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Message : Re: plate' forme

(Jacques Melot) - Lundi 12 Novembre 2001
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Subject:    Re: plate' forme
Date:    Mon, 12 Nov 2001 00:27:02 +0000
From:    Jacques Melot <jacques.melot@xxxxxxxxx>

 Le 10/11/01, à 14:57 +0000, nous recevions de Jacques Melot :

[...]
Pour ma part, je ne pense pas que l'usage de l'apostrophe soit à mettre sur le même plan que les trois autres manière de composer, car il est circonstanciel : à côté de « trompe-l'oeil » vous avez « trompe-la-mort ». Si, dans ce dernier cas, il n'y a pas d'apostrophe, c'est du fait que « mort » commence par une consonne et que les lettres de l'alphabet, s'il faut rappeler ce truisme, sont des voyelles ou des consonnes. Mais, après tout, ne suffit-il pas de constater que si l'apostrophe constituait une méthode de connexion dans la composition j'aurais dû citer un exemple de composition avec l'apostrophe se présentant sous la forme la plus simple, comme dans mon énumération (où je devrais alors simplifier l'exemple de « pomme de terre » en, disons, « compte rendu ») :

portefeuille
chou-rave
compte rendu
l'andouille



Ici, j'avoue que l'exemple « l'andouille », ci-dessus, aurait pu être mieux choisi. C'est comme si, à la ligne précédente, j'avais pris, en disant qu'il existe des composés de cette forme, « une table », qui, lui-même, n'est pas un composé (contrairement à « compte rendu »). J'avais d'abord pensé à « aujourd'hui » et c'est celui que j'aurais dû donner, faute d'en avoir trouvé un plus simple (au jour de hui, avec hui > lat. hodie ; « de », ici, est une préposition, mais l'élision de son e devant voyelle ou h muet appelle les mêmes commentaires que dans le cas de l'article). Même le trait d'union dans le second exemple (chou-rave) n'indique pas, à lui seul, qu'on a affaire à un mot composé (cf. « remettez-le-lui », les formes euphoniques ou non étymologiques comme « a-t-il », ou certaines formules rapportées que l'on cite ainsi, comme dans « et elle nous ressortit pour la nième fois son sempiternel attendez-vous-à-savoir-que qui l'avait rendue si célèbre à la radio »*, ou encore « un artiste-né », etc.). Encore une fois, tout cela est cohérent avec le fait que le composé ne se définit pas par la présence de connecteurs d'un type particulier, mais par le fait qu'il est un mot qui n'est pas la somme de ses composants (description d'ailleurs horriblement maladroite et impropre) et qui est donc susceptible d'évoluer de manière indépendante de celles-ci.

* Question à mille zøro : de qui s'agit-il ? De Jean Nocher et de son Quart d'heure ? Non ! Non, mais vous brûlez....

   Jacques Melot


On voit bien que ça cloche : a.m.q.q.c.n.m.e., l'adjonction de l'article devant un nom ne fournit jamais un composé ! Et ce, pour la bonne raison que cela ne répond pas à la définition de ces derniers : le groupe résultant n'a pas un sens que l'on peut considérer comme indépendant de celui de ses éléments. Le cas de l'élision interne (grand'mère, variante d'ailleurs éliminée au même titre que, par exemple, le trait d'union après « très » en usage autrefois, jusqu'à la fin du XVIIIe siècle) est, je pense, à traiter de même, et ce, qu'il existe ou non des exemples d'usage de l'élision interne dans des mots qui ne soient pas des composés. Et, sinon ou si non, il n'y a qu'à l'ajouter à la liste sans en faire tout un fromage, fût-ce un pont-l'évêque.

   Jacques Melot