie (et non pas plus qu'un linceuil de Lorraine n'est
une bière d'Alsace, une petite Épiphanie).
M'enfin, m...., on laisse les Angliches passer en capitales des i
à tour de bras et de fiers descendants des Gaulois, qui avaient eu
quand même quelque panache à Alésia, en chipoteraient d'autres qui
veulent accentuer leurs capitales ? C'est un Mers-el-Kébir de la
pensée cartésienne !
Je dis donc : accentuons vigoureusement nos capitales et
préparons-nous à remonter de Marseille et des « quatre coins de
l'hexagone » leur-z-en en boucher un via le Chunnel et faire
rabattre un peu leur i aux Goddons et aux Rosbifs. On aurait l'air
fin de le faire armés de capitales non accentuées, non ?
La capitalisation sans accent d'une bdc accentuée, c'est le bouton
manquant à la guêtre de la typographie française, la mamelle sèche
de la fière Lorraine sous la botte de l'envahisseur qui massacre
nos fiers petits enfants brandissant leurs majuscules de bois, la
Bérésina du j'te compose comme j'te pousse qui se jette dans la
Mare Nostrum pas loin de Trafalgar, Déroulède en capilotade
amenant le pavillon jusqu'à bas de casse, la Saint-Hélène sombrant
sous la montée des flots du n'importe quoi. Et celle-là, j'espère
qu'elle te gratouille autant qu'elle te chatouille ;-)
La décapitation des i d'Albion (on leur fait sauter le point, ça
leur apprendra !) et l'instauration du « je » anglais de modestie
ne sera possible que si la levée des accents au-dessus des
capitales françaises et de l'Atlantique à l'Oural s'effectue en
masse.
C'était mon second (imparable, implacable, mais fédérateur)
argument*.
Bon, on veut bien te prêter des billes, mais t'aurais intérêt
quand même, après ça, sous peine d'entartrage, à la fermer jusqu'à
la fin de la récré (soit la mise en veilleuse du débat sur
l'accentuation des capitales ?). Et encore, comme je l'avais
promis en préambule, je reste très mesuré dans mes propos ;-)

* J'en ai quelques-uns en réserve de la même eau-de-vie, puisés
dans la Sainte Bible, le Coran, le Livre blanc de la mère Denis,
le Kama-Soutra, édition revue et augmentée par Berrurier, et le
Saint-Jean du compagnon des Presses de la Fédération de la
visserie-boulonnerie. Va en paix, ils te seront épargnés. Ainsi
qu'à tout autre si nous voulions bien convenir qu'un moratoire, le
temps qu'une proposition de QFP sur la question soit élaborée,
s'impose.