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Message : Re[2]: Sabon & Cie

(Thierry Bouche) - Mercredi 23 Janvier 2002
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Subject:    Re[2]: Sabon & Cie
Date:    Wed, 23 Jan 2002 13:10:05 +0100
From:    Thierry Bouche <thierry.bouche@xxxxxxxxxxxxxxx>

>> Bon, pour ceux qui souhaitent avoir des preuves du cheminement
>> sud-américain de l'@, ceci pourrait les intéresser (ce site est une
>> mine, d'ailleurs !)


JA> Je ne pense pas que quiconque ait nié l'histoire du 1/4 de quintal espagnol noté
JA> @ et appelé arroba (d'un arabe ar roub =1/4). 

je ne sais pas pourquoi mais je pensais que cette réf pouvait intéresser
Andries.

JA> Ce que je continue à dire c'est que même ce document ne prouve rien quant à la
JA> relation entre le @ d'arrobe et le symbole @ qui est sur nos claviers et qui en
JA> comptabilité anglo-saxonne  sert à indiquer les prix unitaires « à » (et
JA> aujourd'hui les adresses).

Moi je pense que ça prouve bien des choses, justement à propos des
claviers : je n'avais pas réellement saisi jusqu'à présent que l'arroba
était une mesure de poids de référence et tout à fait fondamentale. En
fouillant un peu internet, on constate que la dîme se prenait à
l'arroba, que le Mexique s'en servait jusqu'en 1908 (on fait la
conversion charge de maïs -> kilos en passant par
1 charge de maïs = 12 @). Bref, il semble évident que le sud des
États-Unis était totalement arrobisé, et ce seul fait est largement
suffisant pour expliquer la présence de l'@ sur les claviers des
machines @ écrire américaines. Je comprends aussi mieux pourquoi le
monde hispanique utilise arroba sans la moindre hésitation maintenant
que je sais que le mot n'est jamais sorti de la langue -- ce qui n'est
évidemment pas le cas de la France ou des pays non hispaniques. Au
passage, on constate aussi que l'arroba est toujours en usage au Brésil
(abrégée a. ou arr.) en relation avec des histoires de taureaux !

Ce qui ne colle pas, c'est que les américains l'appellent at et non
arroba. Mais c'est là qu'on peut faire une hypothèse amusante : il y a
finalement un usage manuscrit ou comptable qui consiste à mettre un
gribouillis très variable pour signifier « au prix unitaire de ». Ce
gribouillis peut être un at cursif, un à françois plus ou moins
enjolivé. Je prétends que ce fameux « at » est un caractère sans glyphe
pendant des années, qu'un jour un comptable trouve sur son clavier de
machine à écrire un truc qui pourrait faire l'affaire, et l'adopte. Ne
sous-estimons pas cette pratique qui consiste à découvrir par hasard un
caractère sur son clavier et à l'utiliser pour autre chose (puis
éventuellement à se renseigner par la suite sur ce que c'était
vraiment) : c'est exactement ce qui s'est passé avec les informaticiens
qui se sont mis à utiliser ce qu'ils ont trouvé dans ASCII par pur
opportunisme.

La longue histoire racontée par Bigelow et d'autres est ensuite
entièrement synthétique, partant de l'hypothèse que @ s'emploie pour at
de la même façon que & pour et, ils lui inventent une histoire
parallèle et complètement farfelue.

J'ai dit.
Thierry