Archive Liste Typographie
Message : Re: Et pis... scËnes

(Olivier RANDIER) - Lundi 07 Janvier 2002
Navigation par date [ Précédent    Index    Suivant ]
Navigation par sujet [ Précédent    Index    Suivant ]

Subject:    Re: Et pis... scËnes
Date:    Mon, 7 Jan 2002 04:13:50 +0100
From:    Olivier RANDIER <orandier@xxxxxxxxxxxx>

>> [JPL]  En échange de modestes joies contingentes, les femmes renoncent
>> explicitement à la « valeur permanente » qui était de plein droit leur
>> bien. C'est salement machiste, la féminisation des titres et des
>> fonctions.
>
>    Mais quand on regarde la situation du marché du travail, à
>qualification et expérience égales (et de même lorsqu'il s'agit des
>statistiques du chômage), on mesure bien l'ampleur de discriminations
>bien ancrées.  [...]
>parce que, derrière les questions de mots se cachent souvent des
>questions de fond.

Lacroux a déjà dit ce que je pensais entretemps, mais j'en rajoute une couche.

Attention, la question de départ portait, me semble-t-il, sur l'artifice
typographique destiné soi-disant à rétablir la parité.
Là-dessus, je dirais deux choses : d'abord, il y a une solution toute
simple à ces biformulations tordues, c'est de dire les choses entièrement
au lieu d'essayer de trouver des raccourcis typographiquement douteux. On
peut très bien écrire : « Cherche assistant de direction, homme ou femme...
», ou : « Cherche secrétaire de direction, femme ou homme... ». Et ça peut
s'abréger aussi (h. ou f.).

Ensuite, ce qui me gêne, dans toute cette histoire, c'est que ça pue
l'hypocrisie à plein nez. La loi réprime la discrimination à l'embauche,
point-barre. Si elle est réellement appliquée, ces formulations sont
inutiles, non ?
Transposons à un autre type de discrimination, ça donne ceci : « Cherche
assistant de direction, noir ou blanc... », voire : « Cherche secrétaire de
direction, même arabe... ». Ça vous paraît acceptable ?
C'est pourtant la même chose. Utiliser ces formules, c'est, me semble-t-il,
se retrancher derrière la lettre de la loi pour masquer le fait que, dans
la réalité, on n'en respecte pas l'esprit. Si on respecte la loi, on n'a
pas besoin de le dire...
Sur nos paquets de cigarettes, il est écrit : « Fumer provoque des maladies
graves ». Pensez-vous réellement que ce scoop ait jamais empêché quiconque
de fumer ? Non, c'est juste une façon pour l'État de se défausser du fait
qu'il ne peut pas interdire le tabac (ça lui rapporte beaucoup d'argent).
L'État ne peut pas dire que ça ne servirait à rien, de toute façon (ce qui
est vrai), alors il pond une mesurette hypocrite pour faire croire qu'il
s'occupe du problème, alors qu'en fait il ne fait rien. Ça s'appelle du
marketing politique...

En ce qui concerne la féminisation des noms, je ne suis pas contre par
principe. Mais encore faut-il qu'elle soit praticable. Comme dirigeant
sportif, j'ai affaire à des entraîneurs, dont un certain nombre sont des
femmes. Féminiser leur fonction me vaudrait sans doute des claques
méritées. Et entraîneure, outre qu'il ne respecte pas les règles de la
langue, ne résout rien à l'oral (à moins de meugler à la fin), alors quel
intérêt ?
D'une façon générale, on constate quand même que la féminisation pose plus
de problèmes qu'elle n'en résout

À mon avis, la solution passe généralement par le respect et la
connaissance de la langue : une profession ou fonction n'a pas d'équivalent
féminin (ou masculin) ? Trouvons un autre terme approprié qui ne pose pas
ce problème.
Ou consacrons un peu plus de temps et de budget au contrôle du respect des
lois antidiscrimination et un peu moins à prendre la tête aux gens avec des
tracasseries qui ne peuvent que les inciter au sexisme, à mon avis.

Mes deux euros

Olivier RANDIER -- Experluette		mailto:orandier@xxxxxxxxxxx
	http://technopole.le-village.com/Experluette/index.html
Experluette : typographie et technologie de composition. L'Hypercasse
(projet de base de données typographique), l'Outil (ouvroir de typographie
illustrative).